HISTOIRE – SOCIETE – INSTITUTION – Le sénat mène une réflexion sur l’ethnisme et la colonisation belge – « La réforme administrative sous le mandat belge en 1929 et ses conséquences ».
A Bujumbura, au siège du Sénat, ce jeudi 29 juin 2017, l’Honorable Ndikuriyo Réverien, Président du Sénat du Burundi, accompagné de l’Hon. NJEBARIKANUYE Spès Caritas, 1ère vice présidente du sénat et l’Hon. NIYONGABO Anicet, 2ème vice présidente du sénat, ont ouvert un atelier de réflexion ou une retraite sous la thématique : « La réforme administrative sous le mandat belge en 1929 et ses conséquences ».
4 professeurs de l’Université du Burundi, experts dans les domaines du droit, de l’anthropologie, de l’histoire,et des sciences politique, encadrent cette journée de reflexion. Ce sont notamment le professeur Elias Sentamba, le Dr Laurent Nzosaba, le Dr Jean Bosco Manirambona et le Dr Léonidas Ndayizeye.
Voici le type de document officiel sous la colonisation belge en question [ – Les ethnies et clans du Burundi – Sources : Tiré d’une liste de M. Eugène SIMONS (Administrateur territorial, 1944) https://burundi-agnews.org/wp-content/uploads/2007/02/agnews_les_clans_burundais.jpg ] qui ont classé les Barundi en 3 ethnies : HUTU , TUTSI ( Banyaruguru ; Bahima ) , et TWA.
L’Hon. Ndikuriyo a ouvert la réflexion plus ou moins en ces termes : Avant la colonisation, les Burundais vivaient depuis longtemps en symbiose et que nulle part n’a été signalé un conflit de nature ethnique entre les Hutu et les Tutsi. Ces 2 composantes avaient plutôt plusieurs valeurs communes visibles à travers des éléments culturels et historiques. Les Batutsi, les Bahutu et les Batwa se reconnaissaient dans une communauté de langue qui véhicule une riche patrimoine, une culture commune, une même vision du monde, des facteurs qui, de tout le temps, ont réuni des peuples entiers sous d’autres cieux. Cette cohésion sociale a fait que le Burundi a résisté pendant 7 ans à la pénétration allemande. Avant la colonisation, les Barundi avaient une communauté de religion. Ils croyaient ainsi à un être supérieur « Imana » créateur, dispensateur de vie, maître du monde et tous les êtres qui s’y trouvent. Ils célébraient – le culte de Kiranga – avec la cohésion, caractéristique de tous ceux qui partagent une même religion. Malheureusement, la colonisation belge s’est révélée comme un oiseau de mauvais augure en ce sens qu’elle a tout déstabilisé.
Les 4 experts : La réforme administrative opérée en 1929 par la Belgique est la base tous les crises cycliques qui ont endeuillé le Burundi. Cette réforme a déchiré le tissu social du Burundi et les plaies qu’elle a laissées dans la mémoire des Burundais sont encore fraîches pour être oubliées. Quant aux notions “Hutu, tutsi et twa” que brandissaient le colonisateur, elles sont sans fondement, du moment que tous ont une même culture. L’usage du terme “ethnie” pour les caractériser est aussi abusif, en ce sens qu’une ethnie s’identifie par sa culture, sa langue et sa tradition. La Belgique a violé, d’une façon flagrante, le mandat lui assigné par la Société des nations (SDN), métamorphosée plus tard en Organisation des Nations Unies (ONU) qui consistait à développer les pays sous sa tutelle, dans le strict respect des droits de l’homme, ce qui n’a pas été le cas. La Belgique, comme toutes les puissances coloniales, usait de la politique de “divide at empera” (diviser pour régner) pour rester beaucoup plus longtemps sur le territoire africain. Aujourd’hui, tous les Burundais doivent prêcher la paix et la cohésion sociale, pour un déracinement effectif de cet héritage ethnique de la colonisation.
