DAM, NY, AGNEWS, le 11 décembre 2009
[ Iteka qualifie les FDD de milices génocidaires; propose une politique de défense civile; et refuse le dialogue avec le CNDD / le Plan de défense civile solidaire / le colonel Firmin Sinzoyiheba, ministre de la Défense ouvre les portes à BUYOYA / Coup d’Etat le 25 Juillet 1996.]
1 avril 1996, les combats entre la Résistance et l’armée putschiste s’étend désormais à presqu’à l’ensemble du pays ; dans les provinces de Bururi, Makamba, Cibitoke, Muyinga, Karuzi et Gitega. En province Bururi, à Buyengero , enterrement officiel de 10 militaires … En province Cibitoke, commune Mabayi, à Rutabo, le Front Patriotique Rwandais (FPR) participe aux combats au côté des FAB. Ils tuent des citoyens barundi …
7 avril 1996, la Ligue des Droits de l’Homme Iteka fait une déclaration “sur les violences actuelles des bandes armées”, dont les plus connues sont les FDD qu’il qualifie de milices génocidaires [pourtant des Résistants]… Aucune allusion aux massacres commis par les forces de l’ordre et les milices pro-putsch, rebelle à la démocratie.
16 avril 1996, à Londres, lettre d’Amnesty International au président du Burundi, elle condamne l’appel du Premier ministre à l’autodéfense, la justice populaire, les tueries (“au moins 400 personnes dans la province de Bururi”), les violations des droits de l’homme par les forces de l’ordre, les appels de la radio nationale à la “chasse à l’homme” dans le style de la Radio Télévision Libre des Mille Collines et des Interahamwe lors du génocide rwandais.
20 avril 1996, le secrétaire du parti UPRONA adresse au Président du Burundi une lettre de reproches extrêmement sévère ; il propose une stratégie d’autodéfense civile détaillé en 9 points dont la chasse “aux éléments de l’administration gagnés, la cause des ennemis”.
23 avril 1996, à Nairobi, le HCR déclare qu’ il a au total 208.374 réfugiés burundais enregistrés: 70.033 dans la région de Ngara et 25.962 à Kigoma, en Tanzanie, 109.374 dans la région d’Uvira (Zaïre).
26 avril 1996, manifestation des milices extrémistes pro-putsch contre M. Marc Faguy, ambassadeur spécial de l’ONU au Burundi, parce qu’il est favorable aux négociations avec le CNDD.
29 avril 1996, à Bujumbura, la Ligue Burundaise des Droits de l’Homme Iteka lance un cri d’alarme ; elle critique sévèrement le gouvernement, le Parlement, la Communauté. Internationale et propose des mesures efficaces, entre autres une politique de défense civile [armer les milices-étudiants-déplacés] et le refus du dialogue avec les “génocidaires”. La ligue Iteka semble trépassée sous l’influence de la tendance radicale pro-putsch.
A Bruxelles, la Communauté burundaise se souvient du Génocide de 1972. En Province de Gitega, à Mutoyi, en commune de Bugindara, 234 Barundi ont été massacrés par l’armée burundaise.
3 mai 1996, en Province Bubanza, commune Musigati, l’armée ouvre le feu sur le marché de Kivyuka. Quelque 400 à 800 Barundi sont tués par l’armée FAB-APR. L’accès du lieu du sinistre est interdit à la Croix Rouge. Les résistants-FDD détruisent des pylônes. Le CNDD qui revendique la destruction des pylônes, condamne le massacre et exige une enquête internationale face à l’ampleur … A Kinshasa, Mobutu ferme la frontière avec le Burundi.
5 mai 1996, à Bruxelles, le groupe Iteka de Belgique [en opposition avec la structure au Burundi] fait une déclaration sur la situation critique des droits de l’homme au Burundi ; il condamne les violences perpétrées par les milices et les forces de l’ordre, le rôle ambigu du président de la République, l’impunité, les partis pris, l’appel à l’autodéfense civile [armement des milices]…
10 mai 1996, à Bruxelles, le débat au Parlement européen sur la crise burundaise vote de résolutions dont l’appui à la demande de M. Boutros Boutros Ghali de déployer une force de prévention dans la Région des Grands Lacs.
