DAM, NY, AGNEWS, le 28 novembre 2009
Depuis octobre 1993 à juin 1995, le nombre de victimes se chiffre entre 50 000 et 100 000. Comme on l’a vu ensemble, il s’agit majoritairement des morts victimes des forces de sécurités burundaises. La résistance peu à peu s’organise politiquement et militairement. Des affrontements entre les forces de sécurité burundaise et la Résistance sont de plus en plus fréquents.
Une constante est que la Résistance, souvent, vient au secours d’une population agressée par les milices et les militaires rebelles à la Démocratie. En ce début de juillet 1995, l’activisme des hommes comme NZEYIMANA Joseph, HITIMANA Mathias, RUGAMBARARA Alphonse, BANKAMWABO Ignace, respectivement Présidents du RADEES, du P.R.P., de l’INKINZO et de l’ANADDE est très remarqué.
Côté UPRONA, HORUMPENDE Raphaël, MIKAZA Diomède, SINARINZI Gabriel, NDYAKARIKA, RUKANKAMA Jean et autres sont les porte-flambeaux de la mobilisation et de l’encadrement des miliciens [appuyant le putsch de 1993] à l’arrêt des activités et à la paralysie de la ville, une ville devenue otage des malfaiteurs.
Les milliers de citoyens barundi, arrêtés et jetés dans les prison, victimes, sont condamnés d’avoir participé “aux massacres depuis les évènements d’octobre 1993”.
Le 1 juillet 1995 : En commune Muyinga, colline Bwiza , une famille est massacrée par les milices encadrées par la police.
En province de Cibitoke, à Mabayi-Kibogero, les militaires tirent sur la population, égorgent des gens à la baïonnette, pillent et brûlent les maisons. Plusieurs corps sont jetés dans la rivière Nyamagana. Parmi les victimes : Mme Hatungimana égorgée avec son bébé, Mme Viviane et son bébé ; quatorze réfugiés rwandais tués. Au total, 24 morts. Les rescapés s’encourent à la paroisse se protéger tant que peu.
Le 2 juillet 1995: En commune Gashosho,Gisanze, un déplacé, membre d’une milice pro-putsch, est tué par un Résistant. En
représailles, les gendarmes encadrant les milices tuent cinq citoyens barundi, parmi lesquels Michel Citegetse, secrétaire communal.
Le 3 juillet 1995: Les nouvelles autorités à Bujumbura [suite au nettoyage ethnique] imposent désormais une carte spéciale de résidence. La Résistance, dont le CNDD, appelle cela le “pass d’apartheid”.
L’UPRONA exige la dissolution de l’Assemblée Nationale.
Le 4 juillet 1995, sur la route Bujumbura-Ijenda, la Résistance, et les militaires s’affrontent à hauteur de Matara. Il y aura une vingtaine de blessés.
Désormais le CNDD a une radio qui émet sur Bujumbura … L’armée-état exige que cette radio soit fermée. La pression est mise sur le Président. Il faut tout pour brouiller ses ondes et même la détruire. Les Barundi, démocrates, sont heureux car cette radio leur raconte les victoires de la Résistance face à l’oppression de l’Armée-Etat-Milices.
En province de NGOZI, les milices pro-putsch [provenant essentiellement des déplacés du camp de Ruhororo] assassinent l’abbé André Havyarimana et son cuisinier dans le presbytère de Rwisabi. Le vicaire réussit à fuir … En commune de Gasorwe, la Résistance va essayer de protéger les citoyens [démocrates] face à la déferlante milices encadrés par les gendarmes. 20 morts sont à déplorer parmi les citoyens. Les Résistants encadrent la population qui prend fuite vers Gitaramuka.
En province de MUYINGA, une délégation tanzanienne vient vérifier si les conditions nécessaires à ce que les citoyens barundi en Tanzanie rentrent. Ils demandent à l’Armée-Etat, dont le Président NTIBA : “Vous nous demandez de pousser les réfugiés à rentrer, ne soyez pas là pour les repousser par les actions militaires des Forces de l’Ordre.”
