10 – BURUNDI – LA GUERRE CIVILE (1993-2003) : [1996] Ma jeunesse à la guerre – 10ème Partie / BUYOYA prépare son Coup d’Etat / Forces Armées Ougandaises, et Rwandaises à Cibitoke et Bubanza / L’UPRONA contre les négociation avec le CNDD
photo : bdiagnews
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DAM, NY, AGNEWS, le 9 décembre 2009

1 janvier 1996, à Bujumbura, quelques grenades et coups de fusil pendant la nuit. Assassinat de plusieurs personnes dans le quartier de Buyenzi, aux 15e et 16e avenues, et quelques blessés. Les Résistants ont du mal au Centre ville. De nombreux succombent.

A New York, Mme Madeleine Albreight, ambassadeur des Etats Unis aux Nations Unies, a déclaré que son pays s’opposerait avec détermination à toute tentative de coup d’Etat au Burundi.

3 janvier 1996, à Bujumbura, l’armée burundaise putschiste – FAB – exprime son opposition à l’envoi de gardes proposés par l’ONU pour la protection du personnel humanitaire, de même au déploiement d’une force internationale au Zaïre ; cela reviendrait à une “ingérence étrangère”.

Des militaires, des gendarmes et des milices chassent les déplacés [provenant des quartiers Bujumbura ayant subit les fougues des raids d’épurations ethniques par les milices-armées] et détruit leurs abris au camp du Monument de l’Unité. Ces déplacés là, contrairement aux autres, doivent déguerpir scandent les forces de l’ordre.

A New York, les Nations Unies ont rendu public un nouvel appel de leur Secrétaire Général, Boutros Boutros Ghali, au Conseil de Sécurité ; il demande un déploiement préventif de troupes de l’ONU au Zaïre afin qu’elles puissent intervenir au Burundi menacé de violences ethniques à l’échelle massive.

A Paris, à l’occasion de son passage à Paris, le Secrétaire Général de l’OUA, Salim Ahmed Salim, a fait part au président Chirac de sa “très vive préoccupation concernant la situation des Grands Lacs”. Comme à Addis-Abeba, on s’étonne que les médias internationaux se taisent sur l’ampleur de la catastrophe qui se prépare [les journalistes étrangers n’ont plus droit de couvrir les évènements au risque d’avoir une balle des FAB qui se perdent] ; la pression de l’opinion publique pourrait inverser ce processus destructeur. Les observateurs voient que la Résistance s’organise et gagne peu à peu du terrain.

4 janvier 1996, à Bujumbura, selon un rapport du HCR, quelque 5000 Barundi ont fui leur pays pour se rendre au Zaïre pendant le mois de décembre.

Le gouvernement du Burundi répond à Boutros Boutros Ghali que seul le Burundi doit pouvoir trouver des solutions à ses problèmes.

En Province de Bubanza, le colonel Karenzo est nommé gouverneur de la province, après la démission du Hermann Tuyaga qui craignait pour sa vie. C’est la 3e province, après Muyinga et Ngozi, qui est désormais gouvernée par un militaire.

A Washington, le Département d’Etat américain déclare qu’il partage les inquiétudes du Secrétaire Général de l’ONU concernant la violence au Burundi. Il se dit prêt à soutenir les NU et la Communauté internationale pour améliorer la situation.

A New York,le Conseil de Sécurité des NU n’a pas obtenu un consensus sur le déploiement de troupes dans la région des Grands Lacs ; il s’est limité à une déclaration non contraignante et souhaite avoir plus d’informations.

5 janvier 1996, Bujumbura, le parti PALIPEHUTU fait “une mise au point sur la crise socio-politique du Burundi” (6 pages) : historique de la crise, naissance du parti, ses objectifs, en particulier la libération comme préalable absolu de la paix et de la démocratie, justification de la lutte armée, message à la Communauté internationale.

