Une femme engagée qui a lutté contre la solitude des aînés et laissé un héritage d’entraide dans la diaspora burundaise.

Nice (France), 15/01/2025 – Selon l’Ubungoma [1], dans la tradition des Barundi, peuple d’Ubuntu, chaque être porte en lui le son, la mélodie de son muryango, comme une destinée gravée dans le marbre du temps. L’âme, éternelle, disent-ils, ne connaît jamais la mort. Elle flotte, immortelle, au-delà des limites de l’existence. Ensemble, ce son et cette âme, portés par le cœur, deviennent Imana, la chance de vie de tout être, une étincelle divine qui anime l’univers. Ce cœur, divinisé, traverse les âges, rejoignant les ancêtres justifiés, ces gardiens silencieux de la mémoire familiale, veillant sur les vivants depuis l’au-delà.  Aujourd’hui, c’est au tour de Nahimana Odette de rejoindre ce cercle sacré, accueillie par ses parents, Katagurutse Viator et Ntibasesekare Marcienne, dans le repos éternel.

Le mercredi 8 janvier 2025, à Nice, en France, Nahimana Odette a tiré sa révérence, laissant derrière elle un vide. Pour son muryango, ses frères et sœurs – Makera Jean Bosco, Misago Madeleine, Nizana Monique et Marorerwa Etienne –, ainsi que pour ses proches, la douleur est profonde. Elle s’en va, emportant avec elle les rires et les larmes d’une vie bien remplie, mais laissant aussi deux enfants admirables,  témoins vivants de son amour et de sa force.

Dans la diaspora burundaise de Belgique, Nahimana Odette restera gravée dans les mémoires pour une initiative aussi simple que généreuse. Une fois à la retraite, elle avait eu l’idée lumineuse de créer une association informelle, un cercle de solidarité pour les femmes pensionnées. Chaque mois, elles se retrouvaient chez l’une d’entre elles, partageant un verre, un goûter et surtout, des moments de complicité. Ces rencontres, précieuses, étaient une bouée contre la solitude, un remède à l’isolement qui guette souvent les aînés.  

Mais la vie, avec ses tournants imprévus, l’avait conduite à quitter la Belgique pour la France, laissant derrière elle cette belle initiative, comme un jardin abandonné en plein épanouissement. Malgré tout, les graines qu’elle avait semées continuent de germer dans le cœur de celles qui l’ont connue.

Aujourd’hui, Nahimana Odette repose au cimetière de l’Ariane, à Nice, tandis qu’au même moment, une messe en sa mémoire résonne dans la chapelle du Lycée du Saint-Esprit, au Burundi. Deux lieux, deux continents, unis dans le même hommage à une femme dont l’âme, éternelle, continue de vibrer dans le cœur de ceux qu’elle a touchés.

Référence :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Éd. Génération Afrique, 2024.

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Mercredi 15 janvier 2025