A Fribourg (Suisse), dans une interview au journal La Liberté l’évêque de Bujumbura, Mgr Simon Ntamwana, accuse les médias, les milices et l’armée. “La bombe ethnique est en marche”, déclare-t-il.
Le Premier ministre adresse un message aux gouverneurs de province et aux commandants des régions militaires. Il s’explique sur son “Plan de défense civile solidaire” [armement des milices-déplacés-étudiants-] qui a provoqué des remous.
A Uvira (Zaïre), le HCR enregistre 16.700 nouveaux réfugiés burundais depuis le 29 avril.
12 mai 1996, Bujumbura, les parlementaires adressent une lettre de mise en garde au ministre de la Défense ; dans le contexte actuel, quiconque se lancerait dans un coup d’Etat serait un aventurier dangereux et même génocidaire. Le ministre de la Défense aurait dit qu’il soutiendrait un nouveau putsch devant le Parlement.
13 mai 1996, en Province Cibitoke, commune Buganda, M. Sylvestre Mvutse, gouverneur de la province de Cibitoke, est tué par l’armée burundo-APR-Ougandaise.
16 mai 1996, à Bujumbura, le président de la République NTIBA intervient sévèrement devant la Commission de la Sécurité : “Ou bien les personnes charg.es de ces services (de la sécurité.) sont des incapables et des incompétents, ou bien elles sont complices”.
Le ministre de la Défense, le Lt-Col. Firmin Sinzoyiheba, se justifie dans une lettre au président du Parlement à propos de son appui à l’éventualité d’un putsch contre le président de la République.
17 mai 1996, à Addis Abeba (Ethiopie), le Secrétaire Général de l’OUA, M. Salim Ahmed Salim, lance un appel pressant au Burundi pour que les parties en conflit [ CNDD et l’Etat-armée ]parviennent à une solution par le dialogue.
En Province Gitega, à Giseke , près de 100 Barundi sont massacrés par les milices-déplacés-armée.
21 mai 1996, Bujumbura, les résistants-FDD montrent qu’ils sont à Bujumbura. Ils coupent le courant électrique pendant la journée. De nombreuses Marches manifestations de l’UPRONA contre l’envoi de troupes de l’ONU au Burundi, en réponse à l’arrivée pour une visite de deux jours de M. Julius Nyerere dans le cadre des pourparlers engagés par le Centre Carter.
22 mai 1996, à Bujumbura ; des miliciens Sans Echec, encadré par des gendarmes, tentent d’assassiner le directeur de la Sécurité Intérieure, M. Ndayisaba Rénovât. Il reçoit 5 balles dans le corps …
23 mai 1996, en Province de Muramvya, commune Kiganda, les milices-déplacés-étudiants -armés massacrent au grand jour plusieurs paysans depuis une semaine. Près de 319 cadavres, 66 à Busoro, 9 à Nkonyovu, 33 à Bupfunda, 13 à Matyazo, 58 à Kanerwa, 3 à Kinyovu, 105 à Rugoreka, 20 à Bunyoni, et 12 à Mubuga. Mais les habitants parlent de 1258 civils tués.
A Gitega-ville, quartier “Swahili”, les mêmes milices attaquent pour purifier la ville. 17 morts ! Le quartier “Swahili” s’est vidé de sa population.
26 mai 1996, à Bujumbura, le président de la milice SOJEDEM, M. Déo Niyonzima, appelle les patriotes à se lever contre la préparation de la recolonisation du Burundi par la France et à faire la guerre aux ennemis de la nation qui veulent parachever le génocide des Tutsi et des Hutu “non frodébistes”.
27 mai 1996, en Province Cibitoke, le Major Nduwayo est assassiné par ses collègues, sans doute pour l’empêcher de témoigner sur l’assassinat du gouverneur Sylvestre Mvutse, auprès de la Commission d’enquête.
