Géopolitiques en Afrique : Le projet de Corridor de Lobito pourrait renforcer l’idée d’un semblant de stabilité en RDC et affecter la sécurité en Afrique des Grands Lacs face aux effets néfastes de l’OTAN.
Angola, 4/12/2024 – A l’origine des guerres [1] qui ont ensanglanté la région des Grands Lacs Africains depuis les années 1990 à nos jours, les États-Unis, notamment sous l’administration démocrate, semblent modérer leurs positions en cette nouvelle ère multipolaire. Ils lancent un projet d’envergure avec un investissement de 6 milliards de dollars [2]: le Corridor de Lobito.
Ce projet consiste en un chemin de fer qui reliera le port de Lobito en Angola à la République Démocratique du Congo (RDC), traversant les provinces minières du Tanganyika, du Haut-Lomami, de Lualaba et du Haut-Katanga, avant de se connecter à Dar es Salam en Tanzanie, en passant par la Zambie (Copperbelt). Ce projet a été discuté lors d’une rencontre entre les présidents des États-Unis (Joe Biden), de l’Angola (João Lourenço), de la RDC (Tshisekedi Félix), de la Zambie (Hakainde Hichilema) et du vice-président de la Tanzanie (Mpango Philip).
Pour les États-Unis, ce projet vise à s’intégrer dans une nouvelle dynamique, cherchant à se positionner face à la route de la soie chinoise, déjà présente dans la région dont en RDC et en Tanzanie. Ce voyage de Joe Biden intervient à un moment où l’arrivée des Républicains au pouvoir en janvier 2025 devient une réalité.
Pour la RDC, ce projet pourrait apporter une stabilité temporaire dans la région de l’Est, alors que les militaires rwandais et ougandais, soutenus par les Démocrates américains pour perturber cette région, devront se retirer, sous réserve du retour au pouvoir des Démocrates. Cependant, ces pays pourraient continuer leurs actions par l’intermédiaire de l’OTAN et des Européens.
Quant au Burundi, le projet mené par les Démocrates américains pour modifier le régime CNDD-FDD en place sera suspendu de la part des États-Unis, mais pas de celle des Européens et des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda. De même, pour la Tanzanie, les changements politiques soutenus par les Démocrates seront mis en pause aux États-Unis, mais poursuivis par les Européens et l’OTAN.
L’OTAN, avec les Démocrates américains en soutien, reste une source de tensions pour l’Afrique. Dans ce contexte, la RDC, le Burundi et la Tanzanie doivent se rapprocher de l’AES pour continuer à soutenir la création de la Force de Réaction Africaine ou African Standby Force (ASF), un projet cher à Mandela et à Khadafi.
NOTES:
[1] Nahimana Karolero Pascal, La Guerre Civile du Burundi (1993-2003) : Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Génération Afrique, 2024.
[2] Compte rendu du sommet sur le corridor transafricain de Lobito – https://www.state.gov/translations/french/compte-rendu-du-sommet-sur-le-corridor-transafricain-de-lobito/
DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Vendredi 6 décembre 2024 | Photo : actualite.cd, zoom-eco.net