DAM, NY, AGNEWS, le 8 décembre 2009
Une société civile hostile au Président NTIBA – Arrivée des membres de la Commission Internationale d’Enquête au Burundi [accueillis par ITEKA, et les militaires] – Des ONGs cible des militaires – l’économie du Burundi cible de la Résistance – Bras de fer [silencieux] entre BUYOYA, et BAGAZA.
Au Burundi, les massacres de masse commises par les milices, les déplacés et les militaires se poursuivent. Mais ce n’est plus comme avant, les Résistants-FDD sont présents de plus en plus … Une dizaine de militaires meurent chaque semaine.

Aux Etat Unis, dans la région on soutient l’Ouganda et le Rwanda. Mais ce que les Diplomates américain voient au Burundi, mais en doute certaines convictions. Il redoute désormais l’Armée -Etat du Burundi…

1 novembre 1995, en province de KAYANZA à Campazi, des déplacés [encadrés de militaires] subissent une cuisante défaite face à la résistance. 42 morts parmi les déplacés et les militaires, et de nombreux blessés.
En province de KIRUNDO, commune BUSONI, 72 citoyens barundi sont liquidés par les milices et les militaires.
A Paris, les présidents de la France et du Burundi se sont entretenus sur l’opportunité de la tenue d’une conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs. Dans une allocution à l’assemblée de l’Unesco, le président du Burundi a lancé un appel solennel à l’Unesco et à ses partenaires pour aider le Burundi à localiser et à détruire la radio dite “Radio de la Démocratie” du CNDD, “cet instrument de haine et de division”.

2 novembre 1995, A Dar-es-Salaam, le gouvernement tanzanien proteste contre les incursions de l’armée burundaise à l’intérieur de la Tanzanie.
Paris : le président du Burundi se prononce en faveur de forces de sécurité multiethniques « Nous souhaitons, a-t-il dit, qu’elles ne soient le monopole d’aucune ethnie »
Paris : la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) exprime au ministre de la Défense du Burundi sa vive préoccupation concernant des personnes disparues depuis le début de l’année 1995, suite à des arrestations opérées par des agents de l’ordre ; la Fédération cite les noms de 10 Hutu disparus et demande l’ouverture d’une enquête.
A New York, suite à l’opposition des gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda, les Nations Unies renoncent à l’organisation d’une conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs.

3 novembre 1995, Province Bururi, commune Nyanza Lac, à Bande : un véhicule militaire tombe dans une embuscade ; plusieurs soldats sont tuées, dont le lieutenant-colonel Fidèle Baramburiye.

6 novembre 1995, à Bubanza : le gouverneur de la province de Bubanza, Mé Herman Tuyaga, présente sa démission ; il proteste contre le génocide des Barundi massacrés à cause de leur ethnie depuis trois mois, sous le prétexte de poursuivre les Résistants – FDD.

8 novembre 1995, à Bujumbura : le Comité de la Croix Rouge suspend provisoirement ses opérations au Burundi suite à l’attaque par des milices encadrées par des militaires d’un de ses convois dans la région de Cibitoke, attaque qui a couté la vie à un Burundais.

10 novembre 1995, dans la capitale burundaise, une déclaration du parti UPRONA révèle la fuite de M. Audifax Ndabitoreye pour se soustraire aux poursuites judiciaires. Le parti met en cause la responsabilité du président de la République dans sa complicité avec des fauteurs de guerre (que sont les Résistants).
A Uvira (Zaïre), 100 à 200 réfugiés burundais arrivent par jour ; plusieurs sont blessés par des mines anti personnelles que les militaires burundais ont placées sur les sentiers.
A Bujumbura, la Ligue Burundaise des Droits de l’Homme Iteka souhaite la bienvenue à la Commission Internationale d’Enquête au Burundi et surtout son indépendance dans l’établissement des faits et des responsabilités des crimes commis depuis le 21 octobre 93. Elle recommande au gouvernement, à la justice, aux partis politiques et à la population de ne pas entraver le travail de la Commission.

13 novembre 1995, la Ligue des Droits de l’Homme “Iteka” accuse le président de la République de complicité dans la fuite de M. Audifax Ndabitoreye poursuivi par la justice pour collaboration avec les assaillants [les Résistants]. Elle demande à la justice de lancer contre l’inculpé un mandat d’arrêt international.

