DAM,NY,AGNEWS,le 26 novembre 2009
Le Conseil National pour la Défense de la Démocratie au Burundi (CNDD), mouvement de libération qui vient d’être créé le 24 septembre 1994, se donne l’ambition de combattre la tyrannie et l’oppression qui s’installe suite au coup d’Etat d’octobre 1993. C’est à dire assassinat de Feu NDADAYE, assassinat de Feu Cyprien NTARYAMIRA, et le 10 septembre 1994, la signature d’une « Convention de gouvernement » imposée par l’armée rebelle à la Démocratie … L’objectif global du CNDD est de restaurer la Démocratie au Burundi.
Dès le 24 septembre 1994, NYANGOMA Léonard [Président du CNDD] met en place son Comité Exécutif, ses Représentants à l’extérieur, ses Délégués provinciaux et communaux ; et les Représentants de certaines associations affiliées à l’organisation …
Début novembre 1994, l’évêque Simon Ntamwana de Bujumbura, ainsi que ses proches, sont ciblés par les milices pro-putsch en raison de son rôle au sein de l’Église catholique et de sa condamnation des violences exercées de façon aveugle contre des civils innocents.
Le 21 novembre 1994, une bande armée [pro-putsch de 1993], encadrée par les FAB, tue une vingtaine de citoyens barundi, dont au moins sept membres de la famille de l’évêque, dans sa région natale de Mukenke (arrondissement de Bwambarangwe, province de Kirundo). Ces milices armées se sont d’abord présentés au domicile de sa sœur, Generose Ntamwana, mais ils ne l’ont pas trouvée. Ils sont alors allés chez son frère, Laurent Ntamwana, où ils ont tué ce dernier, ainsi que sa femme et ses cinq enfants, de même qu’un jeune garçon. Les tueurs ont ensuite mis le feu à la maison. La même nuit, ils ont tué 12 autres citoyens au centre commercial Mukenke, non loin de là. Les militaires présents dans une école voisine ne sont pas intervenus …
1er décembre 1994, Jean Minani est élu président de l’Assemblée nationale. Les députés de l’UPRONA refusent de siéger, en signe de protestation de cette élection.
Le 5 décembre 1994, 2 000 jeunes miliciens pro-putsch défilent dans les rues de Bujumbura, pour protester contre l’élection de Jean Minani. Plusieurs jours de grève et une opération “ville morte” sont décrétés. La violence monte.
Le 16 décembre 1994, l’UPRONA décide de boycotter les séances de l’Assemblée nationale et annonce que le Premier ministre, Anatole Kanyenkiko, lui-même membre de l’UPRONA, envisage de démissionner si Jean Minani n’est pas démis de ses fonctions.
Le 20 décembre 1994, la milice des “Sans défaite” décrète une nouvelle opération “ville morte” à Bujumbura. Ses jeunes militants paralysent la ville et lancent des grenades dans le marché central. Les forces de sécurité procèdent à l’évacuation des Barundi qui se trouvent dans le marché, mais elles laissent les miliciens pro-putsch patrouiller dans les rues et s’en prendre aux passants isolés. Une cinquantaine de Barundi sont lynchées ce jour-là.
Le 21 décembre 1994, au matin : « Certaines maisons étaient détruites, des boutiques avaient été incendiées. Il y avait du sang par terre, mais seulement deux cadavres. On les avait laissés là pour tromper les gens, mais en fait il y avait eu beaucoup plus de morts. », raconte un ressortissant zaïrois résidant à Bwiza.
Le 29 décembre 1994, cette série de grèves et de violences fomentées par les milices et les partis politiques pro-putsch [opposition] forcent le président de la République NTIBATUNGANYA à démettre de ses fonctions le président de l’Assemblée nationale, Jean MINANI.
Début janvier 1995, une lettre pastorale publiée par la conférence épiscopale burundaise appelle à mettre un terme aux violences [militaires, et des milices pro-putsch].