Le parti majoritaire FRODEBU propose de “réfléchir sérieusement à la possibilité d’envoyer une force de protection de la population et de maintien de la paix avant qu’il ne soit trop tardé”

La ville vit sous une panne générale de l’eau et de l’électricité causée par le sabotage de la ligne électrique de Mugere par les Résistants-FDD.

Vénérand Bakevyumusavyi, ministre des Affaires Etrangères, de la mouvance présidentielle, oppose un refus poli à la proposition du Secrétaire Général des NU concernant un déploiement de forces internationales au Zaïre.

6 janvier 1996, à New York, le Conseil de Sécurité des NU condamne les massacres au Burundi mais il n’est pas encore décidé d’envoyer des troupes dans la région.

A Nairobi, le Conseil National de la Défense de la Démocratie (CNDD) et sa branche armée, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), estiment qu’une force internationale serait indiquée à condition qu’elle soit déployée au Burundi et serve de force d’interposition entre les belligérants, en attendant la constitution d’une nouvelle armée.

7 janvier 1996, à Bujumbura, le rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU au Burundi, Paulo Sergio Pinheiro, reporte sa visite à Bujumbura pour des raisons de Sécurité. Dans son rapport aux NU, il avait demandé à l’ONU de menacer le gouvernement du Burundi de sanctions ; il regrettait également le “profond désintérêt de la Communauté internationale et sa grave incapacité d’agir de manière efficace et concertée devant une menace d’explosion à la rwandaise”.

Arrivée de Mme Sadako Ogata, haut commissaire des NU pour les réfugiés, au titre d’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies.

L’armée burundaise “est atteinte au moral” les accrochages avec les troupes de la Résistance-FDD, elle perd en moyenne par semaine des dizaines de victimes dans les rangs de l’armée. Ce n’est plus comme dans du beurre… La Résistance comprend trois branches le PALIPEHUTU et le FROLINA actifs dans le Sud du pays, tandis que les FDD, branche armée du CNDD, opère désormais dans toutes les provinces du pays. Le président du CNDD, Nyangoma, est devenu le plus populaire parmi les Barundi. Le président de la République NTIBA est considéré comme un otage du Premier ministre et des militaires.

Les troupes de la Résistance font des barrages sur les routes d’accès à la Capitale, principalement à Bugarama…

8 janvier 1996, à Bujumbura, après trois jours de coupure suite à un sabotage, l’eau courante alimente à nouveau certains quartiers de la ville ; les habitants de la capitale se plaignent que ” celava de pire en pire”.

A Nairobi, Mme Sadako Ogata, haut commissaire des NU pour les réfugiés, déclare que “des choses terribles se passent actuellement au Burundi. Il s’agit d’une crise politique profonde avec une intense activité militaire“. Elle reconnait ne pas avoir trouvé une solution à la crise ; cependant sa mission a servi à réduire la tension ; plusieurs organisations humanitaires ont repris leurs livraisons d’aide aux 150000 réfugiés rwandais et aux 80000 déplacés burundais.

Selon Amnesty International, il y aurait 400000 déplacés et dispersés à l’intérieur du pays.

9 janvier 1996, à Bujumbura , selon des informations provenant d’organisations humanitaires, l’armée burundaise lance des attaques d’envergure dans les provinces de Cibitoke et de Bubanza, tuant des civils Barundi aussi bien que des Résistants. L’armée nie avoir mené une opération à grande échelle. Les Résistants-FDD font face dans cette région aux armées FAB –APR- et Ougandaise. Apparemment quelques choses se préparent dans cette région frontalière du Zaïre, et du Rwanda.

10 janvier 1996, à Bujumbura, Jean Hélène, correspondant du journal français “Le Monde” et de “Radio France Internationale” se voit confisquer son passeport par la police de l’aéroport alors qu’il s’apprête à rejoindre Nairobi. La police a également épluché son carnet d’adresses dont elle a pris des notes. Il a pu quitter le siège de la Brigade Spéciale de Recherche après un interrogatoire de 45 minutes.