14 novembre 1995, en Province Bujumbura, commune Kanyosha, à Gasarara, un massacre effroyable de 430 Barundi par les militaires; parmi les victimes, 308 enfants. L’Administrateur communal de Kanyosha dénonce dans un rapport circonstancié les noms de 7 indicateurs qui accompagnaient les militaires : “d’aucuns se demandent, écrit l’Administrateur, si les militaires avaient été envoyés pour déloger des bandes armées ou plutôt pour massacrer une population innocente ; l’attaque était préméditée”.
A Bujumbura [capital], les quatre partis ultra radicaux RADDES, PRP, ANADE, ABASA retirent formellement et définitivement leur confiance au président de la République qu’ils accusent d’être responsable de la guerre.
En Provinces Gitega et Karusi, pendant la première quinzaine d’octobre, 135 Barundi démocrates ont été tués à Bugenyuzi, 105 à Mutoyi, 231 à Kivuvu ; le bilan est inconnu à Nkanda et aux environs. Les Résistants ne font que leur possible. Souvent c’est très difficile…

15 novembre 1995, le journal Burundi News dénonce un détournement de fonds dans le ministre de la Réinstallation et de la Réinsertion des déplacés. Seraient impliqués dans cette opération le ministre lui-même, l’ancien patron du même ministre, M. Libère Bararunyeretse, et l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, M. Jean Baptiste Manwangari.
En province Kirundo, commune Busoni, secteur Murore-Gatemere : 117 Barundi ont été tués par l’armée-état-milices-déplacé depuis le début du mois, 25 maisons pillées ou incendiées.

16 novembre 1995, à Bujumbura, 4 députés de la circonscription de Bujumbura Rural dénoncent auprès de la Commission Internationale d’Enquête “le crime contre l’humanité” commis à Gasarara et demandent que la Commission d’enquête se rende sur les lieux : « Trente trois années après l’indépendance, des militaires, tous burundais, viennent massacrer
une population paisible ». Ils s’insurgent aussi contre le silence complice du gouvernement et des médias.

17 novembre 1995, en Province et commune Kirundo, massacre de 110 Barundi et destruction de 284 maisons par les milices-déplacés-etudiants-armée.

18 novembre 1995, à Bujumbura, le syndicat des employés de la REGIDESO lance un tract virulent et remplit de haine ethnique contre leur directeur technique, Sylvère Nzoyiheba, qu’ils accusent de complicité avec la Résistance dans la destruction des pylônes et des centrales électriques.

20 novembre 1995, à Bujumbura, l’ancien président des Etats Unis, Jimmy Carter arrive à Bujumbura, chargé de préparer la Conférence du Caire, le 27 novembre prochain, relative aux questions des réfugiés dans la région des Grands Lacs.
A l’Assemblée Nationale, l’audience du président Jimmy Carter ont apprend que sur la liste des invités à la conférence figurent Jean Baptiste Bagaza et Léonard Nyangoma “parce qu’ils sont prêts à discuter”. Le président de l’Assemblée Nationale, Léonce Ngendakumana recommande à Jimmy Carter de faire comprendre à Pierre Buyoya et au Premier ministre que s’ils refusent le dialogue ils assumeront leurs responsabilités.
[ BAGAZA et BUYOYA se disputent de la prise du pouvoir. MUSEVENI et l’aile anglosaxone US – UK préfère BAGAZA … BUYOYA a rassuré KIGALI, d’où il a reçu l’aval de la CITY (Londres). La France, se méfie de BAGAZA. ]
En ville, Bujumbura, les milices-Sans Echecs-étudiants-Sojedem extrémistes exigent la démission du président de la République, Sylvestre Ntibantunganya. Le 20 octobre dernier, la SOJEDEM avait déposé une plainte en justice contre la légitimité de la nomination de l’actuel président. Mathias Hitimana et son parti, le PRP, annoncent des actions de ville morte à partir du 22 novembre jusqu’é la démission du président. Les syndicats des magistrats accusent le président de diaboliser, discréditer et dénigrer la magistrature et de protéger les délinquants recherchés par la justice. Le parti UPRONA accuse le président de conspiration avec l’ancien chef de la Documentation.

22 novembre 1995, Bonn : le groupe Action Courage dénonce le silence des médias sur les massacres, en particulier ceux de Gasarara (430 morts) et de Mutimbuzi (50 morts) ; la presse internationale se tait également. Le même groupe dénonce un plan d’établir une zone de sécurité de 15 km autour de Bujumbura par des actions de purification ethnique.
A Paris, dans un article intitulé “Les orphelins de l’information”, Reporters Sans Frontières (RSF) dénonce le parti pris des médias de l’Etat au Burundi qui rapportent avec détail les attaques menées par les Résistants mais passent sous silence les massacres massifs commis par les milices extrémistes composé à l’intérieur du pays de déplacés et de militaires.