Le 5 juillet 1995, à Ruyaga, collines Muyira et Kabingo, une opération militaire de grande envergure est lancée. Face à la boucherie des mitrailleuses acharnées envers la population accusée de défendre les démocrates, des résistants s’opposent avec leurs modestes armes. Le bilan en fin de journée est d’environ 350 morts majoritairement des badauds. Parmi les cadavres on retrouve certains corps de jeunes résistants mais aussi de nombreux militaires et miliciens.
Le 7 juillet 1995, à Bwisa, des habitants rwandais accusés d’être des génocidaires “Interhamwe” sont assassinés par des milices PRO-PUTSCH [et PRO-FPR].
En commune Mabayi, colline Mukoma , les Bérets verts fusillent deux réfugiés rwandais.
Le bataillon du lieutenant-colonel Juvénal NYOYUNGURUZA massacre dans Bujumbura. Environ 1000 morts sont à déplorer. Malheureusement la Résistance a du mal à intervenir dans la capital. Les citoyens démocrates sont démunis.
La population démocrate désavoue le président du Burundi -NTIBA- dont le silence et la réticence devant les massacres perpétrés par l’armée et les milices constitue la meilleure couverture des opérations de nettoyage ethnique devant la communauté internationale.
Le 15 juillet 1995, à Bruxelles, Amnesty International demande une action immédiate pour stopper les massacres perpétrés par les Forces de l’Ordre et les groupes d’opposition [milices].
Le 17 juillet 1995, en Province Kirundo, attaque par des milices [pro-putsch] de la Paroisse de Murore. Une explosion de 5 grenades et des coups de feu … Une Des nombreuses victimes devant la paroisse sont à déplorer. La paroisse avait reçu 17 tonnes de vivres du Programme “Food for Work”.
A Bujumbura, le tribunal condamne un Belge, M. Jean Coignon, M. Déo Ngendahayo, et M. Bacanamwo, pour atteinte à la Sécurité de l’Armée.
Le 25 juillet 1995, à Mpamarugamba, commune Giteranyi, des militaires, accompagnés de déplacés miliciens pro-putsch et de batwa, massacrent la population démocrate. Une trentaine de victimes sont à déplorer. Parmi lesquelles Pascasie Mbabarempore (neuf ans), Simon Batungane (six ans), Miburo (six mois), tous enfants de Marciane Ndariranganire qui fut gravement blessé ; autres noms de victimes : Ezchiel Kabiriti et ses deux enfants, Macumi et ses quatre enfants, Miburo et ses trois enfants. La population accuse les militaires de massacrer des innocents et s’interroge sur la participati
on des déplacés et des Batwa aux opérations de désarmement. De plus des miliciens et des Batwa rançonnent la population démocrate jusqu’ 100.000 Fbu. Ceux qui refusent sont conduits chez les militaires et exécutés parce que résistants.
Le 31 juillet 1995, le parti de l’opposition UPRONA menace de renvoyer tous les réfugiés rwandais. A Bujumbura, aucun étudiant , fils de démocrate, n’ose réintégré l’Université … Désormais étudier est de nouveau une affaire ethnique.
1 août 1995, l’Eglise Catholique exclut de l’Ordre des Dominicains le Frére Déo Niyonzima, président de la SOJEDEM (Solidarité Jeunesse pour la Défense des Droits des Minorités). Pour rappel, au coté du SOJEDEM, on retrouve cinq autres milices obéissant à cinq “commandants”: M. Jean-Baptiste Bagaza, président du PARENA; M. Cyrille Sigejeje, président du RADDES (Rassemblement pour la Démocratie,le Développement Economique et Social) ; M. Mathias Hitimana, président du PRP (Parti pour la Réconciliation du Peuple) ; M. Ignace Bankamwabo, président de l’ANADDE (Alliance Nationale pour le Droit et le Développement Economique). Ces milices ont reçu le renfort d’éléments du FPR (Rwanda) qui viennent de fusionner en un Front de la Jeunesse Patriotique (FJP). M. Jean Baptiste Bagaza “envisage d’installer une partie d’entre eux (ces miliciens) dans la Kibira (forêt) de Bururi”.