Déo Niyonzima, président du mouvement extrémiste SOJEDEM [milice-pro putsch], Jean Pierre Ndayishimiye au nom du Syndicat des Services des Transports Urbains de Bujumbura (STUB), Justin Kabayabaya au nom du [Syndicat] Conseil National du Personnel de l’Enseignement Secondaire (CONADES), appellent tous les citoyens burundais à un arrêt de travail pacifique, à partir du 15 janvier jusqu’à ce que le Burundi soit doté d’un nouveau président “patriote” ; ils accusent l’actuel président d’être un “monstre, un instigateur des massacres, un génocidaire”.

11 janvier 1996, à Bujumbura, une réunion du Premier ministre avec les présidents des partis politiques, les chefs des régions militaires, les parlementaires et les gouverneurs de province ; le Premier ministre leur demande de limoger les administrateurs communaux qui soutiennent la Résistance.

A Strasbourg, la publication du rapport du FEPAC au Parlement Européen; Augustin Nzojibwami, Secrétaire Général du parti majoritaire FRODEBU demande à la Communauté internationale d’imposer sans conditions au gouvernement du Burundi l’envoi immédiat d’une mission internationale mixte civile et militaire suffisamment représentative pour maintenir

l’ordre et la paix et ainsi pallier aux manquements de l’armée burundaise. Libère Bararunyeretse, représentant du parti de l’opposition UPRONA ne partage pas le point de vue de son compatriote sur la situation au Burundi et la solution qu’il faut y apporter.

A Bruxelles, Armand de Decker, sénateur et président du groupe libéral à l’Assemblée de l’Union Européenne se prononce en faveur d’une intervention de l’EUROCORPS au Burundi.

12 janvier 1996, à Dar-es-Salaam, l’armée tanzanienne dit ne plus tolérer d’incursions de troupes burundaises sous le prétexte du droit de poursuite des rebelles. Il s’agit d’un avertissement du chef des forces armées tanzaniennes, le général Robert Mbama. La Tanzanie a protesté plusieurs fois au cours des derniers mois contre des incursions de militaires burundais.

Depuis Nairobi ,”Reporters Sans Frontières” (RSF) a fait part au président du Burundi de son “extrême préoccupation suite aux harcèlements et menaces dont est actuellement victime le journaliste français Jean Hélène”. Après un interrogatoire à la Brigade Spéciale de Recherche, M. Jean Hélène est interrogé à nouveau par la Police de l’Air et des Frontières (PAFE) pendant deux heures ; elle a retenu son passeport.

13 janvier 1996 , à Bujumbura, M. Baudouin Tuyizere, président du Mouvement pour le Renouveau du Burundi, adresse une lettre au président de la République, dénonçant et condamnant les violations des droits de l’homme dont les forces de l’ordre sont entièrement responsables. Il révèle aussi qu’un millier de jeunes miliciens [pro-putsch] sont arrivés dans le Busoni le 17 février 1995, venant de l’Ouganda où ils ont suivi un entrainement militaire ; ils ont publié une liste de 49 cadres et intellectuels barundi démocrates à assassiner. A leur actif, 27 attentats contre des cadres démocrates et une quinzaine d’attaques dans des écoles.

15 janvier 1996, à Bujumbura, Déo Niyonzima, président de la SOJEDEM, Jean Pierre Ndayishimiye au nom de la STUB, Justin Kabayabaya au nom de la CONAPES, Vital Ngendakuriyo au nom de la SPTT, Juvénat Masunzu au nom du Syndicat Libre des Travailleurs de l’INSS et Philippe Gahungu pour le Syndicat Libre des Travailleurs de la REGIDESO, donnent les instructions à suivre pour exiger du parti UPRONA le retrait de confiance immédiat et inconditionnel en Ntibantunganya, actuel président de la République.

