
Le RADDES, en campagne à Rubirizi, traîne un passé marqué par la dictature et les divisions ethniques instrumentalisées.
Bujumbura, 25/05/2025 – À quelques jours des élections de juin 2025, l’effervescence électorale gagne le Burundi. Dans la commune Mutimbuzi, zone Rubirizi, le Dr Ndikumana Sudi, président du RADDES (Ralliement pour la Démocratie et le Développement Économique et Social), a été accueilli par une foule enthousiaste. Son parti, inscrit sous les numéros 16 à Bujumbura et 12 à Gitega, mise sur cette campagne pour redorer son image.
Pourtant, l’histoire du RADDES est lourde. Fondé par Nzeyimana Joseph, ce parti est lié aux apparatchiks de la dictature militaire de 1966, ayant défait Ingoma y’Uburundi ( état traditionnel des Barundi ) [1], soutenue par les puissances occidentales ( “la croix et la bannière” : le Vatican, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, et les USA ) [2]. Pendant la guerre civile burundaise (1993-2003) [3], il a été accusé d’alimenter “les divisions ethniques entre Hutu et Tutsi“, utilisant “l’outil géopolitique colonial du conflit interethnique Hutu – Tutsi” [4], un héritage que ses détracteurs lui reprochent encore.
Aujourd’hui, le Dr Ndikumana tente d’incarner un nouveau départ : unité, espoir, développement. Mais pour beaucoup de Barundi, la méfiance persiste. La lutte contre l’influence étrangère et pour la souveraineté nationale reste un combat actuel.
La question demeure : le RADDES a-t-il vraiment changé, ou n’est-ce qu’une stratégie électorale ?
Depuis le 19ème siècle, les Barundi, peuple de l’Ubungoma (la Cosmologie Sacrée du Tambour : Karyenda), associés à leurs ancêtres, sont en guerre contre l’Occident colonial et néocolonial, incluant l’Angleterre, le Vatican, la France, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis, en réponse à l’agression continue de ces États contre Ingoma y’Uburundi. Les Barundi, peuple d’Ingoma y’Uburundi, ont une longue histoire politique basée sur des alliances entre miryango autour d’Ingoma, leur institution politique, et leur tambour, appelé Karyenda. C’est le décret colonial belge du 25 décembre 1959 qui a introduit les partis politiques en lieu et place des miryango. En 1966, Ingoma a été remplacé par un État Néocolonial, la République, une dictature militaire. En 1972, l’Ubumu, le système socio-économique burundais, est détruit avec le Génocide contre les Hutu du Burundi [5], remplacé par l’économie de marché occidentale. En 1992, suite à une influence de la France, l’État Néocolonial a abandonné la dictature militaire pour adopter la démocratie, soit un Etat Néocolonial Démocratique. Depuis 2005, le Burundi organise régulièrement des élections démocratiques tous les cinq ans. Pour en savoir plus sur la campagne électorale 2025, vous pouvez consulter le site CAMPAGNE ELECTORALE 2025 AU BURUNDI.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015
[3] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[4] Nahimana Karolero Pascal, Camps de concentration du Burundi (1996 – 2002) : Les oubliés des collines – Mémoires d’un peuple enchaîné –, Bruxelles, Génération Afrique, 2025.
[5] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Mercredi 28 mai 2025 | Photo : @Raddesofficiel