Face à l’Etat-armée-milices, la résistance est composée des “Forces pour la Démocratie ” (FDD) de M. Léonard Nyangoma, du “Front pour la Libération Nationale (FROLINAT), qui a pris naissance dans les camps des réfugiés en Tanzanie ; et du “Parti pour la Libération du Peuple Hutu” (PALIPEHUTU) né également en Tanzanie et qui a développé sa branche armée au Rwanda et au Zaïre. La Résistance tente de protéger la population.
A Bujumbura, M. Emile Mambula, directeur de vente à Mecarudi est assassiné car il refusait de financer les “Sans Echecs”.
3 août 1995, à Kamenge, la résistance affronte les forces de l’ordre. De nombreux militaires sont tués. La Radio du CNDD “Rutomorangingo” fait l’éloge de cette attaque et sutout des morts militaires. A Bujumbura, la population rebelle à la démocratie est sous l’émotion. Elle se croyait protéger à Bujumbura. La RTNB et la TV nationale dénoncent la Radio du CNDD.
Sur la route Bujumbura-Cibitoke, un camion militaire est attaqué par la Résistance. 12 militaires tués !
Au Nations-Unies, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Boutros Boutros Ghali, recommande la création d’une Commission internationale d’enquêtete judiciaire sur les actes de violences politico-ethniques perpétrés au Burundi depuis octobre 1993.
4 août 1995, à Bujumbura, le président de l’UPRONA, M. Charles Mukasi, publie un document de 21 pages intitulé “La crise burundaise : les fausses solutions du FRODEBU”. L’UPRONA est contre les constats d’une armée, et d’un appareil judiciaire injustes et partiaux. Mukasi s’oppose à une intervention militaire étrangère, et à la création d’une zone de sécurité humanitaire.
7 août 1995, 2000 militaires sont envoyés en direction des provinces de CIBITOKE, et de BUBANZA. Entre temps de violents combats ont lieu entre la résistance et l’armée-état-milices.
9 août 1995, à Bujumbura, devant le bâtiment du ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, l’ancien gouverneur de Kayanza, M. Malachie Surwavuba, est assassiné par les milices pro-putsch. Le ministre des Relations Extérieures et de la Coopération rend public les nominations du personnel des ambassades : 10 rappels à l’administration centrale, 10 nominations à la même administration, 28 au service extérieur. Ils sont tous taillés sur mesure à l’armée-état-milice.
11 août 1995, Radio Démocratie du CNDD parle de violents combats opposant les jeunes résistants à l’armée burundaise et le FPR à CIBITOKE, et BUBANZA. Les militaires tombent comme des petits pains. Suite à une nouvelle tactique dessinée par le FPR, les FAB décident de fermer la frontière de Kabulantwa vers le Zaïre. La RTNB, afin de susciter un soutien de la population à la coalition FAB-FPR, annonce que le Burundi est attaqué par les Interahamwe … Mais la population n’écoute que la Radio du CNDD “Rutomorangingo”. Mais parmi la Résistance, un petit groupe non discipliné affilié au PALIPEHUTU, sème la terreur ,ensemble avec les FAB, dans les communes Ruyombo, et de Muzina.
Le ministre allemand des Affaires Etrangères, M. Klaus Kinkel, demande à l’ONU, l’OUA etl’UE d’employer tous les moyens diplomatiques pour éviter au Burundi un génocide comme celui du Rwanda. Le président Clinton est inquiet, lui aussi, de la “crise humanitaire” au Burundi.