Selon certaines informations, les objectifs à poursuivre seraient : la destitution du président de la République, la levée d’immunité de plusieurs parlementaires démocrates, dont le président de l’Assemblée Nationale, l’exclusion du pouvoir de certains officiers supérieurs modérés, l’exclusion du pouvoir des “upronistes” modérés, la prise du pouvoir par les extrémistes pro-putsch, Jean Baptiste Bagaza du PARENA et Cyrille Sigejeje du RADDES.

Province Muramvya, commune Rutegama : des chefs de colline et des enseignants [soupçonnés être démocrates] sont arrêtés et torturés dans le cachot de la commune.

A Nairobi, le Haut Commissariat des NU pour les Réfugiés déclare qu’au moins 5000 nouveaux Réfugiés burundais sont arrivés dans les camps à l’Est du Zaïre au courant du mois de décembre dernier ; au total ils seraient plus de 100 000.

16 janvier 1996, à Bujumbura dans un article intitulé “Les énigmes”, le journal “La Nation” de tendance extrémiste [pro-putsch] s’interroge sur le rôle de l’ancien président Pierre Buyoya dans le coup d’Etat du 21 octobre 1993.

17 janvier 1996, à Bujumbura, interviewé par le journal belge “De Standaard”, l’ancien président du Burundi, M. Pierre Buyoya, craint une “somalisation” du pays, mais pas de Rwanda 2. Il regrette que la Belgique, le meilleur connaisseur du Burundi, suspende pratiquement sa coopération ; il n’affirme aucune velléité à être candidat à la présidence mais préfère se consacrer à son ONG, la “Fondation pour l’Unité, la Paix et la Démocratie”. L’actualité des dernières semaines avait souvent cité le nom de Buyoya comme solution à la crise burundaise. Suspecté par le FRODEBU et rejeté par la tendance extrémiste de Bagaza, Buyoya bénéficierait de la faveur des Etats-Unis et de pays européens. Le journal burundais “Le Débat” semble accréditer la thèse que M. Pierre Buyoya est seul capable de ramener la paix dans le pays ; il écrit: “Faut-il un mandat international à l’ex-président Pierre Buyoya pour sauver le Burundi” ?

A Bujumbura, l’opération “ville morte” déclenchée par des extrémistes … Le secrétaire général de la coordination de la Sureté et de la Défense, le colonel Jean Bosco Daradangwe, affirme que l’armée est trahie par des extrémistes [de Muramvya] de l’opposition qui manipulent la jeunesse. Certaines sources d’information rapportent qu’il se prépare à Bujumbura un nouveau putsch militaire organisé par des officiers putschistes de Muramvya en conflit avec ceux de Bururi. Une vieille querelle.

18 janvier 1996, à Bujumbura, à cause d’un différent entre le Groupe de Muramvya et de Bururi parmi les putschistes, le parti UPRONA condamne l’opération “ville morte” déclenchée lundi dernier par des groupes extrémistes. Malgré la surveillance serrée des forces de l’ordre, la drôle de grève continue. Le Premier ministre fait une déclaration surprenante aux représentants de la Chambre de Commerce : “Il faut dire la vérité ; si l’on veut déposer le président, il faut suivre la procédure prévue par la Convention de Gouvernement, avec l’accord de tous les partis politiques ; sinon il s’agirait d’un coup d’Etat ; il faudra aussi un nouveau Premier ministre. Pour le moment le Premier ministre n’a plus rien à dire ; le pays est dirigé par des mouvements des jeunes”.

A Genève, M. Paulo Sergio Pinheiro, rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU au Burundi, a déclaré que la Communauté internationale doit menacer le

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Gouvernement burundais de sanctions pour le contraindre à mettre fin aux violences contre les Civiles. “Il s’agit d’un génocide au compte-gouttes, un Rwanda 2, dit-il. Je suis prêt à proposer toutes les sanctions prévues par les conventions internationales. Quel seuil de cadavres doit-on atteindre pour faire quelque chose” ?

19 janvier 1996, à Rome, le président du parti majoritaire FRODEBU, M. Jean Minani, a demandé une intervention immédiate d’une force des Nations Unies pour mettre fin aux massacres qui font en moyenne cent victimes par jour.

