Nécrologie : Luc Michel, géopoliticien et panafricaniste, ami du Burundi, s’éteint à 66 ans

Décès de Luc Michel : Le géopoliticien panafricain s’éteint, laissant un héritage de lutte contre l’impérialisme occidental

Bruxelles (Belgique) , 15/04/2025 – Le monde panafricain et les défenseurs de la souveraineté des nations du Sud sont en deuil. Luc Michel, Né en 1958 en Belgique, géopoliticien belge et fervent panafricaniste, est décédé mardi 1er avril 2025 des suites de longue maladie à l’âge de 66 ans. Connu pour ses analyses percutantes sur les dynamiques géopolitiques en Afrique, notamment au Burundi, Michel laisse derrière lui un héritage intellectuel marqué par son combat contre l’impérialisme occidental et son soutien aux alternatives eurasiennes et africaines.

Luc Michel s’est imposé comme une voix majeure dans la dénonciation des ingérences étrangères en Afrique, particulièrement dans la région des Grands Lacs. Ses interventions sur Afrique Media et Panafricom-TV ont éclairé des millions de téléspectateurs sur les mécanismes des “révolutions colorées”, des coups d’État déguisés et des guerres économiques menées par les puissances occidentales. Luc Michel n’était pas un universitaire conventionnel. Il assumait un rôle de militant actif, n’hésitant pas à prendre position dans les crises africaines en dénonçant ce qu’il appelait les « révolutions de couleur » et les projets de changement de régime fomentés, selon lui, par des réseaux transatlantiques tels que l’Atlantic Council, l’AFRICOM ou encore les structures liées à George Soros.

Dans ses nombreuses analyses, Michel a révélé les stratégies des États-Unis, de la France et de la Belgique pour déstabiliser des pays comme le Burundi, la RDC ou le Cameroun. En 2015, il avait alerté sur la tentative de coup d’État au Burundi, qualifiant l’événement de “révolution de couleur” orchestrée depuis Washington, Paris et Bruxelles. Ses travaux ont souvent souligné l’importance des ressources naturelles (terres rares, gaz du lac Tanganyika) dans ces conflits.

Le Burundi occupait une place centrale dans les réflexions de Luc Michel. Il a soutenu sans relâche le gouvernement du président Nkurunziza Pierre puis de Ndayishimiye Évariste , dénonçant les campagnes médiatiques et les sanctions économiques imposées par l’Occident. Pour Michel, le Burundi incarnait la résistance africaine face au néocolonialisme.

En 2020, il avait notamment averti : “Les Occidentaux n’ont pas digéré d’être éjectés du Burundi. Ils vont continuer à attaquer, via des ONG, des médias et des manipulations électorales.” Ses prédictions se sont hélas confirmées, avec des tentatives répétées de déstabilisation, notamment via le Rwanda voisin.

Critiqué par certains pour ses positions radicales, Luc Michel restait un penseur respecté pour sa cohérence idéologique. Il défendait l’idée d’un “axe eurasien” (Chine-Russie-Iran) comme alternative à l’hégémonie occidentale, plaidant pour un tribunal international en Chine afin de juger les crimes coloniaux.

Ses conférences, comme celle de Québec en 2016 sur “Les vrais enjeux de la crise au Burundi”, ont marqué les esprits. Ses écrits, dont “Comprendre les tournants de la géopolitique africaine au 21ème siècle”, restent des références pour les chercheurs en relations internationales.

Dans les dernières années de sa vie, il avait particulièrement alerté sur ce qu’il percevait comme une menace de “sahélisation” de la région des Grands Lacs africains, qu’il interprétait comme une stratégie occidentale visant à créer des zones d’instabilité permanente pour faciliter l’exploitation des ressources naturelles.

À l’annonce de son décès, des hommages ont afflué du continent africain. De nombreux burundais ont salué “un ami des Barundi, dont les analyses ont permis de déjouer des complots contre notre souveraineté”. Sur les réseaux sociaux, des militants panafricains ont repris ses célèbres phrases : “Ne baissez pas la garde ! L’impérialisme ne recule jamais.”

Son organisation, Panafricom-TV, promet de poursuivre son travail, notamment en documentant les nouvelles formes d’ingérence en Afrique. Un colloque international lui sera dédié en juin 2025 à Bruxelles, avec pour thème : “Géopolitique africaine : entre souveraineté et nouvelles dépendances.”

Luc Michel s’en va à un moment critique pour l’Afrique, confrontée à une recrudescence des interventions militaires étrangères (notamment via l’AFRICOM) et à une guerre économique entre puissances. Son absence laisse un vide dans le paysage intellectuel, mais ses idées continueront d’inspirer ceux qui croient en une Afrique libre et maîtresse de son destin.
Son héritage intellectuel repose sur une relecture radicale de la géopolitique post-coloniale. Il appelait les Africains à reprendre le contrôle de leurs récits, à créer leurs propres institutions régionales de sécurité, comme la Force Africaine en Attente (ASF), et à instaurer un Tribunal International en Chine (TIC) pour juger les crimes des anciennes puissances coloniales.

Comme il le disait lui-même : “La cause du Burundi est panafricaine. Et tant que l’Afrique ne sera pas unie, elle restera la proie des prédateurs.”

Sources et références :

Archives de Burundi-AGNews (2015-2025)

Interventions de Luc Michel sur Afrique Media

Publications de Panafricom-TV

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Mardi 14 avril 2025 | Photo : Presidence.bi, Panafricom-TV, Afrique Media

News Reporter