13 août 1995, à Bujumbura, Kinama, l’armée et les milices tuent à grandes échelles. Un cadre démocrate victime des milices “sans échecs” témoigne: “Durant la nuit, une vingtaine de “Sans Echecs” sont arrivés dans ma maison. Ils m’ont saisi, écarté les bras et donné des coups de pieds dans le bas ventre. Certains d’entre eux sont allés chercher de l’eau sale dans la rue et me l’ont fait boire, ce qui a provoqué une dysenterie. Pendant qu’on me tenait, 14 des “Sans Echecs” violaient ma femme, en ma présence. Alors qu’ils menaçaient de me tuer, je leur expliquais que je connaissais bien M. X, une haute personnalité du pays, dans les années 1980, actuellement très engagée parmi les Tutsi extrémistes. Intimidés, ils sont partis, mais tôt le matin, ils sont revenus et m’ont conduit chez lui. Celui-ci me fit comprendre que, dans le passé, il était mon ami mais que, pour des raisons politiques, ce n’est plus le cas. Il m’a ordonné de déguerpir au plus tôt et m’a offert 5.000 Fbu”.
De plus, les résistants “Savimbi” et “Sostène” s’affrontent … Il y aurait eu un manque de loyauté lors d’un combat contre les FAB de la part de Savimbi.
14 août 1995, le FRODEBU dénonce le massacre de plus de cent citoyens par l’armée et leur milices à KINAMA. La RTNB (radio de l’armée-état) accuse la milice GEDEBU -Génération Démocratique Burundaise -. Alors que les faits sont témoins. Heureusement, la Radio du CNDD “Rutomorangingo” dit le contraire de la RTNB.
A Gitega, Nyabikere et Bugenyuzi, les déplacés accompagnés par les FAB tuent 36 administrateurs démocrates et deux citoyens.
15 août 1995, au sein des FAB une épuration ethnique est entreprise. 5 hauts officiers de l’armée burundaise, 7 sous-officiers, sont en danger de mort.
Au Zaïre, le ministre zaïrois des Affaires Etrangères proteste contre les préparatifs d’une attaque des camps de réfugiés au KIVU par les armés FAB, et FPR.
Les Barundi comprennent dès lors les opérations conjointes FPR-FAB à CIBITOKE, et BUBANZA …
20 août 1995, contre tout attente, les Nations Unies décident de lever l’embargo des armes sur le Rwanda. C’est à dire que clairement pour KINSHASA, l’ONU donne le feu vert à la guerre dans la Région. De suite, Kinshasa annonce sa décision d’expulser immédiatement les réfugiés rwandais, et burundais vers leur pays d’origine. Le HCR participe de suite au rapatriement forcé de 1.540 réfugiés burundais du Zaïre ; la plupart sont des femmes et des enfants.
22 août 1995, la décision de Kinshasa a semé la panique dans les camps des réfugiés dont 80.000 ont pris la fuite dans les montagnes du Kivu.
A Bujumbura, les milices “sans échec” attaque un dépôt de la coopération allemande GTZ. 4 morts, 2 blessés.
25 août 1995, de Nairobi, le ministre des Transports, Postes et Télécommunications du Burundi, M.Innocent Niyimpagaritse, membre du parti du peuple (PP), annonce sa démission et son départ du Burundi; “ma présence au sein de l’actuel gouvernement n’a plus de sens”, a-t-il déclaré.
26 août 1995, en province de KAYANZA, vers la frontière rwandaise, les FAB et le FPR s’affrontent à la résistance. 3 militaires sont tués. En représailles, les FAB et le FPR brûlent 38 maisons.
Le Lt Colonel NINGARA Sylvestre sort de prison à KINSHASA. Le Major BUSOKOZA et le Lt. KAMANA se baladent à KAMPALA.
Tous ces officiers sont derrière l’assassinat de feu NDADAYE.
28 août 1995, à Uvira, Mobutu suspend la décision de rapatriement forcé des réfugiés rwandais et burundais. Car pour les Rwandais qui rentrent la situation est critique. Pour les Barundi, de nombreuses victimes sont à déplorer mais la Résistance FDD assure la protection de quelques uns pendant leur retour forcé.
Les FDD affrontent les armées conjuguées FAB-FPR. Les informations parlent d’une préparation imminente d’attaque du Zaïre par 2000 hommes [FPR, FAB, Forces armée Ougandaise] entrainés en Ouganda. Les Zaïrois parlent d’une armée – Hima [-ougando-rwando-burundaise].