28 mai 1996, en Province de Gitega, à Higiro, les militaires tuent 28 citoyens barundi. De suite, un affrontement entre les résistant-FDD et l’armée est enclenché. Les militaires se replient…
31 mai 1996, à Bujumbura, les milieux extrémistes pro-putsch commence à paniquer. L’armée et les milices-déplacé subissent de trop lourde pertes à l’intérieur du pays face à la résistance.
Psychose de panique dans la capitale ; les familles qui en ont les moyens font évacuer leurs familles ; 17 camions partent vers l’Uganda.
1 juin 1996, à Bujumbura, le président du Burundi, M. Sylvestre Ntibantunganya, déclare que l’assistance sécuritaire étrangère sera mise sous le commandement national afin d’apaiser les FAB. Le débat sur la forme de cette présence militaire étrangère va déjà bon train ; de l’intervention, on est passé à l’assistance, puis à la coopération non seulement militaire mais aussi politique, diplomatique et policière. L’ambassadeur de France à Bujumbura déclare : « Aucun soldat français n’arrivera au Burundi, à moins d’une crise humanitaire totale ».
Dès ce moment, la France vient de choisir son camp [celui des FAB – Buyoya] …
5 juin 1996, à Bujumbura, la commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat du président Melchior Ndadaye et les massacres qui s’ensuivirent quitte le Burundi pour déposer son rapport aux Nations Unies.
A Cibitoke, 3 expatriés du Comité International de la Croix Rouge (CICR) sont tués par l’armée burundaise dans une embuscade à Rubanga, dans la province de Cibitoke. Il s’agit de MM. Reto Neuenschander, Suisse, Juan Ruffino, italien et Cédric Martin, suisse. La zone est devenue un territoire occupée par les armées FAB, APR, et l’armée ougandaise. Les étrangers ne doivent pas savoir ce qui s’y prépare …
5 juin 1996, à Bujumbura, 5 prêtres rebelles à la démocratie au Burundi écrivent une lettre aux évêques du Burundi pour dénoncer les négociations avec le CNDD.
6 juin 1996, à Bujumbura, 28 ONG suspendent leurs activités pour une semaine, suite à l’assassinat des trois membres du CICR par l’armée burundaise.
8 juin 1996, à Bujumbura , dans une interview, le ministre de la Défense, afin d’haranguer ses troupes, se dit opposé à une intervention étrangère non souhaitée par le gouvernement ; la victoire de Nyangoma n’est pas pour demain ; il félicite l’armée mais il la met en garde contre les “bavures” qu’elle commet.
9 juin 1996, à Bujumbura, les coopérants français s’en vont suite à la fermeture de l’école française, à la suspension de la coopération militaire et à la réduction importante des coopérants à cause de l’insécurité. Par ailleurs, on annonce l’arrivée de 28 médecins d’une ONG sud-africaine Tropicals Doctors.
10 juin 1996, à Bujumbura, la Radio Nationale [devenu un instrument de l’armée ETAT] annonce les pourparlers de Mwanza III.
L’ancien directeur du Lycée de Kibimba comparaît devant la Chambre Criminelle de accusé, sans défense, d’avoir livré des élèves tutsi aux bourreaux qui les ont brûlés. L’affaire est reportée au 24 juin.
Le ministre de la Défense exclut l’hypothèse d’un coup d’Etat de l’armée ; il lance un Avertissement à tous les dirigeants du Burundi pour qu’ils se remettent en cause : “On doit cesser de mentir à ce peuple, de le manipuler, d’abuser de sa patience”.
Des règlements de compte au sein des FAB a lieu. Certains n’admettent pas l’arrivée des officiers de l’APR au sein du commandement burundais. D’autres sont contre les massacres des FAB a l’encontre des Barundi. L’assassinat du lieutenant Ngendakuriyo qui avait fait exécuter l’ordre de tuer le député Bibiane Ntamutumba à Cib
itoke ; on pense qu’il a été éliminé, comme le Major Nduwayo, pour supprimer des témoins gênants.
11 juin 1996, en Province de Gitega, M. Jean Philippe Niyonzima, administrateur de la commune d’Itaba, est assassiné par des milices Sans Echecs & déplacés.