A New York, le Conseil de Sécurité des Nations Unies va étudier des mesures limitées pour ramener la sécurité au Burundi, comme l’envoi d’une mission de sécurité technique, sans créer dans l’immédiat une force internationale de maintien de la paix. Selon une source diplomatique, 4 membres permanents du Conseil, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et la Russie, ont demandé au Secrétaire Général des informations plus détaillées sur la situation au Burundi avant d’envisager le déploiement d’une force internationale.

20 janvier 1996,à Bujumbura, Mme Madeleine Albright, représentante permanente des Etats Unis à l’ONU, a déclaré que son pays et la Communauté internationale ne veulent pas voir le Burundi sombrer dans un abime désespérant de violence. A la sortie de son entretien avec le président de l’Assemblée Nationale, elle s’est prononcée pour un dialogue politique de toutes les parties impliquées dans cette crise ; mais il est absolument nécessaire d’arrêter d’abord les violences afin de reconstruire le pays et de poursuivre le processus démocratique.

A Bujumbura, l’UPRONA se dit troublé par une campagne internationale orchestrée voulant faire croire au monde que la situation du Burundi est explosive. L’UPRONA adresse ses critiques aux Nations Unies, en particulier à leur rapporteur, M. Paulo Sergio Pinheiro, dont le rapport est, selon lui, “étonnamment partial” ; il qualifie aussi de désastreuse la proposition pour la paix de M. Boutros Boutros Ghali de déployer des forces préventives au Zaïre.

24 janvier 1996, à Londres, selon Amnesty International, de la mi-décembre à la mi-janvier, 20 000 Barundi ont été tué par l’armée-état-milices-déplacé.

Beaucoup ont fui les provinces de Cibitoke et de Bubanza pour se réfugier à Uvira, dans l’Est du Zaïre. On y trouve actuellement 140 000 réfugiés barundi.

style=”font-family: TimesNewRomanPSMT+1″> A Bonn, le “Burundi-Buro” dénonce la reprise en main du Burundi par l’armée comme à l’époque des dictatures militaires. Les trois provinces de Muyinga, Bubanza et Ngozi sont gouvernées par des militaires. Les communes de Bugenyuzi, Gitaramuka, Gihanga, Bugendana, Mwumba, Musaga, Kamenge. Elle sont administrées par des militaires ou des policiers.

29 janvier 1996, à New York, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté une résolution invitant le Secrétaire Général de l’ONU à élaborer des “plans” avant le 20 février pour éviter au Burundi une solution à la rwandaise ; parmi les mesures à prendre figurerait un embargo sur les armes. Le Chargé d’Affaires zaïrois à l’ONU, M. Lukabu Khabouji N’zaji, a déclaré que son pays offrirait sa contribution à M. Boutros Boutros Ghali à des plans d’ordre militaire, si nécessaire. “Il faut imposer la paix à ceux qui la violent, fusse par la force”, a-t-il dit.

30 janvier 1996, De Bruxelles à Kigali, les “Informations Rwandaises Internationales” publient une “enquête” autour de l’assassinat du président Melchior Ndadaye commandité par certains milieux d’affaires burundais et étrangers.

1 février 1996, à Gand (Belgique), la société Anglo-Belgican Company fournira au Burundi un groupe électrogène de 5,2 mégawatt pour un montant de plus de 2,5 millions d’Euro. Ce groupe rendra la ville de Bujumbura indépendante des centrales électriques extérieures dont les lignes furent sabotées en décembre dernier. Les représentants du FRODEBU en Belgique n’y voient qu’une aide à une ville ethniquement purifiée.

2 février 1996, à Bujumbura, des tirs sur des hauteurs à proximité du quartier Kamenge devenu un ethniquement homogène.

