L’Etat du Burundi demande aux média de ne pas se soustraire à la Justice. Il demande à ces médias de suspendre leurs émissions en direct à caractère politique pour un délai d’un mois, le temps que va durer les enquêtes judiciaires sur les massacres de Gatumba qui viennent d’emporter la vie d’une quarantaine de citoyens Barundi. Cela permettra de respecter le travail en cours de la commission chargée d’enquêter sur ces massacres. Pourquoi cette demande de silence aux médias ? RSF, Reporters sans frontières, s’en inquiète. RSF vient d’écrire aux autorités burundaises pour leur demander la levée immédiate du black-out médiatique sur le massacre de Gatumba

Le pouvoir Rundi a un problème… Il n’arrive pas à faire face à la déferlante de certains médias privés qui font la pluie et le beau temps dans ce petit pays d’Afrique, parmi les plus pauvres du monde.

Un politologue burundais, M. Paul Bushimango, nous révèle ceci : ” Le rapport de force avec le 4 ème pouvoir est disproportionné au Burundi. L’Etat du Burundi ne dispose que de la RTNB et peut-être d’un ou deux soutiens dont la Radio REMA. Il doit faire face à la Radio Isanganiro, la RPA, Bonesha, Tele Renaissance, … Bref à toutes les autres. Ces dernières, pour la plupart, sont financées par le privé ou bénéficient fortement du multilatéralisme. Ces médias sont issus – des enfants de la Dictature burundaise (1)- dont directement liés au réseau politique de l’ancien dictateur, l’ex- président Buyoya. Grâce à cela s’ajoute le soutien indéfectible de la France à travers des multinationales de la communication comme l’AFP , et RFI, mais aussi de la Belgique francophone (La Libre Belgique notamment). Toutefois, dans le monde médiatique anglo-saxon, le soutien à cette opposition médiatique est moins remarqué. Mais on la retrouve toutefois au travers des correspondants comme Nduwimana (à Reuters) ou Désiré Nimubona ( Isanganiro / Xinhua / Bloomberg / IRIN)…”

Selon M. Bushimango, spécialiste du décryptage des média, le Burundi devrait investir plus dans la communication pour faire face à cette déferlante négative pour son image et surtout avec ses conséquences. Aujourd’hui, l’Etat burundais interdit “aux média de dire” car il s’avoue vaincu.

M. Bushimango reprend : “Regarder par exemple, avec – l’affaire sur l’assassinat de M. Ernest Manirumva – . L’Etat fait venir le FBI américain pour trouver les assassins. Les média de l’opposition cités plus haut prennent l’affaire en main. Ils orientent le travail des enquêteurs. Désormais c’est le gouvernement qui est accusé de son assassinat. Le même phénomène dans les affaires -Muyinga- et autres … Le problème est sérieux. Cette force médiatique des enfants de la dictature burundaise se soustrait totalement à la justice burundaise. C’est elle qui mène l’enquête et donne le nom des coupables. Or les accusés sont toujours du même camp ! Le danger est là. Le gouvernement du Burundi ne peut plus faire face à ce mastodonte soutenu par des puissances extérieures et des multinationales. Dès le 21 septembre, après le massacre de Gatumba certains de ces médiums commençaient déjà à accuser l’Etat du Burundi (2)… “

Le spécialiste termine en disant : “Il s’agit d’une guerre médiatique redoutable. Un travail sur l’opinion inouï ! Les enfants de la dictature des Bahima Barundi souhaitent contraindre l’Etat du Burundi à négocier avec le FNL de Rwasa en vue de revoir les rapports de forces qui leur deviennent de plus en plus défavorable au sein de l’armée burundaise FDN. Mais c’est surtout pour stopper la machine judiciaire engagée… Une Commission Vérité Réconciliation a été mis en route et risque de mettre à mal tous les anciens dignitaires du pouvoir des Bahima sous la dictature (donc leurs enfants)… Ils savent que leur temps est compté. Il ne faut pas oublier que M. Rwasa Agathon en détention surveillé en août 2010 s’est échappé, selon la rumeur, grâce à l’appuie de l’ancien dictateur burundais… Ensuite ce dernier s’est rendu en Belgique et en France au printemps 2011 …”

 

DAM, NY, AGnews, le  28 septembre 2011.

 

(1) La Dictature militaire des Bahima Barundi (Micombéro, Bagaza, Buyoya) au Burundi a fait plus de 2.5 millions de victimes de 1966 à 2003, dont près de 900 000 morts parmi les Bahutu Barundi (dont les Batutsi et les Baganwa).

 

(2) “BURUNDI: An escalation, not an anomaly”, By http://www.irinnews.org/report.aspx?reportid=93777   –  Cette article a été repris par le Guardian, mots pour mots. ( http://www.guardian.co.uk/global-development/2011/sep/26/burundi-massacre-40-killed?newsfeed=true )

 

 

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