29 août 1995, l’ Université de Bujumbura est devenue mono ethnique. Aucun des 800 enfants fils de démocrates n’a intégré les cours. Désormais, 3.000 élèves dont les parents épousent le régime armée-état sont convié à poursuivre leurs études.
En province de CIBITOKE, à Butahana, et sur la colline de MUKOMA, l’armée -FAB/FPR- nettoie les lieux. Malgré la résistance de vaillants guerriers, le bilan est déplorable. De nombreux morts … A MIKOMA, les militaires avec leur mitrailleuse n’ont pas fait dans le détail. 49 cadavres dont 3 hommes seulement. Le reste ne sont que des enfants, des femmes, et des vieux.
L’armée a ouvert un corridor vers Mabayi pour la population. Mais la population n’a pas été dupe grâce aux informations de la Résistance-FDD qui leur a demandé de se retirer dans les montagnes. Les FDD savaient qu’il s’agissait d’un piège. A Mabayi, des mitrailleuses bien chargés les attendaient. Malheureusement certains citoyens ont préféré écouter la résistance- PALIPEHUTU, ils ont tous été
tués sans ambages.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies , selon la résolution 1012, adopte l’envoie de cinq juristes afin d’enquêter sur la mort de feu Melchior NDADAYE et les massacres qui l’ont suivie. Plusieurs experts, dont Pedro NIKKEN expert en droit humanitaire, doutent de l’efficacité de cette commission dont l’exercice est de “droit recommandatoire”. Selon ces experts, une enquête sans tribunal risque d’accentuer, sur place, des sentiments déjà existant de haine et de frustration.
30 août 1995, l’ancien gouverneur M. NDARUBAGIYE Léonce accuse le Président BUYOYA et le Colonel SINDUHIJE Jérôme d’être les chefs de la conjuration “la mort de Feu NDADAYE”.
31 août 1995, l’UPRONA demande le démantèlement des résistants et de la Radio pirate du CNDD “RUTOMORANGINGO”.
6 septembre 1995, les FDD surprennent deux camions remplis de FAB à hauter de BUGARAMA.
7 septembre 1995, à Bujumbura, l’avocat tchadien, envoyé spécial de l’ONU pour les droits de l’homme, démissionne de peur pour sa vie sous pression des milices “Sans Echec” . Seul, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Robert Krueger, poursuit son bras de fer. Il raconte à l’Agence France Presse, le massacre de 30 à50 personnes par les milices et l’armée burundaise, qui a eu lieu le 28 août 1995.
11 septembre 1995, le CNDD sort un Communiqué évoquant les victoires des FDD sur le terrain face à l’armée-ETAT.
Le Ministre de l’Intérieur, le Secrétaire d’Etat à la Coopération, M. Nicolas MAYUGI, le Premier Secrétaire du ministre des Relations Extérieures, M. Stanislas Nakaha, son ministre Paul Munyembari, démentent les allégations de l’ambassadeur US Krueger qui continue à informer les médias du génocide en cours au Burundi. Et ils s’en prennent ouvertement à l’ambassadeur US. Finalement, le président de la République demande à son Premier ministre que cesse immédiatement “la cacophonie déshonorante à l’endroit de notre pays qui entoure l’affaire Krueger.
En province Muyinga,Burambira et Gisakuza, des opérations dite de désarmement menée par des militaires, des déplacés et des Twa de Gashoho et Gisanze font état de 16 citoyens barundi tués dont 7 enfants, et beaucoup de maisons saccagées, dont 22 à Gisakuza.
15 septembre 1995, Bujumbura, paroisse Masango, assassinat à la baïonnette par des militaires de l’Abbé Maximilien Bitariho et de deux catéchistes, peu avant la messe. Vers 2 h du matin, les militaires ratissent la zone de Masango ; selon les premières sources d’information, il y aurait 500 morts. Rien que des citoyens ordinaires [enfants, femmes, et vieux].
