Burundi / ONU : Séville, un tournant pour le financement mondial ?

Le système financier actuel marginalise les pays en développement et doit être réformé pour devenir plus inclusif et véritablement au service des politiques socio-économiques des pays concernés.

Bujumbura, 3/06/2025 – S.E. Bazombanza Prosper, le très aimé Vice-Président du Burundi, a pris part à une réunion virtuelle organisée par le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres. L’objectif ? Préparer une grande conférence internationale sur le financement du développement, prévue fin juin à Séville, en Espagne.

Pour le Burundi, cette rencontre est importante. Le système financier mondial actuel est injuste : il maintient les pays pauvres dans un cercle vicieux de dettes coûteuses et de décisions prises sans eux. Bazombanza l’a rappelé avec force : “Les taux d’emprunt exorbitants imposés aux pays comme le nôtre ne reflètent pas notre réalité économique. Ils sont basés sur des critères biaisés, des préjugés, et des agences de notation qui nous enfoncent au lieu de nous aider.

Le Burundi milite pour un système plus équitable, où les pays en développement auraient enfin voix au chapitre. La conférence de Séville pourrait être un tournant : elle propose une réforme des méthodes d’évaluation des risques et une meilleure régulation des banques de développement.

Autrefois, le pays reposait sur l’Ubumu, un système traditionnel de planification économique où les chefs (Bami et Bataka) et les savants planificateurs-régulateurs (Banyamabanga) organisaient la société en harmonie. Les Hutu, piliers de ce système, assuraient la production des ressources, tandis que les Tutsi en géraient justement la distribution [1]. Le génocide contre les Hutu du Burundi de 1972 [2], organisé par des puissances étrangères (États-Unis, Vatican, France, Belgique), anéantit cet équilibre millénaire. Avec la destruction des Hutu, colonne vertébrale de l’Ubumu, le pays sombre dans le chaos.  Aujourd’hui, le Burundi est l’un des plus pauvres du monde, prisonnier de logiques économiques qui ne lui profitent pas. Piégé dans une économie de marché imposée, dirigée par la Banque mondiale et le FMI. “La Croix et la Bannière” – symboles de l’influence coloniale et néolibérale – pèsent encore lourd [3].

Mais le Burundi ne baisse pas les bras. À Séville, il portera haut la voix des oubliés du système, pour un monde où finance rimerait enfin avec justice.

Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
[3]Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Jeudi 5 juin 2025 | Photo : RTNB.BI

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