Le 8 janvier 1995, vers 16 h 45, soixante-dix Barundi, au moins, sont tuées dans l’arrondissement de Butaganzwa (province de Kayanza), victimes d’attaques successives. Lors d’un attaque des milices putschistes [encadrées par l’armée], Ntawurushwashaka Louis, soixante-dix ans, reçoit quatre coups de machette à la tête. Une quinzaine de soldats en uniforme encercle la maison d’une femme enceinte et lui tire dessus. Elle réussit à s’échapper, mais son mari et sa petite fille, Micheline, qui n’était encore qu’un bébé, ont eu le crâne fracassé par les soldats et leurs complices civils. Elle avoue que nul n’aurait été l’arrivée de jeunes résistants venus la secourir in-extremis, elle serait mort aussi.
Un diplomate américain chargé d’enquêter sur ces massacres gratuits à Kayanza commis par l’armée avec l’appui de jeunes civils pro-putschs révèle : « Ils ont laissé les cochons en vie, mais ils ont tué les enfants ». Ecœuré, le diplomate dit reprend : « Les corps de trois enfants, de leur mère et de leur grand-mère, abandonnés par leurs assassins aux pieds de bananiers, près d’une porcherie »
Le diplomate a établi une liste des défunts, donnant le nom, l’âge et le sexe de chaque victime, ainsi que la colline où elle habitait. Cette simple liste suffit à faire frémir. Y figurent trois bébés de moins de six mois (deux filles et un garçon) et 15 enfants âgés de deux à dix ans. Inversement, la victime la plus âgée, Stany Nitibarutaye, avait quatre-vingt-cinq ans. Un peu plus de la moitié des personnes tuées sont de sexe féminin. Ces meurtres ont été perpétrés par l’armée, avec l’aide et la complicité de jeunes [pro-putsch] vivant dans un camp pour personnes déplacées, situé dans les environs.
Le 19 janvier 1995, près de l’Hôpital Militaire et du quartier des hauts fonctionnaires de Mutanga-Sud, les milices pro-putsch [ les “Sans échec” et les “Sans défaite”; Solidarité jeunesse pour la défense des droits des minorités(SOJEDEM) que dirige Déogratias Niyonzima, un frère dominicain ;l’Association des forces pour le salut national (AFOSANA); et le Front de la jeunesse patriotique(FJP)] et les FAB,à Musaga, sont frappés par une attaque surprise des vaillantes forces de Résistance qui comptent désormais essayer de protéger les Barundi. Les putschistes subissent de très lourdes pertes.
Ces milices extrémistes pro-putsch sont regroupées dans des partis comme le Parti pour le redressement national (PARENA), formation emmenée par l’ancien président de la République Jean-Baptiste Bagaza (1976-1987). Ce dernier est propriétaire du journal La Nation, qui publie régulièrement des articles incendiaires incitant à la haine ethnique. Des milices armées composées de jeunes “Sans échec” et les “Sans défaite”, s’en prennent à des personnalités barundi [ciblées ethniquement], diffusent des “listes de personnes à abattre” et participent aux massacres … Certains financiers des milices rebelles à la Démocratie sont démasqués : Mathias HITIMANA ; Prosper TURIMICHI ; Venant BUYOYA ; Bonus KAMWANUBUSA ; Aloïs BACINONI ; Bernard BIZINDAVYI …
30 janvier 1995, à Sterrebeek, le CNDD-BENELUX, sous la houlette de la Représentante Mme Geneviève MIREREKANO, réalise une réflexion qui sera capitale dans l’organisation politique du CNDD. Cette structuration politique qui se déroulera jusqu’au printemps 1995, participera à permettre au CNDD de trouver sa place sur l’échiquier politique burundais. Le CNDD va essayer de tout faire afin de rassembler le plus large possible. Des rencontres, pour tenter d’arrondir les angles avec le Parti pour la libération du peuple hutu (PALIPEHUTU) et le Front de libération nationale (FROLINA), sont entreprises … Et surtout, en Belgique, les militants du CNDD sont conscients qu’il faut tout faire, en alertant la communauté internationale, pour arrêter les massacres quotidiens des citoyens barundi de plus en plus massifs suite à la répression des militaires et des milices pro-putsch.
Désormais les objectifs, que se donnent le CNDD, sont : – de gagner, et de garder la confiance totale du peuple [en maîtrisant les problèmes de sécurité ; en défendant suffisamment la population ; en ayant plus de poids sur la scène internationale ; plus de médiatisation ; et s’imposer sur la scène politique] ; et – mieux faire circuler l’information au sein du CNDD.