La Ligue burundaise des Droits de l’Homme Iteka publie un commentaire du premier rapport sur la situation des droits de l’homme au Burundi établi par le Rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, M. Paulo Sergio Pinheiro. La Ligue critique le mandat du rapporteur qui ne couvre pas toute la crise (la gravité du putsch et du génocide d’octobre 93), la présentation partielle des institutions burundaises (justice, armée, Assemblée nationale) et la qualité des informations (6 p.).

En Province Karusi, à Shombo, une fusillade des militaires sur le marché fait 100 morts, malgré une petite résistance de jeunes barundi qui ne voulaient pas mourir.

A New York, le Conseil de Sécurité des Nations Unies refuse poliment de s’impliquer dans le dossier Burundi. Concernant la proposition de M. Boutros Ghali de déployer des casques bleus dans la région, le Conseil de Sécurité déclare qu’il “reste saisi de cette question”. Par contre il envisage de décréter un embargo sur les armes à destination du Burundi et le refus du visa aux responsables de crimes contre l’humanité.

5 février 1996, à Bujumbura, le parti UPRONA proche des milieux putschistes et des militaires, s’oppose à toute négociation avec le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) de l’Hon. Léonard Nyangoma.

8 février 1995, en Province Muyinga, commune Mwakiro, secteur Rugabano, l’administrateur communal, M. Béde Ndikumana, accompagné de militaires et de deux indicateurs connus, procède à l’arrestation de plusieurs citoyens démocrates : MM. Rurahemuye, Simon Ndikumasabano, Frédéric Nzigamasabo, Fidèle Mbaririnda, Ntahorutaba, et Mankera ; tous sont exécutés par l’armée-état-milice-déplacé, malgré un affrontement musclé avec les Résistants qui tentaient de sauver ces citoyens. A Bujumbura, à Buterere, l’horreur se poursuit avec la déportation de 40 citoyens démocrates vers le camp militaire de Ngagara.

9 février 1995, Bujumbura : dans une interview accordée au journal Le Soir, le lieutenant Jean Ngomirakiza, emprisonné à Mpimba sous l’accusation d’avoir participé au putsch du 21.10.1993, raconte les circonstances de l’assassinat de ses trois compagnons le 28.12.1995 ; ils ont été abattus par un gardien. “On a voulu nous empêcher de parler, dit-il, de nommer les véritables responsables du putsch… Je peux vous dire que le haut commandement de l’armée y est impliqué”.

A Bonn, le Burundi Buro considère que la Ligue des Droits de l’Homme Iteka est un exemple parmi plusieurs institutions qui sont tombées entre les mains des extrémistes pro-putsch, sous la Présidence de M. Sebudandi. Tous les membres du comité fondateur d’Iteka ont été assassinés ou sont partis en exil. Seul M. Eugène Nindorera subsiste.

11 février 1995, en Province Muramvya, à Kiganda, des affrontements pendant toute la nuit entre la Resistance et l’armée ont eu lieu. Avantage à la Résistance , 100 militaires tués… Ils avaient mis à l’écart la population avant de déclencher les hostilités.

13 février 1995, A Bujumbura, le président de la République et le Premier ministre envoie une lettre à Mme Madeleine Albright, président du Conseil de Sécurité des Nations-Unies (4 pages). La conclusion est que “le Gouvernement du Burundi demande à la Communauté Internationale de continuer à encourager et à aider le peuple burundais dans la recherche d’une solution définitive et satisfaisante à l’endroit de tout le monde, dans le strict respect de sa souveraineté qui exclut tout recours à la force”.

De même à Nairobi, la mission européenne envoyée au Burundi constate que “les autorités burundaises au plus haut niveau, à savoir le président de la République et le Premier ministre, de même que l’opinion publique sont foncièrement hostiles à l’envoi d’une force internationale dans le pays”.

