
Cinquante-trois ans après le Génocide contre les Hutu du Burundi de 1972 qui a décimé leur peuple, les Burundais de Belgique perpétuent un devoir sacré.
Bruxelles (Belgique), 26/05/2025, Diaspora – Le 29 avril marque une date cruciale dans l’histoire du Burundi. Cette journée de commémoration rappelle l’un des épisodes les plus sombres du pays, ancré dans son histoire socio-économique millénaire.
Les Barundi possédaient un système appelé Ubumu, signifiant “la chose ou la manière de Maman”, considéré comme l’un des plus anciens systèmes socio-économiques au monde[1]. Ce système fut brutalement menacé après le coup d’État militaire de 1966 qui renversa Ingoma y’Uburundi, structure étatique traditionnelle des Barundi. Le dernier souverain (Mwami) d’Ingoma y’Uburundi, Ntare Ndizeye, fut assassiné le 29 avril 1972.
Dès 1967, plusieurs puissances occidentales – États-Unis, Vatican, France et Belgique – auraient entrepris de remplacer l’Ubumu par l’économie de marché capitaliste. Ces acteurs internationaux auraient ciblé la population hutu, composante essentielle de l’Ubumu en tant que producteurs des ressources essentielles partagées entre tous les Barundi.
Le 29 avril 1972 marque le début d’une vague de violence qui s’étendra jusqu’en 1973. Les chiffres officiels font état de plus de 500 000 Hutu tués , sur une population d’alors de 3 millions, par l’armée de la nouvelle république du Burundi. Ce massacre, qualifié de génocide[2], aurait sonné le glas du système Ubumu au profit d’une économie de marché imposée.
Ce samedi à Bruxelles, en présence de hautes personnalités dont des représentants de l’Ambassade du Burundi en Belgique, la communauté burundaise de Belgique[3] s’est réunie autour de M. Kinyentama Gervais pour commémorer le 53ème anniversaire de ces événements. Cette cérémonie, devenue traditionnelle depuis 1986, s’est tenue à l’église Saint-Joseph d’Anderlecht.
L’Abbé Nahimana Daniel a présidé la cérémonie religieuse, accompagné par la Chorale Spes Mea. Les participants ont déposé bougies et fleurs près de l’autel en mémoire des victimes. Un hommage particulier a été rendu aux nombreux prêtres également victimes des violences.
Il convient de noter que le parlement burundais a officiellement reconnu le “Génocide contre les Hutu du Burundi de 1972” le 20 décembre 2021, suite au rapport de la Commission Vérité et Réconciliation. Cependant, la signature présidentielle reste attendue pour finaliser cette reconnaissance.
Les organisateurs de la commémoration plaident désormais pour une reconnaissance internationale, qu’ils estiment “nécessaire pour cheminer paisiblement vers une cohabitation pacifique au Burundi et dans toute la région des Grands Lacs.”
À l’issue de la cérémonie religieuse, les participants se sont retrouvés au 57 Petite rue des loups pour un temps d’échange et de témoignages autour d’une collation, poursuivant ainsi ce devoir de mémoire désormais ancré dans la diaspora burundaise de Belgique.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
[3] Nahimana Karolero Pascal, Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage, Bruxelles, Generation Afrique, 2025.
DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org , Mardi 29 avril 2025 | Photo : Kinyentama Gervais