Le Burundi fait actuellement l’objet d’une activité intense provenant de divers milieux tant nationaux qu’internationaux, tous intimant au gouvernement burundais d’organiser un dialogue inclusif pour disent-ils résoudre la pseudo-crise, créée et entretenue par ces mêmes milieux.
La pratique du dialogue, dans la mesure où elle constitue un acte de responsabilité, ne peut être qu’encouragée et pour que le dialogue se déroule dans de meilleures conditions, de ce qui précède, on peut déjà affirmer qu’une partie de la Communauté internationale est partie prenante dans cette affaire burundaise. Si dialogue il y aura et pour qu’il porte des fruits, il devra comprendre 2 volets l’un interne entre citoyens Burundais et l’autre entre le gouvernement burundais et les pays qui sans le dire ouvertement lui font la guerre par citoyens Burundais interposés.
• Principes directeurs pour un dialogue constructif avec les parties prenantes
Il est évident que l’essence de ce dialogue consistera à déconstruire les idées préconçues qui jusque maintenant sont peu productives en termes de perspectives politiques pour le Burundi, que du contraire, afin de recréer un terreau fertile aux idées constructives et non aux pensées inspirées par les ressentiments hérités du passé ancien et récent. Ici l’idée étant comprise comme plutôt ce qui se trouve « entre les pensées ». Ce qu’il y a de nouveau, qui naît des échanges et qui n’existait pas avant que la réalité de chacun ait été mise « sur la table ». Le but du dialogue étant donc, si on peut se le dire, de mieux identifier les vrais protagonistes, de provoquer fondamentalement un phénomène de création d’idées nouvelles à la problématique burundaise, d’infuser un changement positif en faveur de l’apaisement des cœurs et de favoriser le retour à une saine compétition politique pacifique.
Ce dialogue tant attendu, doit être compris comme un processus dynamique et interactif par lequel un échange entre les parties prenantes, internationales, nationales ou locales, externes et internes devra enfin clarifier leurs prises de position dans cette affaire. Le moment sera privilégié pour articuler, de façon vertueuse, la gestion de cette pseudo-crise via une meilleure compréhension des enjeux , des points de divergence et des points de convergence.
L’efficacité et la réussite de ce dialogue dépendront de l’adoption d’un certain nombre de valeurs à incarner par l’ensemble des participants pour éviter les jeux de postures et instaurer la confiance. Certains comportements éthiques et qualités humaines seront essentiels notamment l’écoute, le respect mutuel, la bienveillance, l’équité, l’intégrité, la sincérité de l’engagement, l’humilité, mais aussi le pragmatisme et la créativité.
• L’ombre de milieux extérieurs plane sur ce dialogue quid de l’ONU ?
Les buts assignés à l’Organisation des Nations unies se résument au triptyque de la paix, de la liberté et du développement. Mais la paix est le premier et, en quelque sorte, le “but des buts” posés par la Charte dans son Préambule et son article I.
Pour ce dialogue burundais, il faut sans tarder, aussi s’interroger sur la composante externe de cette pseudo-crise au regard du principe de la non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat et du principe de l’égalité souveraine des Etats. Contrairement à ce qui se passe actuellement dans les instances internationales par rapport au dossier « Burundi », les Etats ne peuvent accomplir des actes d’ingérence dans les affaires d’autres Etats, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent exercer une influence de nature contraignante dans les affaires des autres Etats ou exiger d’eux l’exécution ou l’inexécution d’actes qui ne relèvent pas du droit international. Exiger au Burundi de tenir coute que coute un dialogue c’est louable mais la manière dont cela s’impose relève d’une pure ingérence qu’aucun autre pays ne saurait tolérer, jusqu’à vouloir imposer le lieu où il devra se tenir. Etonnant.
La Charte des Nations Unies stipule qu’aucun Etat ne peut appliquer ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre Etat à subordonner l’exercice de ses droits souverains et pour obtenir de lui des avantages de quelque ordre que ce soit. Tous les Etats doivent aussi s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de financer, d’encourager ou de tolérer des activité armées ou terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre Etat ainsi que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre Etat.
Aucun Etat ni groupe d’Etat n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre Etat. Tout Etat a le droit inaliénable de choisir son système politique, économique, social et culturel sans aucune forme d’ingérence de la part d’un autre Etat. C’est le fameux droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Il revient dès lors, au gouvernement burundais de garantir l’indépendance et la souveraineté inaliénable du peuple burundais tout en restant ouvert au dialogue et aux relations internationales saines, pour une coopération mutuellement consentie entre le Burundi et ses partenaires afin de préserver une cohabitation pacifique conformément aux dispositions de la Charte des nations Unies ainsi qu’aux différents conventions et protocoles en la matière.
• Dialogue ou négociation ?
Une confusion de style couplée d’un flou artistique pollue jusqu’à maintenant le débat public quant à ce processus devant être initié en vue de trouver des voies et moyens qui mettraient un terme à cette pseudo-crise. La clarification entre ces deux vocables « dialogue » ou « négociation » est nécessaire comme préalable afin d’éviter des incompréhensions qui surviendraient et qui aggraveraient la pseudo-crise en véritable crise de fonctionnement de l’Etat Burundais.
Les manipulateurs du moins ceux qui tirent les ficelles, glissent et poussent petit à petit le Burundi sur une pente raide et veulent l’amener subrepticement vers un déni de la démocratie car ils souhaitent mettre à néant les résultats du cycle électoral qu’a réussi le Burundi. Jouer dans cette pièce serait dramatique pour les Burundais, ils se retrouveraient, in fine, comme pendant cette période des année 1993-1997, période dite des villes mortes au cours de laquelle les sans échecs et les sans défaites ont procédé aux purifications ethniques des quartiers dont la conséquence est visible aujourd’hui, ces quartiers sont en insurrection. Cette période avait été le prélude du 2e coup d’état militaire réussi par le Major Buyoya après une longue série de négociations sans issue.
Le rôle majeur revient à la diplomatie burundaise qui doit s’activer d’avantage afin de présenter et défendre les acquis de la paix et de la démocratie. Les partenaires du Burundi ont besoin d’être correctement informés et surtout qu’ils cessent de croire que le Président Nkurunziza a dû modifier la constitution du Burundi pour se faire élire. C’est la version de 2005 qui est toujours d’application.
Kazirukanyo Martin