Début février 1995, la Résistance tente de venir en aide à la population de KAMENGE, face au carnage causé par l’armée putschiste FAB. Les FAB, lâches, désormais ont peur de s’aventurer sur ce territoire devenu celui de Savimbi, ancien chauffeur au CPF (Centre de Perfectionnement et, de Formation en cours d’emploi).
Le 17 février 1995, à Bujumbura, près de son domicile, l’évêque Ntamwana échappe à une tentative d’assassinat. En province de Muyinga, 500 jeunes lycéens barundi fuient vers la Tanzanie voisine la répression aveugle des FAB provenant du poste militaire de Giteranyi. Ces derniers viennent d’essuyer un revers cuisant [un soldat tué et de nombreux blessés] lors d’une attaque surprise des Résistants.
Le 23 février 1995, Antoine Nduwayo, une extrémiste UPRONISTE, est nommé Premier ministre par un décret présidentiel, en remplacement d’Anatole Kanyenkiko.
28 février 1995, à GITEGA, les élèves dont les parents soutiennent les putschistes de 1993, encadrés par des militaires, barricadent la ville pour empêcher les jeunes barundi de GITEGA de se faire recruter dans l’armée à Mushasha. Parmi ces jeunes; vingt sont assassinés sauvagement sur la place publique.
Le 3 mars 1995, un citoyen est trouvé mort et 44 autres blessées par une grenade lancée dans le lycée de Rugari (province de Muyinga). Selon des témoins, il s’agit d’un acte de représailles de la part des militaires FAB furieux de ne plus maîtriser la région. Ils tentent d’y semer la terreur !
Le 11 mars 1995, Ernest Kabushemeye, beau-frère de l’évêque Ntamwana, qui occupe des fonctions ministérielles et dirige un parti politique, est abattu en plein jour par les milices pro-putsch.
22 mars 1995, à l’Université, l’ASSER -Association des Etudiants de l’Université -, Willy MADIRISHA organise la purification ethnique à l’université : “Toute la ville est malpropre et pour la nettoyer il faut commencer par le campus universitaire”. Le maire de la ville de BUJUMBURA, Pie NTIYANKUNDIYE, va appuyer l’idée. Des listes de citoyens à “abattre” sont élaborées dans des hebdomadaires[http://www.burundi-agnews.info/agnews_carrefourdesidees_exdroite.htm.]
Du 24 mars au 26 mars 1995, les quartiers de BWIZA, et BUYENZI sont mis à feu par une horde de SANS ECHECS encadrés par des militaires et des politiciens tel Jean-baptiste BAGAZA (Parena), Raphaël HORUMPENDE (Uprona), et Cyrille Sigejeje (RADDES). Les permanences du FRODEBU sont pillées et incendiées…
Il ne restait plus à Bujumbura que ces deux zones où la population était encore mélangée. Le “nettoyage ethnique” de ces deux zones, font environ 500 morts. Selon les services du Premier ministre du Zaïre, au moins 200 Zaïrois ont été tués à Bujumbura. 40 000 à 50 000 Barundi de plus vont grossir la population de réfugiés d’Uvira, de l’autre côté de la frontière zaïroise. « Là-bas, c’est la folie, » dira un homme, pressant le pas, le long de la route, en compagnie de tous les membres de sa famille. « Je ne peux pas rester dans une mare de sang. Je vais au Zaïre. » Le correspondant de Reuter relate que le secrétaire d’État à la Sécurité publique a déclaré à la presse : « Cette zone a été nettoyée. Il n’y a plus un seul Hutu ici… » Et un autre responsable gouvernemental d’ajouter : « D’abord à Kanyosha [un autre quartier de la capitale], puis ici, à Bwiza et à Buyenzi, l’armée aide les bandes armées dans la besogne.
31 mars 1995, des jeunes barundi de l’Université écrivent au Président NTIBATUNGANYA pour l’avertir des assassinats qui se préparent à l’UNIVERSITE. Mais en vain !