En province de KARUSI,Gitaramuka, l’armée équipée de blindés font face aux résistants – FDD. Par la suite, les blindés vont se décharger, à Marenga, et ouvrent le feu sur le marché. 80 Barundi sont massacrés, puis enterrés de suite dans 3 fosses communes.
17 septembre 1995, le CNDD informe l’opinion internationale sur la participation de militaires Nord-Coréens au côté des FAB-FPR dans leur opération de nettoyages de la zone CIBITOKE – BUBANZA. Les Résistants-FDD sont choqués par cet état de fait.
A Karusi, un véhicule de la MIOB tombe dans une embuscade militaire de l’armée burundaise…
18 septembre 1995, à NGOZI, les résistants – FDD attaquent la centrale électrique de RWEGURA. Le bilan est : des dommages matériels; et coupure de courant sur la ligne KAYANZA-NGOZI.
A Bruxelles, les collectifs EUROSTEP et EUROCIDSE appellent l’Union Européenne à soutenir une intervention sous mandat UN au Burundi.
20 septembre 1995, un communiqué de presse du CNDD déclare que “du 26 juillet au 30 août 1995, 267 militaires de l’armée burundaise ont péri dans les combats contre 4 résistants FDD… Beaucoup d’autres sont blessés. Trois véhicules blindés, six camions et une Jeep ont été brûlés par nos combattants”.
21 septembre 1995, à Nairobi, le président du Kenya, M. Arap Moi, se prononce pour la dissolution des armées burundaises et rwandaises.
25 septembre 1995, à Karusi, dans la région de Gitaramuka (Ruhata, Rusagara, Kavumu, Ruyaga, Cigati, Rwizingwe), représailles opérées par des militaires, des déplacés et des milices Sans Echec. La population , encadrée par des résistants- FDD, fuit vers les communes périphériques de Tangara, Muyinga, Gasorwe.
L’armée-état-milice-déplacé fait 55 victimes. 131 maisons sont incendiées à Rwizingwe.
3 octobre 1995, à Bruxelles, un communiqué de presse du cabinet du président du Conseil National de la Défense de la Démocratie (CNDD) condamne l’assassinat des trois ressortissants italiens de Buyengero ainsi que certains journaux burundais qui diabolisent les Eglises chrétiennes. Il circule à Bujumbura une liste de prêtres et missionnaires à abattre.
4 octobre 1995, à Dar-es-Salaam , l’ambassadeur du Burundi, M. Jonathan Niyungeko, du parti UPRONA est déclaré “persona non grata”, à cause des incursions de l’armée burundaise sur le territoire tanzanien pour y exercer le droit de poursuite des résistants. Selon une source d’information, l’ambassadeur se livrait à un trafic d’armes.
A Naroïbi, à l’occasion de sa visite au président du Kenya, le président du Burundi se dit réticent pour collaborer avec le Tribunal International pour le Rwanda. “Nous devons d’abord savoir, dit-il, qui a tué notre président, M. Cyprien Ntaryamira, et pour quelle raison”.
Au Zaïre, le CNDD de M. Léonard Nyangoma accuse la gendarmerie burundaise de l’assassinat des trois Italiens à Buyengero ; les victimes auraient été des témoins gênants de massacres.
8 octobre 1995, le CNDD-BENELUX se réunit pour faire le point sur la situation, autour de M. Jérome Ndiho…
10 octobre 1995, en province Cibitoke, commune Mabayi , les résistants-PALIPEHUTU de Kossan attaquent un camp militaire. Bilan une dizaine de résistant, et des militaires meurent. La population par peur des représailles, fuit …
A Bujumbura, le périodique Le Patriote, proche des milices pro-putsch, publie deux pages de critiques virulentes contre les ecclésiastiques. “Il faut expulser, écrit-il, tous les prêtres italiens du Burundi”.
A Bubanza , la population a fui. Les autorités veulent remettre en place une administration militaire.