12 juin 1996, en Province de Kayanza, les résistants-FDD viennent au secours des habitants des communes de Matongo et de Muhuta. Les milices-état-armée-déplacé-APR venues saccager les habitants de ces communes tombent nez à nez face aux Résistants-FDD.
Le bilan est lourd de part et d’autre. En Province de Bubanza, les militaires-APR-FAB tuent 7 personnes d’une famille. Les résistants-FDD détruisent un pylône électrique.
En Province Muramvya, des affrontements entre les résistants et les militaires se poursuivent. 4 militaires sont tués. En commune de Mutambu, 111 citoyens Barundi sont massacrés par les para du camps militaire de Musaya.
A Londres, Amnesty International accuse des groupes politiques burundais et l’armée d’avoir délibérément massacrés des dizaines de milliers de civils ; elle rend l’armée responsable de l’assassinat de M. Sylvestre Mvutse, gouverneur de la province de Cibitoke, ainsi que des massacres de Buhoro et de Kivyuka, qui ont fait chacun environ 300 morts.
A Nyeshenza, en commune de Mugina, [Cibitoke], 500 Barundi sont massacrés par les militaires.
13 juin 1996, la Radio Télévision Nationale accuse Amnesty International de rendre faussement l’armée coupable de forfaits. En colline de Kibimba,à Gitega, entre 70 et 100 Barundi [femmes et enfants compris] sont achevés à la baïonnette par des militaires FAB.
14 juin 1996, à Addis Abeba, le secrétaire général de l’OUA déclare que l’OUA est prête à soutenir une intervention militaire au Burundi mais qu’elle attend aussi des troupes de maintien non africaines, tout comme elle l’a fait en Bosnie.
A Bujumbura rural, l’armée et les résistants –FDD s’affrontent à Mubona dans la commune de Kabezi. 50 résistants morts, et 70 militaires tués…
15 juin 1996, à Bujumbura : un enseignant français, M. Valliès, est grièvement blessé par des miliciens Sans Echecs.
17 juin 1996, à Washington, la Maison Blanche nomme le Dr Howard Wolpe comme envoyé spécial des Etats-Unis au Burundi.
18 juin 1996, à Bujumbura : M. Jules, coopérant français, est blessé par des Sans Echecs à son domicile. Paris et Bujumbura ont garde le silence sur les deux attentats commis contre des Français ces derniers jours.
20 juin 1996, à Bujumbura, au cours d’une rencontre avec les représentants de la presse, le président de la République critique sévèrement la partialité de certains journalistes. La Radio Télévision Nationale dénonce à son tour les communiqués de presse de l’agence Reuter, entre autres au sujet des tueries à Rutegama.
En Province Ruyigi, l’armée est pris de cours… Elle n’arrive plus à défendre le camp des déplacés de Butezi dont nombreux parmi ces derniers sont recrutés pour aller terroriser les citoyens barundi dans leurs paisibles collines. Les Résistants désormais attaquent ces camps devenu des bases militaires. Les milices-déplacés-armée viennent de massacrer à Butezi, à Ruyigi et à Butaganzwa.
23 juin 1996, en province de Gitega, les milices-déplacés-armées massacrent. Mumuri, Mwaro-Kavumu, Gihamagara, Gasasa, Kagenda,Karoba, Janja, Muhororo, Murenda, Kinyonza et Ntita. Depuis un mois, des milliers de citoyens ont été tué accusés d’aider les Résistants.
A Cibitoke, plusieurs centaines de militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise sont entrés dans la province frontalière de Cibitoke où ils combattent aux côtés des militaires burundais.
25 juin 1996, à Arusha (Tanzanie), le Président Julius NYERERE réunit six chefs d’Etat africains pour “sauver le Burundi”. Le gouvernement du Burundi demande à ses amis et voisins une assistance militaire pour faire cesser les massacres ; il ne s’agit pas d’une intervention.
Une commission technique est crée pour évaluer la forme et le volume de cette assistance. Le Président et le Premier ministre du Burundi participent à la réunion. Selon le communiqué d’Arusha, “une solution durable doit être basée sur la démocratie et la sécurité pour tous”.
