{jcomments on}Harumukiza Eulalie, le 7 juin 2010. – Pouvons-nous nous inspirer des contes burundais pour encourager l’opposition burundaise à se remettre en course ? – Dans les années 60 on apprenait les textes Kirundi avec des contes amusants, mais très instructifs. Nul n’aurait cru qu’un jour il pourrait rencontrer les mêmes faits dans la vie courante. Ceux qui ont fait l’école primaire à cette époque se souviennent du conte « Puh ! tureke kubesha ». Il s’agit de l’histoire d’un jeune gardien de troupeau de chèvres qui s’appelait Gerevazi. Quand il s’ennuyait, il s’amusait à alerter les gens en criant qu’une hyène venait de lui voler une bête. Au début les gens très solidaires accouraient de toute part munis d’armes pour chasser le fauve. Très amusé, Gerevazi était content de leur déclarer qu’il leur avait menti.
Il a fait le même jeu à plusieurs reprises et finalement la population en eut assez de se laisser prendre au piège. Un bon jour, l’hyène vint effectivement et se mit à égorger le bétail. Effrayé, Gerevazi cria à tue-tête pour alerter la population. Cette fois-ci, personne ne vint car tout le monde pensait que c’était encore une farce….La bête dévora tout ce qu’il put sans inquiétude….Si je nonahera, hohera nde ?…. (Chacun peut compléter).
Quelle leçon en tirons-nous ?
Si nous nous penchons sur la législature burundaise issue des élections de 2005, on peut se rendre compte que les institutions politiques ont été très mouvementées. Les faits et les méthodes des différents blocages semblent curieusement se rapprocher de ce qu’on a observé dans les années nonante sous le règne de Feu Ntaryamira Cyprien et de l’Honorable Ntibantunganya Sylvestre. Les quelques différences résident dans le fait que les revendications ne se faisaient plus à coup de villes mortes, mais à plusieurs reprises le peuple burundais a été pris en otage.
Ainsi, dans le domaine législatif l’on se souvient que l’Assemblée Nationale a été improductive et presque bloquée pendant plus de deux ans tout en restant budgétivore. Sur le plan juridique, on n’oubliera pas la grève des services judiciaires pour contester certaines personnes placées à la tête de certaines institutions juridiques. Sur le plan exécutif, des grèves se sont relayées dans plusieurs secteurs (comme l’enseignement, les hôpitaux.., l’université.), des contestations et irrégularités qui ont abouti à plus de quatre remaniements ministériels. Ce qui frappe plus d’un observateur c’est que des partis politiques dits de l’opposition se sont vu octroyer des postes juteux à chaque fois qu’ils criaient « au loup » à qui veut l’entendre. Pleins d’acteurs nationaux et étrangers leur accordaient confiance et le parti qui a gagné les élections de 2005 a dû chaque fois morceler son pouvoir pour sauvegarder la paix nationale. Ainsi, voyant que leur astuce marchait très bien, lesdits partis de l’opposition ont réussi à entrer insidieusement dans le gouvernement, à contrôler une bonne partie de l’exécutif et se tailler une assise confortable dans le parlement et autres institutions tout en se targuant d’être dans l’opposition. Il n’y a qu’au Burundi où on est en même temps au pouvoir et dans l’opposition.
« Akaryoshe ntigahora mw’itama : Ce qui est délicieux n’est pas éternel », l’approche des élections supposait la fin des années confortables pour ceux qui ont l’habitude d’user de la supercherie pour aller ou rester sur la table à manger. Il fallait inventer d’autres astuces pour y rester le plus longtempspossible. Ils s’y sont tellement investis qu’ils en ont oublié que cela pourrait se retourner contre eux. Se voyant acculés, ils ont anticipativement agité le spectre des tricheries et troubles programmés par le parti au pouvoir pour les scrutins en cours. De ce fait, la communauté, tant nationale qu’internationale s’y est également investie pour barrer la route à ce parti tant décrié par le « bons élève ». Et voilà, tel est pris qui croyait prendre, le médicament n’a pas pris. Des observateurs de tout genre sont venus surveiller de près les élections, afin de prendre ce parti tant diabolisé la main dans le sac. Et surprise ! Rien de si dramatique. Quand bien-même il y aurait quelques irrégularités, sont-elles imputables à un seul parti ? A force de jouer avec la bonne foi du monde, on finit par tomber dans ses propres pièges.
Des faits qui nous échappent
Si ces partis d’opposition ont réellement des gens derrière eux, comment 13 partis coalisés depuis longtemps dans différentes revendications ont-ils manqué d’hommes pour surveiller les agissements d’un seul parti ? Pourquoi doivent-ils se mettre à plusieurs pour pouvoir terrasser un seul concurrent?N’est-ce pas une manière de reconnaître implicitement que le parti qu’ils combattent est finalement très fort et donc incontournable ? N’est-il pas alors normal qu’il gagne les élections haut la main?
Et maintenant qu’ils se sont rendu compte qu’ils ont sous-estimé le concurrent, ils ne devraient pas jouer la carte du mauvais perdant. Ils devraient plutôt se remettre en question quant à leur stratégie, d’oser affronter ceux qui croient encore en eux pour montrer au monde entier que ce ne sont pas des tigres en papier.
Se retirer de la course est une lâcheté sans précédent surtout que la raison avancée, »fraude massive » semble être un prétexte. S’il y a eu «fraude massive », il faut en fournir la preuve.
Se servir du bon sens
Si j’ai bonne mémoire, Mr Nyangoma Léonard et Mr Ndayizeye Domitien ont été des éminents professeurs d’écoles secondaires au Burundi. Ils devraient apprendre à leurs autres collègues de l’opposition que quand un professeur doute des résultats d’un élève, il ne peut pas lui coller un échec sous prétexte qu’il a triché tant qu’il ne l’a pas pris en flagrant délit. Par ailleurs il redouble de vigilance pour l’épreuve suivante jusqu’à ce qu’il l’attrape sur le fait. Le constat se fait sur place et non après la correction de la copie. Parfois, la surprise est que l’élève ait décidé de travailler réellement et de réussir par ses compétences.
A ceux qui veulent déclarer forfait, ce n’est pas courageux de leur part et ce serait dommage pour les conseillers communaux de leurs partis respectifs qui ont eu la chance d’être élus ou ceux qui comptaient sur les scrutins à venir. Ils devraient plutôt montrer au peuple burundais,à la internationale et surtout à leur électorat que « Igiti kigukora mu jisho rimwe kitagusubira. : Un arbuste t’égratigne une fois dans l’œil et ne recommence pas ». Cela voudrait dire que puis qu’ils prétendent détenir la preuve des « fraudes massives », s devraient focaliser leur attention dans les zones où ont eu lieu ces fraudes afin de ne plus se laisser évincer. A treize cela ne devrait pas poser de problèmes.
Harumukiza Eulalie