23 novembre 1995, à Bujumbura, le président du parti FRODEBU, Jean Minani, adresse au Premier ministre son indignation face à l’intensification des massacres de la population civile ; il dénonce un “véritable plan d’extermination, en silence, de la population hutu sous prétexte de la lutte contre les bandes armées. Il est scandaleux que plus de 2000 citoyens innocents soient massacrés en un mois, que dans les provinces de Bubanza et de Cibitoke plus de 400000 personnes soient mortes ou réfugiées dans la forêt ou au Zaïre”.
A Bruxelles, le Centre National de Coopération au Développement (CNCD) lance un appel pressant au Premier ministre et aux présidents des Assemblées parlementaires de Belgique pour une action urgente de médiation, de restauration de l’Etat démocratique et de la sauvegarde de la population au Burundi ; il demande l’intervention d’une initiative exceptionnelle soutenue par l’OUA, l’ONU et l’UE.

24 novembre 1995, en Province de Kirundo, commune Busoni, à Kabanga, Jean Marie Havyarimana et ses deux enfants sont assassinés par des milices extrémistes de déplacés, accompagné de batwa. 6 autres Barundi accusés d’avoir logé des Résistants sont exécutés.
A Gisenyi, la famille de M.Gacamuryoya, 3 personnes, est tuée par des militaires et des Twa de Marembo.

26 novembre 1995, en Province Kirundo, des milices-déplacés-batwa-armée attaquent la paroisse Murore. Il faut éradiquer les familles de Résistants. 6 Barundi sont tués, dont 4 femmes et 2 enfants, 4 véhicules endommagées

29 novembre 1995, au Caire, les chefs d’Etat du Zaïre, de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi, du Premier ministre de la Tanzanie et de l’ancien président des Etats Unis, Jimmy Carter (témoin) font une déclaration sur la région des Grands Lacs signée. Concernant le Burundi, la déclaration appuie la Convention de Gouvernement, y compris le projet de débat national. La sécurité des personnes est le problème fondamental. Selon certains journalistes, cette déclaration se ramène à un catalogue de bonnes intentions.

30 novembre 1995, à Bujumbura : un document intitulé “Situation de la magistrature burundaise face à la crise” s’interroge sur la ségrégation ethnique dans la composition et le fonctionnement de la magistrature du pays [Administration centrale ; procureurs généraux et présidents des Cours et Tribunaux ; présidents des Tribunaux de Grande Instance ; procureurs de la République ; commissaires de la Police Judiciaire des Parquets ; et au ministère de la Justice]. Par contre, sur un total de 120 prisonniers, ils appartiennent tous à une même ethnie.
A Paris, selon une note publiée dans Le Monde des Droits de l’Homme affirme que les Résistants Barundi viseraient à ruiner l’économie du Burundi largement aux mains des militaires, entre autres par une bataille de sabotage du café … Le plan des Résistants d’isoler le Régime a commencée …
En Province de Kayanza, une lettre signée par le “Peuple fatigué de Kayanza” [des Résistants] accuse le gouverneur de la province, Venant Barazingiza, de complicité dans les massacres de Muhanga et de Muruta, perpétrés par les milices-déplacés-étudiants-batwa.

1 décembre 1995, à Bujumbura, les députés de Bujumbura rural adressent au président de l’Assemblée une lettre de protestation contre les arrestations arbitraires sur base ethnique par la Police de Sécurité Publique sous l’instigation de Félix Misigaro, chef de zone de Ruziba.
A Bujumbura, le président de la République cite la SOJEDEM [milice extrémiste] en justice pour outrage au chef d’Etat. Déo Niyonzima, chef de la SOJEDEM [milice extrémiste], accuse le président de haute trahison ; le 25 octobre 1995, il avait saisi la Cour constitutionnelle lui demandant de déclarer la nomination du président non conforme à la Loi.
Paradoxalement, le CNDD de Léonard Nyangoma ne considère Sylvestre Ntibantunganya que comme président ad intérim du Burundi.
Au Nations Unies, le premier rapport sur la situation des droits de l’homme au Burundi est publié. Le rapporteur spécial, Mé Paulo Sergio Pinheiro (39 pages) dit ceci : “La dégénérescence du Burundi est telle qu’il devient extrêmement difficile de distinguer dans la situation actuelle les éléments constitutifs d’un Etat de droit. La Communauté internationale continue à manifester un profond désintérêt et une grave incapacité d’agir de manière efficace et concertée”.