A Bruxelles, selon une interview de M. Jérome Ndiho, porte-parole du CNDD, le FRODEBU serait scindé en trois tendances : le CNDD de Nyangoma qui prône la lutte contre l’armée burundaise, le groupe Ntibantunganya qui n’aurait plus de crédibilité et, entre les deux, le groupe de Jean Minani, chef du FRODEBU à l’intérieur du pays, qui a phagocyté la tendance Ntibantunganya ; cette troisième voie n’est pas la solution “tant qu’on ne revient pas aux acquis de juin 1993, qu’il n’y aura pas de Tribunal International pour mettre fin à l’impunité et que l’armée ne rentre pas dans les casernes”.
12 octobre 1995, le Président NTIBA remanie son gouvernement. Il ne reste plus que 11 ministres (FRODEBU …) contre 15 issue de partis d’opposition [proche de l’armée – état – putschiste].
14 octobre 1995, à Londres, dans un article consacré au Burundi, l’hebdomadaire The Economist cite les paroles de l’ancien président, M. Pierre Buyoya, que “dans quelques jours, dans quelques mois… le Burundi entrera dans une guerre civile comme ce fut le cas en Angola et au Mozambique”. [Mots de code, pour la Bourse de Londres, afin de confirmer la participation burundaise à l’invasion du KIVU, Est-Zaïre]
15 octobre 1995, à Bujumbura, au retour du Zaïre, le président de la République, M. Sylvestre Ntibantunganya, déclare avoir reçu des informations importantes sur le problème de la radio pirate du CNDD ; une solution interviendra ces prochains jours …
16 octobre 1995, Bujumbura, le président et le Premier ministre demandent au Secrétaire général des Nations Unies de mettre hors d’état de nuire la radio pirate du CNDD, “Démocratie – La Voie du Peuple”.
17 octobre 1995, Bujumbura, un mandat d’arrêt contre MM. Paul Munyembari, ex-ministre des Relations Extérieures et de la Coopération, Issa Ngendakumana, ex-secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, Emmanuel Sindayigaya, ex-ministre de l’Energie et des Mines, Audifax Ndabitoreye, ex-directeur général de la Documentation, limogés de leur poste lors du récent remaniement ministériel. Les raisons de ces mandats d’arrêts sont leur position en faveur d’une négociation avec le CNDD, exprimée dans un conseil de ministres particulièrement houleux.
21 octobre 1995, à Bruxelles, message du président du CNDD, M. Léonard Nyangoma, à la nation burundaise, à l’occasion du 2ème anniversaire de la mort du président Melchior Ndadaye (13 pages). En conclusion, M. Léonard Nyangoma exige la tenue d’une conférence internationale qui devra déboucher sur des négociations entre belligérants à propos, entre autres, de la réforme de l’armée, de l’abolition de la Convention de gouvernement, du jugement des assassins du président Ndadaye, de la tenue d’élections présidentielles et communales; “A défaut de cela, la guerre continuera jusqu’à la victoire”.
23 octobre 1995, à New York, les présidents Mobutu, Museveni et Mwinyi demandent au Centre Carter de les aider à convoquer rapidement une conférence sur les problèmes des Grands Lacs. L’ex-président Jimmy Carter, Monseigneur Desmond Tutu et l’ex-président Julius Nyerere sont chargés d’établir un rapport et de prêter leurs bons offices de médiation.
25 octobre 1995, à Bruxelles, le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) demande avec insistance au Secrétaire général de l’ONU et au président du Conseil de Sécurité de ne pas porter à l’oreille aux accusations mensongères contre la radio Démocratie (La Voix du Peuple), proférées par le président a.i. M. Sylvestre Ntibantunganya et son gouvernement. Il s’insurge contre l’amalgame que fait M. Sylvestre Ntibantunganya en comparant radio Démocratie à la Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) du Rwanda en 1994, alors que le président du Parlement, M. Léonce Ngendakumana, a déclaré : “J’ai déjà écouté cette radio plus d’une fois ; je ne crois pas qu’elle attise la haine ethnique comme la RTLM du Rwanda. Par contre, le président et le gouvernement ne prennent aucune mesure contre les médias extrémistes à l’intérieur du pays”. Le CNDD affirme aussi que “notre radio est bel et bien à l’intérieur du Burundi et non au Zaïre”.
