
Commémoration du génocide de 1995 – Le dimanche 11 juin 1995, des étudiants ont lancé la “solution finale” à l’Université du Burundi contre leurs camarades.
Bujumbura, 11/06/2025 – Dans un amphithéâtre de l’Université du Burundi (UB) ce mercredi, en présence de Nzigamasabo Léa Pascasie, secrétaire de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi, sous la thématique : “Se souvenir du passé pour préparer un avenir meilleur“, l’UB a organisé une commémoration du 30ème anniversaire du massacre des étudiants perpétré le 11 juin 1995 par leurs condisciples[1]. Les étudiants et membres du personnel des trois campus de l’université (Mutanga et Kiriri à Bujumbura, Zege à Gitega) furent victimes de ce génocide.
Contexte historique
Les Barundi, ayant pour pilier de “Vérité” leur cosmologie d’Ubungoma ( “à la manière du Tambour Karyenda, appelé Mukakaryenda”), vivent dans le Burundi, Ingoma y’Uburundi, un vieux état millénaire de Kama (Afrique)[2]. Agressés par “la Croix et la Bannière” ( Vatican, France via les Pères Blancs de Lavigerie, Angleterre, Allemagne, Belgique et États-Unis ) [3], depuis 1881 jusqu’à nos jours, les Barundi sont en guerre permanente.
En 1911, l’Allemand Hans Meyer, ignorant le kirundi et le kinyarwanda, séjourne trois semaines à Bujumbura (Ruanda-Urundi)[4] et crée l’outil géopolitique colonial du conflit interethnique Hutu-Tutsi[5], visant à détruire l’unité sociale au Burundi et au Rwanda. Hutu et Tutsi, acteurs du système socio-économique traditionnel des Barundi appelé Ubumu (à la manière de “maman Mukakaryenda”), et Twa, acteur d’Ingoma (structure politique des Barundi), sont transformés en ethnies par Hans Meyer. Les Hima, acteurs de l’institution d’Ingoma qu’est Mukakaryenda, sont désormais considérés comme appartenant à l’ethnie Tutsi.
En 1929, au Burundi, Mukakaryenda (la femme-Tambour, c’est-à-dire la personnification du Tambour Karyenda), alias Ruburisoni, est convertie de force au christianisme et devient la catholique Maria Ruburisoni. Le glas sonne alors pour l’institution d’Ingoma qu’est Mukakaryenda : c’est la fin de la dynastie des Mukakaryenda issues du muryango des Barima. Les acteurs Hima et Twa liés à cette institution se retrouvent sans fonction, n’ayant plus de rôle.
Entre 1959 et 1972-1973, “la Croix et la Bannière” décide, en s’appuyant sur les Hima burundais, de se défaire d’Ingoma y’Uburundi et de l’Ubumu. En 1966, suite à un coup d’état militaire des Hima burundais, Ingoma devient une République, un État néocolonial, une dictature militaire.
En 1972, profitant du “conflit interethnique Hutu-Tutsi” (devenu quasi-réel après l’avènement de la République au Rwanda en 1959), un génocide contre les Hutu du Burundi[6] est organisé, pour instaurer une économie de marché de type occidental et se défaire de l’Ubumu, faisant quelque 500 000 morts et 1 million de réfugiés sur une population d’alors de près de 2,9 millions d’habitants.
En décembre 1974[7], à Bruxelles, dans une conférence, “la Croix et la Bannière” explique à l’élite de la diaspora burundaise ce qui leur arrive : les Tutsi féodaux ont génocidé les paysans Hutu. Le Burundi, ce sont trois ethnies : Hutu, Tutsi et Twa. Ces événements étaient dus à une guerre de type tribal interethnique. À partir de ce moment, la guerre qui était déjà déclarée entre les Hutu et Tutsi au Rwanda, le devient aussi au Burundi…
Le massacre de 1995 dans son contexte
Le massacre des étudiants à l’UB survient durant la guerre civile burundaise[8], opposant au niveau géopolitique la France aux États-Unis, et localement les Hima (“Tutsi”)[9] au pouvoir face aux autres Burundais.
Les auteurs du massacre : Certains enfants des apparatchiks de l’État néocolonial burundais.
Un mémorandum[10] dresse la liste des étudiants impliqués, issus de l’appareil étatique néocolonial. Parmi eux :
– Nkurunziza Clément (actuellement emprisonné)[11] et Madirisha Willy, qui appelaient à “nettoyer les campus de ces saletés de Hutu” (gukura iyo imicafu y’abahutu muri kaminuza). Madirisha Willy a fui le Burundi vers le Rwanda depuis mai 2016.
– Nkurunziza Emmanuel, exilé au Canada et devenu militant des droits humains ( AC GENOCIDE CANADA : http://acgenocide.blogspot.be/ ).
– Etc.
La plupart des responsables sont aujourd’hui en exil en Occident.
Messages de la commémoration : La leçon est l’unité des Barundi face à la stratégie coloniale géopolitique du conflit interethnique Hutu-Tutsi.
Nzigamasabo Léa Pascasie (CVR) a dénoncé l’attitude “erratique” des autorités universitaires de 1995, coupables de passivité malgré les signes avant-coureurs. Elle a exhorté l’UB actuelle à prévenir les conflits estudiantins. Niyongere Abraham (enseignant à l’UB) a plaidé pour un vivre-ensemble fondé sur le respect et le rejet des discours haineux : “La diversité doit être une richesse, non une division“. Niyonkuru Charles (témoin des événements) a souligné que cette commémoration vise à éduquer les jeunes générations contre les discriminations ethniques.
La cérémonie s’est achevée par une messe du Père Nitunga Arcade, comparant le drame à l’histoire de Caïn et Abel pour appeler à la fraternité.
En conclusion, ce type de cérémonies doit aider les Barundi à retrouver une conscience historique qui pousse à l’unité, en faisant comprendre pourquoi la guerre est permanente avec « la Croix et la Bannière ».










DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Jeudi 12 juin 2025 | Photo : RTNB.BI