A Bujumbura, dès le lendemain, le président de l’UPRONA, parti de l’opposition, M. Charles Mukasi, dénonce violemment le principe d’une assistance militaire; il accuse de haute trahison le président de la République et le Premier ministre et appelle le peuple à la résistance. Un porte-parole de l’armée rapporte que l’UPRONA est divisée sur cette question. L’avancé de la résistance-FDD fait peur. Certains se disent intéressés par cette voie car ces accords prévoient
une force composée essentiellement de militaires tanzaniens et ougandais [déjà présent au Burundi] … Mais en réalité, ce qui dérange à l’UPRONA, c’est que le Rwanda et l’Ouganda qui font désormais les arbitres « Voient-ils BUYOYA ou BAGAZA ? » Les petits partis pro-putsch, et le PARENA sont contre cette envoie de troupe.
27 juin 1996, en Province de Cibitoke, à Mabayi, selon un communiqué du CNDD, un millier de citoyens Barundi ont été massacré à Shenyenza [pour soutient à la Résistance] par des militaires burundais et des soldats de l’armée rwandaise établis à Mabayi. Toujours selon le CNDD, il y a également des soldats rwandais dans la province de Kirundo et dans la ville de Bujumbura. Lors des combats à CIBITOKE, la Résistance-FDD a perdu de nombreuses vies. Mais l’armée aussi …
29 juin 1996, A Bujumbura, le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, M. Fabien Segatwa, informe par lettre le président de la République … Les militaires, en représailles à l’aide que fournissent les populations à la Résistance, auraient massacré des centaines de Barundi dans la région de Nyeshenza. Des éléments de l’Armée Patriotique Rwandaise se sont établis à Mabayi ; ils auraient fait beaucoup de victimes dans le secteur de Miremera.
Selon plusieurs sources d’information, le CNDD a créé son administration parallèle dans 11 des 15 provinces du pays.
1 juillet 1996, à Bujumbura, arrivé de deux hauts responsables américains et d’un .émissaire spécial de la Belgique.
A Uvira (Zaïre), au camp des réfugiés de Kagunga, arrivée de 3.400 réfugiés burundais en provenance de la province de Cibitoke. 2.500 autres ont fui vers le Rwanda, malgré aux informations qui circulent grâce aux résistants – qui font état d’assassinats de masse – une fois arrivée dans ce pays.
1600 Barundi ont été assassinés le 29 juin 1996 en province Cibitoke, selon quatre témoins adressant une lettre au président de la République, perpétrés par l’armée burundaise et des soldats rwandais dans les communes de Mugina, Mabayi et Rugombo. Leurs maisons ont été pillées et brulées. Ils tentent d’y faire régner un climat de terreur.
2 juillet 1996, à Bujumbura, le Premier ministre, M. Antoine Nduwayo, accuse le président de la République de vouloir neutraliser l’armée burundaise par une intervention étrangère.
3 juillet 1996, 6.500 Barundi fuient les combats rudes entre les résistants-FDD contre les armées Ougandaise-Rwandaise-Burundaise en province de Cibitoke [frontalière du Zaïre]. 22.000 déplacés ont besoin d’une aide d’urgence dans la province de Cibitoke, selon le HCR.
5 juillet 1996, à Bujumbura, à l’issue d’une réunion du Conseil National de Sécurité devant adopter une position commune sur l’assistance militaire étrangère, les responsables concernés déclare avoir trouvé une entente parfaite sur les modalités de l’intervention étrangère au Burundi, chose surprenante, compte tenu des divergences de point de vue entre le président de la République, le Premier ministre et l’armée.
Quelques 5.000 jeunes [milices-déplacés pro-putsch] accompagnés du Premier ministre manifeste contre l’intervention militaire étrangère ; le médiateur tanzanien, M. Julius Nyerere, est conspué et accusé de soutenir les génocidaires …
A Teza, en commune de Bukeye [ Muramvya], la Résistance affronte les milices-déplacés-armée. Bilan est 80 déplacés tués.