A Paris, à la conférence générale de l’UNESCO, le président Sylvestre Ntibantunganya lance un appel pour l’arrêt du trafic des armes qui alimente les extrémistes.
26 octobre 1995, à Bujumbura, le lieutenant colonel Jean Bosco Baradangwa, jusqu’ présent porte-parole de l’Etat major de l’armée, est nommé Secrétaire général des services de Sécurité et de Défense, relevant dorénavant du Premier ministre et non plus de la Présidence.
A Paris, selon un article du journal Le Monde, la guérilla burundaise, accusée de tous les maux contre-attaque en envoyant en Europe son porte-parole, M. Jérome Ndiho, qui s’insurge contre l’image d’”extrémiste hutu”. Le CNDD ne revendique que la restauration de la démocratie au Burundi ; il a d’ailleurs exclu de ses rangs le major Savimbi de tendance anarchiste et le PALIPEHUTU commandé par M. Kabora Kossan.
27 octobre 1995, à Bujumbura, apparition d’un nouveau groupe dans le camp des milices pro-putsch dénommé “Association pour la Défense des Minorités” (APDM), appuyé par l’ancien président, M. Jean Baptiste Bagaza ; le président du groupe est M. Intime Manirakiza, “burundais”, ancien membre du FPR.
Le parti FRODEBU dénonce sévèrement la partialité du parti UPRONA et son implication dans le putsch d’octobre 1993 ainsi que le comportement du corps judiciaire “devenu incapable de rendre un jugement équitable, impartial et neutre” ; il attire également l’attention de la communauté nationale et internationale sur les nombreuses réunions entre des ténors de l’UPRONA, des militaires, des hommes d’affaires et des magistrats impliqués dans le coup d’Etat d’octobre 1993.
29 octobre 1995, à NGOZI, commune de Tangara, l’armée et les milices tuent 272 Barundi sur les collines de KAMIRA, MURAMBA, RUNINI, RUGABO, NYABIKURAZI et KANANIRA. Le porte parole de l’armée parle de 20 morts …
A Bujumbura à Ngagara, au bar de Cecinga : conférence de M. Mathias Hitimana, président du Parti pour la Réconciliation du Peuple (PRP), et de M. Déo Niyonzima, président de la Solidarité Jeunesse pour la Défense des Minorités (SOJEDEM). Ils présentent une procédure de destitution du président de la République, M.Sylvestre Ntibantunganya, qu’ils qualifient de “président anticonstitutionnel”.
30 octobre 1995, à Makamba, le colonel Fidèle Baramburiye est assassiné par d’autres militaires, parce qu’il empêchait les soldats de tuer et de piller. Il figurait sur une liste de 5 officiers modérés à supprimer.
A Bujumbura, arrivée des 5 membres de la Commission d’Enquête Internationale décidée par les Nations Unies pour enquêter sur l’assassinat du président Feu Melchior Ndadaye et des crimes qui s’en sont suivis.
31 octobre 1995, à Bujumbura, le FRODEBU publie un document de 34 pages sur “les responsabilités de l’UPRONA dans le putsch et les massacres d’octobre 1993”.
L’association politique “Solidarité Jeunesse pour la Défense des Minorités” (SOJEDEM), milice pro-putsch, présidée par M. Déo Niyonzima publie une étude intitulée “Projet de Société pour le Peuple burundais” (20 pages) : réflexions sur la démocratie en tant que règle majoritaire, éléments correcteurs de la démocratie (partage du pouvoir exécutif, séparation consensuelle de l’exécutif et du législatif, bicaméralisme équilibré et représentation de la minorité, veto de la minorité dans la Constitution), l’établissement d’institutions adaptées au Burundi (projet de société, congrès souverain de la République, institutions politiques transitoires, institutions politiques constitutionnelles).