2 décembre 1995, à Bujumbura, la Résistance-FDD fait sauter quatre pylônes de la haute tension électrique.

4 décembre 1995, à Bujumbura, le comité central de l’UPRONA remet à son président, Charles Mukasi, un dossier à charge du président de la République réclamant une nouvelle institution présidentielle. Cinq membres de la commission technique chargée de préparer le débat national font part de leurs appréhensions au président de la commission ; ils dénoncent les manœuvres irresponsables de certains membres de la commission qui “s’évertuent pour que le rapport soit tendancieux. Le débat que nous préparons risque d’être faussé”.

6 décembre 1995, à Bujumbura, précisément à Cibitoke [un quartier ethniquement purifiée], des milices extrémistes pro-putsch attaquent un bus de l’OTRACO rempli de Barundi qui rentrent chez eux à Kinama aprt;font-size: small;”>ès six mois de refuge dans les collines. Le bilan est de 7 morts et 20 blessées. Le même jour, un minibus est détourné à Kanyosha, près de Bujumbura; les passagers sont portés disparus.
Les rumeurs dans la ville font état que l’ancien président Pierre Buyoya préparerait un putsch avec la complicité de ces milices et de militaires.
A partir de 11 h 20, ces milices ,rebelles à la Démocratie, épaulées par des militaires, attaquent le quartier Mutanga Nord qui abrite encore quelques éléments de l’intelligentsia démocrates de la capitale ; les tirs violents à l’arme lourde et avec appui d’hélicoptères ont duré jusqu’au soir.

7 décembre 1995, à Bujumbura, quatre cadavres non identifiés, lynchés par les milices putschiste, sont retrouvés prés de l’évêché de Bujumbura. La commission d’enquête de l’ONU [sous protection militaire] quitte Mutanga Nord pour des raisons de sécurité. Tirs sporadiques sur les collines avoisinantes de Mutanga Nord…
A Bujumbura, des parlementaires démocrates réagissent aux récents événements survenus à Mutanga Nord, à Gihosha et à Kanyosha ; ils condamnent et constatent avec consternation certains actes de violence commis par les forces de l’ordre, comme le pillage et les destructions sélectives de maisons de ministres et de cadres démocrates, le mitraillage de civils dans l’église de Sororezo qui a fait 80 morts, l’assassinat du corps médical de Sororezo. Selon Amnesty International, “près de 300 personnes civiles non armées, hutu pour la plupart, auraient été illégalement tuées par les forces de sécurité les 6 et 7 décembre dans les quartiers et les banlieues Mutanga Nord, Kanyosha, Kiriri, Gishoho, dont au moins 270 sur la colline de Sororezo”.

8 décembre 1995, à Bujumbura, le président de l’Assemblée nationale, Léonce Ngendakumana, reçoit l’ambassadeur Richard Bogosian, coordinateur spécial du Rwanda et du Burundi au département d’Etat américain. Selon Ngendakumana, les causes de la persistance de la crise sont les putschistes toujours en liberté, les chefs de guerre qui exploitent l’appartenance ethnique, certains politiciens qui combattent la convention de gouvernement. Seul le dialogue pourra résoudre la crise.
A Washington, Nicholas Burns, porte-parole du Département d’Etat des Etats-Unis confirme le massacre de 430 personnes à Gasarara le 14 novembre dernier.

10 décembre 1995, à Bujumbura, l’ancien président Pierre Buyoya se prononce contre un dialogue entre tous les partenaires burundais ; la résolution de la crise résiderait dans les actions militaires.

12 décembre 1995, à Bujumbura, dans une interview au journal “Le Débat”, l’ancien président Pierre Buyoya dément les rumeurs selon lesquelles certaines puissances étrangères voudraient qu’il reprenne le pouvoir. Mais dans le même numéro est publié un tract virulent qui dénonce un complot international …”Soyons vigilants et déterminés, la mort approche ; le comportement de Ntibantunganya, de certains Français, Tanzaniens et Zaïrois le démontre clairement”.
Le CICR décide d’arrêter ses activités à cause de l’insécurité. La RTNB fait passer un témoignage d’un militaire blessé qui dénonce la complicité des agents du CICR qui auraient tenté de le livrer aux Résistants pour être achevée. Depuis quelques temps les milices extrémistes pro-putsch cherchent à discréditer les organisations humanitaires.
A Nairobi, “Médecins Sans Frontières” déclare que 15000 Barundi ont été tués en 1995 pour des raisons ethniques, dont 40% de femmes et d’enfants. D’autres sources d’information font état de 25000 morts. “Médecins Sans Frontières ” lance un appel aux Burundais et à la Communauté internationale pour mettre fin aux massacres, pour respecter les ONG et ne plus forcer la population à devoir se déplacer. MSF a recensé également 27 cas d’attaques des milices extrémistes contre des organisations humanitaires ; onze membres des ONG ont été tués depuis août 1994.