8 juillet 1996, à Yaoundé, ouverture du 32ème sommet des chefs d’Etat africains à l’ordre du jour, la crise burundaise et les réfugiés rwandais.
9 juillet 1996, à Bruxelles, dans un communiqué de presse, le CNDD exige du Rwanda et de l’Ouganda de retirer sans délais et sans conditions leurs troupes du Burundi, en particulier dans la région de Cibitoke.
A Bujumbura, 9 partis pro-putsch [PIT, INKINZO, RADDES, ANADE,ABASA, PSD, PRP, PARENA dont l’UPRONA] dite de l’opposition, bien qu’au gouvernement, signataires de la Convention de Gouvernement, écrivent aux chefs d’Etat africains réunis à Yaoundé pour attirer leur attention sur le génocide (des Tutsi) en cours, sur l’inopportunité de l’intervention militaire étrangère et l’incapacité des dirigeants burundais à assurer la paix.
10 juillet 1996, à Yaoundé, le sommet de l’OUA se prononce en faveur d’une assistance militaire étrangère au Burundi, déjà proposée au sommet régional d’Arusha.
À Bruxelles, l’hypocrisie se vit au grand jour. L’ambassadeur extraordinaire de la Belgique en Afrique Centrale, M. Yves Haesendonck, déclare devant le Sénat que “les Tutsi voient dans l’arrivée d’une force militaire étrangère d’intervention un moyen de contrôler l’armée burundaise qu’ils perçoivent comme leur dernière garantie de survie“. Le même discours taillé sur mesure par certains diplomates américains et britanniques qui ne souhaitent nullement cette force internationale dans la région de peur de compromettre l’opération qui se prépare dans cette région des Grands Lacs. Bref, la Belgique est priée de ne pas bouger. Le ministre belge des Affaires étrangères, M. Eric Derycke, y déclare “qu’il n’y aura plus jamais de militaires belges engagés dans une de nos ex-colonies“. Le message rassure Washington, Londres, Kampala, Kigali (et Bujumbura [l’armée putschiste])
12 juillet 1996, à Bujumbura, l’armée burundaise putschiste est acculée à travers toutes les régions du pays. De nombreux jeunes miliciens-déplacé et des militaires meurent face à une machine de résistants qui commencent à prendre … Si bien que le colonel Firmin Sinzoyiheba, ministre de la Défense, [Firmin Sinzoyiheba était le directeur de cabinet du major Buyoya, lorsque celui -ci était président de la République de 1987 à 1993]déclare ne rien attendre des armées étrangères pour le rétablissement de la paix. Il tolérerait un commandement mixte avec un effectif maximal de 5.000 étrangers.
D’autres militaires et politiciens de l’UPRONA, et du PARENA, acculés par le FPR et les forces ougandaises, ne souhaitent nullement la venue d’une force étrangère qui risqueraient de compromettre ce qui se préparent …
13 juillet 1996, Bujumbura : une note du Secrétaire d’Etat à la Sécurité, M. Fabien Segatwa, datée du 29 juin, fait état d’attaques de l’armée rwandaise FPR [avec les FAB] dans la province de Cibitoke ; elle aurait établi des campements à Mabayi. Les résistants-FDD et PALIPEHUTU font face à un mur. Beaucoup succombent face à des militaires bien armés et trop équipés. Les Ougandais, et les Rwandais renforcent leur militaires comme-ci ils se sont donné comme objectif la prise de cette région [Bubanza-Cibitoke].
15 juillet 1996, à Bujumbura, une manifestation de plusieurs centaines d’étudiants contre l’intervention militaire étrangère. Le président de la SOJEDEM, M. Déo Niyonzima, met le colonel Jean Bikomagu [chef d’état Major ] en garde contre l’admission au Burundi d’une force étrangère qui ferait le jeu des “génocidaires Ntibantunganya et complices”.
17 juillet 1996, à Bujumbura, visite du Dr Réginald Moreels, Secrétaire d’Etat à la Coopération belge. Le même jour, c’est troisième journée de protestation des étudiants universitaires contre l’intervention étrangère. La Chine fait don de 700 millions de Fbu au gouvernement du Burundi et rééchelonne la dette.