15 février 1996, en province Bubanza, le long des 40 km de route de Bubanza vers Bujumbura, il n’y a plus une seule maison debout. La répression des armées FAB-APR a été sans merci. La zone qui mène vers le Zaïre est entrain d’être nettoyé …

16 février 1996, à New York, le secrétaire général de l’ONU, M. Boutros Boutros Ghali, demande à nouveau une force d’intervention armée pour le Burundi de 25.000 hommes mis en alerte dans leurs pays respectifs et prêts à intervenir pour “empêcher les massacres, assurer la sécurité des réfugiés, des personnes déplacées, des civils et protéger les infrastructures économiques du pays”.

18 février 1996licMT+1″>, le Parti FRODEBU continue à soutenir la requête du Secrétaire général des Nations Unies et la résolution n° 1040 du Conseil de Sécurité.?

A Paris, en réponse aux propos sévères de M. Paulo Sergio Pinheiro contre la Radio Démocratie du CNDD “qu’il faut détruire”, l’hebdomadaire Jeune Afrique fait part du scepticisme d’autres fonctionnaires de l’ONU en poste à Bujumbura qui affirment que “l’envoyé spécial ne possède pas le moindre enregistrement de Radio Démocratie. En revanche, tous les jours, les journaux burundais appellent réellement à la haine et au meurtre. Sans susciter apparemment de réaction de M. Pinheiro”.

21 février 1996, à Washington, en visite aux Etats-Unis, le ministre belge des Affaires Etrangères, M. Erik Derycke, pense qu’une force d’intervention est une bonne idée, mais la Belgique n’y participera pas. Par ailleurs il a été précisé que l’administration américaine n’est pas disposée à accorder le même rôle à l’OUA que la Belgique.

22 février 1996, à Bruxelles, la représentation en Belgique du Parti pour la Libération du Peuple Hutu, le PALIPEHUTU adresse une pétition au gouvernement belge pour qu’il exerce une pression sur les instances militaires et leurs milices au Burundi afin que cesse le génocide au goutte à goutte.

A Kinshasa, le gouvernement zaïrois approuve le rapport du secrétaire général de l’ONU concernant la situation au Burundi.

23 février 1996, les résistants-FDD affrontent les militaires le long des grands axes de Gitega, Ngozi et Bubanza. L’armée subit de grande perte humaine, des blessés, du matériel détruit. Les résistants-FDD attaquent des positions militaires. A nouveau des coupures d’eau et d’électricité dans le pays, surtout à la capitale ; pour l’Hon. Léonard Nyangoma, président du CNDD, la capitale est privée de 65 pc de son approvisionnement. Dans le nord du pays, un camion citerne de carburant en provenance de la Tanzanie est détourné.

L’armée burundaise subit de plus en plus de lourdes défaites. La Ligue Burundaise des Droits de l’Homme Iteka demande une action urgente [à la communauté internationale] contre les bandes armées burundaises [soit la Résistance].

Alors que la Commission des Nations Unis enquête sur la mort de Feu Ndadaye et des massacres qui s’en sont suivie. A Bujumbura, l’armée-état-milice-déplacé ouvre des procès « fantoches » des inculpés dans les massacres qui ont suivi le coup d’Etat du 21 octobre 93. Seuls des démocrates sont traduits en justice.

A Bruxelles, le CNDD fait une conférence de presse et revient sur la visite du Premier ministre burundais en Belgique. Le CNDD critique la politique du Premier ministre, et fait des propositions pour rétablir la paix (8 pages).

26 février 1996, à Bujumbura, le ministre de la Défense, le Lt Col. Firmin Sinzoyiheba, dément les massacres commis par l’armée à Rutegama et à Kabarore ; il menace le président du FRODEBU Dr. Minani Jean, qu’il accuse d’être du CNDD.

A Bujumbura, à Mutumba, un camion militaire est tombe nez à nez face à la Résistance. Des dizaines de militaires putschistes sont tués. En province Cibitoke, commune Rugombe, 30 militaires meurent dans un affrontement avec les résistants, qui perdent 19 de leurs braves guerriers.