13 décembre 1995, à Gitega, une dizaine d’ONG, dont OXFAM et le CICR ont été attaquées par des milices-déplacés-étudiants-armée à la grenade ; l’intention est d’intimider tout témoin gênant des massacres de la population.

14 décembre 1995, à Bujumbura, 4 membres du Comité central du parti UPRONA ont adressé une lettre au président du parti, Charles Mukasi, rappelant que le Comité a pris la décision irrévocable d’enclencher la procédure de destitution et de remplacement de Sylvestre Ntibantunganya [Président du Burundi]; il n’est plus question de négocier. Les corps de l’ingénieur Elie Ndikumana, du médecin Gaspard Nzikobanyanka, de l’étudiant Nestor Katihabwa, de Sylvestre Niyonzima et d’un veilleur de nuit appelé Donatien, tous des démocrates, enlevés par les militaires dans l’attaque de Mutanga Nord, sont retrouvés près de l’aéroport de Bujumbura.

17 décembre 1995, à Bujumbura, Bwiza, 2 Zaïrois sont assassinés. La violence prend le quartier…

20 décembre 1995, à Bruxelles, le gouvernement belge déconseille à ses ressortissants de se rendre au Burundi à l’occasion du congé de Noël ; il demande aux Belges du Burundi de rentrer en Europe pour la période du congé.

21 décembre 1995, à Bujumbura, le procureur général de la République, Jean Bosco Butasi, demande la levée de l’immunité parlementaire de 5 députés du FRODEBU accusés d’incitation à la haine, de recrutement et entretiens aux Résistants. Le président du parlement proteste « Personnellement, dit-il, j’ai des preuves irréfutables sur l’existence de faux témoignages ». Les Démocrates accusent la magistrature, de connivence avec l’opposition et l’armée pour déstabiliser la dernière institution démocratique qui reste au pays, l’Assemblée nationale. Jusqu’a présent, 13 des 65 députés Démocrates ont été assassinés et d’autres se sont réfugiés à l’étranger; par contre aucun de 16 députés de l’UPRONA n’a été inquiété jusqu’à présent.

22 décembre 1995, à Bujumbura, manifestation organisée par le parti de l’opposition UPRONA contre les “fauteurs de guerre”. Le même jour, une attaque à la grenade est menée contre le PAM,le CICR et le HCR ; un membre du HCR a été légèrement blessée. Ces organisations ravitaillent les camps des réfugiés hutus rwandais venus au Burundi. Les milices extrémistes [pro-putsch] voudraient que ces organisations plient bagage pour que les réfugiés soient contraints de rentrer au Rwanda. L’ONG française “Action Internationale Contre la Faim (AICF)” a décidé d’évacuer la majorité de son personnel expatrié du Burundi, à la suite d’une attaque à la grenade à Gitega, dans la nuit du 17 au 18 décembre. Les réfugiés burundais arrivent encore en grand nombre au Zaïre. Selon l’envoyé spécial de l’ONU, le Burundi s’enfonce dans la guerre civile avec la complicité de la Communauté internationale.

25 décembre 1995, dans une lettre adressée au président de l’Union Européenne, Christian Sendegeya, Vice-président du Comité National de la Défense de la Démocratie, le CNDD, proteste contre Ahmed Ould Abdallah, ancien envoyé spécial des Nations Unies au Burundi, auquel il reproche de prendre la défense de l’armée burundaise, d’appuyer l’ancien président Pierre Buyoya et de requérir le démantèlement de la Radio de la Démocratie du CNDD. Selon Sendegeya, Ould Abdallah se serait entretenu de ces questions avec le ministre belge des Affaires Etrangères.