18 juillet 1996, à Bujumbura, les responsables des syndicats de l’enseignement secondaire maintiennent la grève [accompagné du parti PARENA] malgré les pourparlers du ministre de l’Enseignement avec les syndicats et les parents des élèves.
20 juillet 1996, en Province de Gitega, les résistants, face aux attaques de plus en plus accrus de milices-armées-déplacés pro putsch, décident d’affronter en face à face à Bugendana à l’ennemi. Beaucoup de résistants meurent, mais le bilan du côté du milices-armées-déplacés pro putsch est aussi considérable. L’armée burundaise en prend un coup ! Les déplacés ne veulent plus participer aux razzia organisés avec les autres milices en compagnie des militaires contre les citoyens barundi locaux. Désormais, les déplacés en payent un coup considérable. La résistance est devenue trop organisée. Entre 200 et 300 morts sont à déplorer du côté résistant, et 350 environ du côté du camp pro-putsch. Les combats ayant eu lieu dans le camp de déplacés de Bugendana, super protégé par l’armée, des victimes civiles sont à déplorer.
Plus 160 blessés et 255 personnes ont pris la fuite. Le Premier ministre et l’armée, décident de médiatiser les victimes civiles afin d’attirer l’opinion internationale sur le fait que ce n’est pas l’armée qui tue des civiles au Burundi. Ils accusent les résistant-FDD de ce crime tandis que le CNDD en rejette la responsabilité sur l’armée-état-milice-déplacé. Comme autre exemple, le CNDD rappelle les nombreux morts civiles tués par l’armée-état-milice-déplacé dont celui de Buhororo, avec 235 citoyens lynchés, dont 136 femmes et 87 enfants. La stratégie de l’armée-état est de surfer sur ce qu’il appelle la massacre de Bugendana. Le Premier ministre décrète un deuil national de 7 jours en mémoire des victimes. Dès lors, la RTNB diffuse des incitations à la haine et à l’affrontement ethnique.
Le CNDD dénonce le régime d’utiliser cet événement au niveau national et international afin de préparer un Coup d’Etat. Le régime tente de préparer l’opinion avec des stratèges de la communication.
21 juillet 1996, en Provinces de NGOZI, 3.400 réfugiés rwandais des camps de Kibezi et de Ruvumu sont des rapatriés de force vers le Rwanda, à l’insu du HCR.
22 juillet 1996, à Bujumbura, l’appel d’un arrêt du travail lancé par M. Jean Baptiste Bagaza, président du parti pro-putsch PARENA [contrôlant les leaders de syndicats barundi], est largement suivi dans la capitale.
23 juillet 1996, en Province de Gitega, à Bugendana, l’Etat-armée-milice-déplacé putschiste organise, suite à une médiatisation forte, pour la première fois, des funérailles de 341 morts lors de l’interaction qui a durée plusieurs jours entre une coalition déplacé-milices-armée face à la Résistance le 20 juillet 1996.
24 juillet 1996, à Bujumbura, le bureau exécutif de l’UPRONA, principale formation d’opposition [pourtant membre du gouvernement] se disant de la minorité tutsi, se retire du consensus autour de M. Sylvestre Ntibantunganya qu’il accuse d’actes de haute trahison et de collaboration évidente avec l’ennemi. Ces propos correspondent à une dénonciation implicite de la Convention de Gouvernement signée le 10 septembre 94 entre les partis de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition. Le président de la République et le président de l’Assemblée Nationale, isolées par le régime armée-état-milice-déplacé, condamnent ceux qui s’opposent à la Convention de Gouvernement et qui se livrent à des actes de
déstabilisation. Ces déclarations et des manifestations dans la rue réclament un changement de pouvoir.
25 juillet 1996, Bujumbura, dès le matin, craignant pour sa sécurité, le président de la République NTIBA se réfugie à la résidence de l’Ambassade des Etats Unis, d’où il adresse un message à la nation par la voie des ondes et lance un appel au calme.