Au Burundi, cette initiative du Président du Sénat est remarquable. C’est du jamais vu, une institution qui arrive à porter une réflexion sur une période aussi lointaine. Cette retraite est la 2ème après une autre qui avait été organisée dans la province Gitega ( au Centre du Burundi ) en commune Bukirasazi. Elle donne l’opportunité de mener une réflexion profonde sur les 2 colonisations ( qui sont des crimes contre l’Humanité ) qu’a connues le Burundi, notamment la colonisation belge et allemande, et d’en évaluer les conséquences …
A la lecture des Humanités Classiques Africaines ( + Nsanze Augustin et Baranyanka Charles ), c’est à dire de ce que l’Afrique connaissait comme Sociétés au 19ème et début 20ème siècle, notamment voisines du Burundi, autrefois, le Burundi comprenait plus de 200 clans, dont une majorité était et sont toujours des sous clans des 3 grands clans Barundi, ceux des : BAHANZA, BAJIJI, et BASHUBI. A l’époque, il y avait le plein emploi en Afrique et au Burundi, en particulier. Les jeunes africains avaient le choix parmi 12 corporations ( cfr. les 12 constellations ) pour être éduqués, et formées à un emploi. Au Burundi, les jeunes Barundi, tous clans confondus, étaient formés puis employés au sein de 3 groupements de corporations qui existaient. Par exemples, les jeunes Barundi, qui souhaitaient devenir ARTISANS, COMMERCANT, PECHEUR, ELEVEUR ou AGRICULTEUR , pouvaient accéder au groupement de corporations HUTU qui était la machine à produire de tout le ROYAUME (la PRODUCTION). Les jeunes Barundi qui voulaient consacrer leur vie pour le fonctionnement du ROYAUME ou à leur MWAMI (ROI), s’orientaient vers le groupement de corporations TUTSI ( les FONCTIONNAIRES DE L’ETAT : conseillers du MWAMI au niveau diplomatique, politique, comptabilité, les GUERRIERS, les prêtres, les Scientifiques, etc. ). Ce groupement de corporations TUTSI était toutefois interdit, pour des RAISONS DE CONFIANCE OU DE LOYAUTE à certains clans, comme ceux des HIMA ou BAHIMA. Car les clans BAHIMA dans la Région éduquaient leurs enfants à travailler pour leur monarque RUHINDA. Les jeunes BAHIMA ou HIMA vivaient pour une autre ALLIANCE, celle d’INGOMA Y’ARUHINDA et non celui d’INGOMA Y’ABARUNDI. Chez les BARUNDI, les membres des clans HIMA ne pouvaient pas être TUTSI. Les jeunes BARUNDI qui rêvaient de s’adonner aux savoirs de la FORET ou de la NATURE incorporaient le groupement de corporations TWA. La majorité des BAGANWA ( les enfants des ROIS ) finissaient par accéder au groupement de corporation TUTSI, notamment comme CONSEILLER ou GUERRIER …
[ Cette chanson rappelle l’épopée du combat qui opposa entre 1410 et 1420, NTARE RUTSHASI, Mwami ou Roi des BARUNDI et RUHINDA ( roi des HIMA ). C’est NTARE qui sortit vainqueur … Le titre de la chanson – INGOMA Y’ARUHINDA : https://www.youtube.com/watch?v=HujodqLrLCs ]
Les TUTSI du Burundi ou BARUNDI étaient majoritairement issus des clans de l’Alliance monarchique, des clans de CONFIANCE : BAHANZA, BAJIJI, et BASHUBI. En 1929, le Colon Belge, face à la complexité de la société BARUNDI, va décréter comme -ETHNIES – ces 3 groupements de corporations BARUNDI ( HUTU, TUTSI, TWA ). Ainsi toutes les familles BARUNDI vont se retrouver morceler dans ces 3 groupements de corporations devenus des ETHNIES. Plus, sacrilège encore, les HIMA vont devenir TUTSI. Les HIMA Burundais, à l’Indépendance (1965-1966), aidés par la FRANCE et les libéraux BELGES, en profiteront pour entériner à jamais INGOMA Y’ABARUNDI ( LE ROYAUME DU BURUNDI ou DES BARUNDI ) et instaurer l’ère d’INGOMA Y’ARUHINDA au Burundi ( le Fameux PLAN HIMA ). Il faudra attendre 2005 pour que les enfants d’INGOMA Y’ABARUNDI reprennent leur pays en main, toutefois avec une perte en termes humains de plus de 4.5 Millions de victimes BARUNDI en 40 ans de gouvernance HIMA : le Génocide Régicide du Burundi commis par les HIMA burundais [ https://burundi-agnews.org/genocide.htm ; https://burundi-agnews.org/ccburundi.htm ; https://burundi-agnews.org/agnews_refugees.htm ]
DAM,NY,AGNEWS, https://burundi-agnews.org, le vendredi 30 juin 2017