27 décembre 1995, à Bujumbura, une conférence de presse du Premier ministre, Antoine Nduwayo : évaluation de l’action du gouvernement, perspectives pour 1996. Il promet une guerre sans merci aux Résistants [soit les paroles prononcées par BUYOYA quelques jours auparavant]. “Dans notre cas, c’est la coalition CNDDFROLINA-PALIPEHUTU”. Aucune allusion aux milices extrémistes qui terrorisent, ni aux massacres perpétrés par l’armée du Burundi.
Mzé Julius Nyerere, ancien président de la Tanzanie, arrive à Bujumbura pour une mission d’information et de conciliation.
A Genève, la Commission internationale des juristes fait part de son inquiétude devant l’ampleur des assassinats et des massacres ethniques perpétrés au Burundi en 1995 ; plus de 15000 victimes. Adama Dieng, Secrétaire Général du CIJ s’est prononcé pour l’envoi de troupes au Burundi pour protéger la population. Le CIJ dénonce l’indifférence et l’inefficacité de la Communauté internationale devant ces massacres.

28 décembre 1995, à Bujumbura, des jeunes très courageux résistants-FDD [la ville est un bastion de l’armée-etat] arrivent à couper l’arrivée de l’eau et de l’électricité. Désormais, la population de Bujumbura [quasi ethniquement purifier] va devoir puiser dans le lac.
Le président de la SOJEDEM, Déo Niyonzima, demande au ministre de la Défense de mettre les hauts responsables de l’armée à l’abri des sollicitations des génocidaires qui veulent maintenir le président Sylvestre Ntibantunganya au pouvoir.
Trois militaires, présumés putschistes,[derrière l’assassinat de NDADAYE] sont assassinés dans la prison de Mpimba [BUYOYA efface toutes traces compromettantes. Entretemps, encadré par l’armée, la Commission d’enquête de l’ONU travaille …] ; il s’agit du sergent major Domero Dominique, extradé du Zaïre le 23 août 1995 avec le colonel Ningaba, du sergent major Edouard Nsabimana et du caporal Ndayiragije. Selon la radio nationale RTNB, ils auraient été abattus dans une tentative de fuite. Des observateurs sur place pensent qu’ils ont été éliminés pour ne pas témoigner devant la Commission d’Enquête Internationale.
A Kayanza, Athanase Ndayisaba, conseillé du Gouverneur, membre de l’UPRONA est assassiné à cause de son ethnie par les milices-déplacés-armée. Avant d’être nommé conseiller, il avait accepté la charge de directeur du Lycée de Kayanza, alors que ses deux prédécesseurs avaient été assassinés. D’autres Barundi “upronistes” figurent sur la “liste de mort” de ces milices qui les soupçonne d’être à la solde de la Résistance.

29 décembre 1995, à Bujumbura, les rumeurs d’un coup d’Etat en préparation sous le commandement de Pierre Buyoya, ancien président du Burundi, qui aurait révélé son intention de reprendre le pouvoir pour “instaurer une vraie démocratie”, persiste … Les Etats-Unis ne s’y opposeraient pas.
Adrien Sibomana, député “uproniste”, ancien Premier ministre du président Pierre Buyoya, échappe à un attentat perpétré par les milices.
Mzé Julius Nyerere, ancien président de la Tanzanie, envoyé au Burundi au nom du Centre Carter pour tenter une réconciliation, se convient avec le président du Parlement d’une ligne de conduite. S’agissant des voies de solution à la crise, les deux personnalités ont échangé sur l’opportunité d’organiser une table ronde consécutive au cessez-le-feu, regroupant toutes les parties en conflit, sur l’issue des enquêtes internationales, sur l’identification des criminels et sur les modalités d’organiser le débat national.

30 décembre 1995, à Bujumbura, 200 Belges quittent le Burundi pour un “congé des fêtes de fin d’année”. La publication des prévisions budgétaires du gouvernement pour 1996 ne fait aucun doute. Sur un budget de 51 milliards de Fbu, 11,8 milliards vont à l’armée (+ 14,5%), 4,5 milliards à l’enseignement de base (-6,5%)…
A Bruxelles, le porte parole du CNDD, Jérome Ndiho, confirme que les deux leaders extrémistes, le colonel Kabora Kosan, chef du PALIPEHUTU et le major Savimbi du FROLINA sont exclus du CNDD pour indiscipline. Les Résistants-FDD s’attaquent uniquement à des objectifs militaires.
A Londres, la Chronique d’Amnesty International révèle que le 26 octobre 1995, 250 Barundi ont été massacrés par les milices encadrées par l’armée à Tangara, dans la province de Ngozi.

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