Le Premier ministre, M. Antoine Nduwayo, préparant la déclaration de son ministre de la défense annonce sa démission et celle du gouvernement NTIBA. Vers 17 h, un coup d’Etat militaire est annoncé par le ministre de la Défense, le colonel Firmin Sinzoyiheba. Il dit remettre à la tête de l’Etat l’ancien président, le Major Pierre Buyoya. Le communiqué officiel justifie ce coup d’Etat par la “démission de fait” du président de la République, M. Sylvestre Ntibantunganya, retranché à l’Ambassade des Etats Unis.
Le parti FRODEBU dénonce le coup d’Etat et déclare : “encore une fois Pierre Buyoya est bel et bien l’assassin de Melchior Ndadaye. De ce fait, Pierre Buyoya est à l’origine de tous les malheurs que notre pays et le peuple burundais tout entier endurent depuis la nuit tragique du 21 octobre 93”. Il condamne énergiquement l’UPRONA, le PARENA, leurs partis satellites et les militaires rebelles à la démocratie pour le passage du coup d’Etat rampant au coup d’Etat brutal. Il prend acte, avec satisfaction, de la condamnation de ce coup d’Etat par les Etats Unis et le Conseil de Sécurité. de l’ONU ; il appelle la communauté internationale à faire de même ; il demande une intervention militaire étrangère pour des raisons humanitaires et pour éviter que le génocide ne s’accélère.
26 juillet 1996, au Québec, la Communauté Burundaise du Canada condamne vigoureusement le coup d’Etat ; et en appelle à la Communauté. Internationale pour obliger les putschistes à remettre le pouvoir aux institutions démocratiques.
28 juillet 1996, le putschiste Major Pierre Buyoya rencontre les responsables de milices pro-putsch – et des déplacés, parmi les jeunes. A l’ambassade des Etats Unis, à Bujumbura, le Major Pierre Buyoya rencontre l’ambassadeur des USA , et le président de la République, M. Sylvestre Ntibantunganya.
29 juillet 1996, à BUJUMBURA, le putschiste Major Pierre Buyoya rencontre les membres du corps diplomatique, et les représentants des confessions religieuses.
30 juillet 1996, Suite au coup d’Etat du 25 juillet 1996, le Secrétaire Général de l’OUA, M. Salim Ahmed Salim appelle la communauté internationale à isoler le nouveau pouvoir de BUYOYA et à le sanctionner. Des nombreuses condamnations se sont succédé allant – du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Boutros Boutros Ghali du Conseil de Sécurité des Nations Unies ; et – des Etats Unis d’Amérique.
M. Jean Baptiste Bagaza, furieux de ne pas avoir pris la place de BUYOYA, invite “les patriotes [les milices pro-putsch] à poursuivre leur action de vigilance pour la sauvegarde de la paix et de la souveraineté nationale”.
Dès son putsch le Major Pierre Buyoya se rend à Kampala [suite aux conseils d’officiers FPR] afin de rassurer le président de l’Uganda, MUSEVENI. BUYOYA est non pas comme un chef d’Etat mais comme “chef d’une faction puissante”.
La Tanzanie, le Kenya, et le Zaïre condamnent .également le coup d’Etat, tandis que les pays d’Europe restent dans l’expectative, commencer par la Belgique qui s’est limitée à des déclarations évasives. S’il regrette le putsch, le ministre belge des Affaires étrangères estime que “la personnalité de Pierre Buyoya n’était pas la plus mauvaise, qu’il faudrait le juger sur ses actes et que Bagaza préparait un coup d’Etat”.
31 juillet 1996, le Président du CNDD, M. Léonard Nyangoma, appelle la population au calme : “De grâce ne commettez pas de crime contre votre compatriote ou votre voisin. Ne versez pas le sang de votre semblable, sous aucun prétexte que ce soit. Ne tombez pas dans le piège de ces criminels putschistes ; ne vous inquiétez pas outre mesure de ce régime putschiste, car ses jours sont comptés”. Les démocrates demande la publication du rapport d’enquête judiciaire sur les responsabilités dans l’assassinat du président Melchior Ndadaye. A Muramviya, en commune de Bukeye et Kiganda, 500 Barundi sont massacrés par les milices-militaires-déplacés.