A New York, le Conseil de Sécurité n’a pas réussi à dégager une position commune sur la proposition du Secrétaire général de l’ONU d’envoyer une force d’intervention dans la région des Grands Lacs, surtout à cause des réserves de la France et de la Chine.

Les résistants-FDD attaquent à nouveau la Centrale électrique qui fournit 75 % de l’.électricité de Bujumbura.

5 mars 1996, à Bujumbura, l’ancien président des Etats-Unis, M. Jimmy Carter veut convoquer un nouveau sommet des chefs d’Etat du Burundi, du Rwanda, du Zaïre, de l’Uganda et de la Tanzanie à Tunis, le 15 mars 1996.

8 mars 1996, le tribunal militaire de Bujumbura acquitte 10 militaires impliqués dans la tentative du putsch du 3 juillet 1993 [le major Rumbete et les capitaines Barayandema, Nintunze et Bucumi …]. Le ministre de la Justice, M. Gérard Ngendabanka, membre de l’UPRONA, a aussitôt demandé au procureur de la République de renouveler les mandats d’arrêt, affirmant que “les mêmes prévenus ont des charges sérieuses en rapport avec la tentative de putsch d’octobre 1993, d’autant plus que cet arrêt d’amnistie comporte beaucoup d’irrégularités flagrantes”. Le ministre demande aussi de ne pas délivrer de passeports aux concernés qui sont en Uganda ; leur fuite entraverait les enquêtes en cours de la Commission Internationale d’Enquête Judiciaire actuellement sur le terrain à Kampala. Il ajoute : “je profite de cette occasion pour vous faire remarquer de nouveau qu’à part les militaires arrêtés dans la fraicheur de la tentative de putsch d’octobre 1993 et qui n’ont pas encore été jugés, nous observons qu’aucune autre arrestation n’a été effectuée, alors que l’enquête piétine depuis déjà deux ans et demi”.

9 mars 1996, au Musée Vivant, rencontre entre les anciens présidents putschiste M. Jean Baptiste Bagaza et M. Pierre Buyoya ; pas de déclarations.

14 mars 1996, la résistance, venant de la KIBIRA, prend d’assaut la province de BURURI…

18 mars 1996, le Conseil National de la Défense de la Démocratie (CNDD), présidé par le M. Léonard Nyangoma, se dit prêt à négocier et à appliquer un cessez le feu si l’armée gouvernementale rentre dans les casernes. “Les négociations devront porter notamment sur la remise en place et la réhabilitation des institutions démocratiques, renvers.es par le coup d’Etat et la convention de gouvernement, l’arrestation des putschistes du 21.10.93 et la constitution d’une armée véritablement nationale”.

19 mars 1996, l’Association des Journalistes Burundais s’oppose à la sanction du Gouvernement concernant la presse extrémiste.

20 mars 1996, à Tunis, fin du sommet des chefs d’Etat de la région des Grands Lacs organisé par le Centre Carter : peu de perspectives de solution, si ce n’est la continuation de la médiation entre les belligérants menée par l’ancien président tanzanien, M. Julius Nyerere.

En province Bururi, communes Songa, Burambi, Vyanda, Buyengero, Matana , les affrontements entre les militaires putschistes et la résistance-FDD se multiplient. Les militaires sont frappés sévèrement, des centaines de morts.

25 mars 1996, à Paris, le Conseil National de la Défense de la Démocratie (CNDD), met comme condition à un cessez-le-feu la libération immédiate de 5.000 prisonniers, presque tous des Démocrates, le retour de l’armée dans les casernes et l’annulation du mandat d’arrêt international lancé contre MM. Nyangoma et Sendegeya, les deux leaders du CNDD.

27 mars 1996, à Genève, la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU recommande le renforcement des observateurs des droits de l’homme au Burundi, la reconstruction du système judiciaire et la réforme de l’armée.

28 mars 1996, le colonel Langin Minani, représentant du ministère de la Défense indique que ces derniers jours, dans la province de Bururi ; l’armée subit des pertes (70) entre FDD et Armée putschiste …

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