4 avril 1995, à Kizi [dans l’arrondissement de Gasorwe (province de Muyinga)] un correspondant de Reuters raconte effaré : “le vieil homme est nu-pieds. Tremblant de peur, il marmonne sans cesse : « Pourquoi a-t-il fallu que je naisse Hutu ? » L’un de ses voisins raconte ce qui vient de se passer : « Ils ont éliminé les hommes, les femmes, les enfants […], parce qu’ils étaient Hutu. Ils ont commencé à tuer sur une colline toute proche, puis ont avancé dans le village, tuant surtout à coups de fusil.» La Résistance est venue trop tard, les militaires et leurs milices ont tout rasé. Les habitants du village de Kizi ont enterré 201 cadavres, tout en indiquant que bon nombre de corps se trouvent toujours dans la brousse. Selon des organisations humanitaires, 400 personnes ont été tuées. Les jeunes résistants ont du mal à protéger les citoyens barundi tellement les forces sont disproportionnées. Sans véhicule, souvent la Résistance arrive trop tard. Elle semble démunie face au chaos ! 20 résistants sont morts en tentant de s’interposer pour permettre à des civils de fuir …
17 avril 1995, des municipaux pro-putschs [des officiels du Ministère de l’Intérieur], ayant organisé les massacres, attendus de pieds fermes, sont abattus par les FDD vers 16h30’ malgré leurs gardes du corps militaires. Les FAB font entrer des blindés afin de venir récupérer les cadavres.
Un grand nombre de militaires rebelles à la démocratie vont perdre la vie dans cette aventure.
27 avril 1995, les Sans Echecs font exploser une grenade devant la résidence du Représentant du HCR à MUYINGA.
29 avril 1995, à BWIZA, à BUYENZI, ces deux quartiers de Bujumbura seront ethniquement «purifiés» comme NYAKABIGA qui lui était tombé dès février.
8 mai 1995, DIMITRI Lascaris, agent du C.R.S (Catholic Relief Service) est tué par une balle par un militaire [pro-FPR] à KIRUNDO, victime d’avoir été témoin des massacres de réfugiés rwandais au mois de juin 1994. La femme de l’Ambassadeur des USA KRUEGER échappe de justesse à un attentat. La presse du camp putschiste la NATION titrait :”Abdallah et Krueger, des diplomates à battre ou à abattre”.
25 mai 1995, le premier ministre Antoine NDUWAYO, accompagné du procureur général BUTASI, harangue les jeunes de NYAKABIGA à se transformer en assassins : “Les tueurs ne seront inquiétés que si il y a des photos du crime comme pièces à convictions”. Les jeunes s’en vont dés lors s’adonner à leur sale besogne.
Entretemps à MUSAGA, les responsables des partis pro-putsch de 1993 s’entretiennent avant l’assaut de KAMENGE.
Du 30 mai 1995 au 11 juin 1995, l’armée se déploie à KAMENGE avec des blindés. Puis un déluge de mortiers s’abat sur la ville. Les habitants tombent comme des mouches sous les mitrailleuses des soldats. L’horreur ! Le massacre est d’une ampleur ! En même temps, la SOJEDEM [Solidarité Jeunesse pour la Défense des Minorités] à l’Odéon Palace appelle ouvertement à tuer afin de forcer NTIBANTUNGANYA à démissionner. Au Lycée du Saint Esprit, les élèves sont massacrés par les SANS ECHECS ! Alain-aimé NYAMITWE est pris en chasse par les Sans Echecs Jean Claude BUHUNGU et “COKE” fils du Major KAMENYERO, sous les ordres de Emery NDIKUMANA de NGAGARA. Alain-aimé NYAMITWE, blessé, échappera à la mort grâce aux Pères Bob Albertijn et Nolf. Mais pas son ami, Emile NSHIMIRIMANA, qui est achevé à coups de pierre à GIHOSHA.
16 juin 1995, deux corps de jeunes étudiants lynchés par les SANS ECHECS sont découvert au Pavillon V et à la buanderie.
Fin juin 1995, 12 ouvriers sont torturés et achevés à JABE à coté d’une position militaire. On trouvera un passant brûlé vif sur le boulevard de l’UPRONA. A NYAKABIKA, les bandes brûlaient leurs victimes sur des bûchers situés à l’intérieur du quartier.
Le Premier Ministre NDUWAYO menace les députés qui souhaiteraient en dire mots. Le Ministre des relations extérieurs, Jean-Marie NGENDAHAYO, démissionne face à ce génocide … Il n’en peut plus !
30 juin 1995, le Sommet de l’OUA, sous l’instance de NTIBANTUNGANYA, met en garde l’armée burundaise [FAB] : “Si les violence sur les citoyens se poursuivent, il y aura une intervention militaire”.