DAM, NY, AGNEWS, le 18 novembre 2009
Fin décembre 1993 … Parmi les leaders du gouvernement “en exil”, certains voient que les militaires et l’UPRONA ne souhaitent nullement le retour à la Démocratie. De plus, dans tout le pays, les militaires et les militants de l’Uprona, s’installent.
Aucun pays ne souhaitent venir perdre ses soldats pour défendre la démocratie burundaise. A l’ONU ou à l’OUA on ne fait que débattre. On y remarque un blocage des lobbies anglo-saxons à l’idée d’une force d’intervention. D’où ces leaders en exil commencent à réfléchir : “Il faudrait peut-être s’organiser !”.
Entre temps, NTIBATUNGANYA se prépare à succéder Feu NDADAYE, selon la Constitution de 1992. Mais les putschistes, qui n’entendent plus respecter cette Constitution, n’en veulent pas ! Ils font monter leur jeunesse [ Majoritairement des familles proches des putschistes, entre autres des enfants dont les parents ont profité de la Dictature burundaise ]dans les rues. En d’autres termes, ils commencent à faire du sport…
Pendant ce temps la “Résistance Démocratique” [ composée de démocrates, des jeunes engagés à se défendre contre la Dictature militaire … ] fait face à des attaques des gendarmes et des militaires à travers tout le pays. Ils ont remplacé dans la plupart des provinces toutes les autorités démocratiquement élues lors des élections de juin 1993.
A Bujumbura, cinq jeunes résistants démocrates perdent la vie à BUGAMARA près de MUBIMBI lors d’une intercation avec des militaires. C’est un exemple des batailles disproportionnées. D’un côté, l’on a des militaires, des gendarmes hyper équipés, et de l’autre des jeunes, remplis de courage, mais sans armes du tout.
Ces jeunes l’ont dit : “plus jamais çà !”. Leurs parents sont morts assassinés, et spoliés par la Dictature Micombero, Buyoya. Après la mort de NDADAYE, désormais c’est du quitte ou double !
Début janvier 1994 …
Le gouvernement “en exil”, revenu en demi teinte dans ses fonctions et sous “protection étrangère”, demande à l’Ouganda d’arrêter deux officiers qui ont participé à l’assassinat de NDADAYE. Le chefs de la sécurité Ougandaise, le Générale de Brigade,Jim Muhwezi, à Kampala, répond avec ironie qu’il est entrain de chercher les deux hommes, un major et un lieutenant. La fuite, vers l’Ouganda, fief “des Bahinda” (appartenant aux Bahima) n’est pas innocente !
Sous le pression des jeunes milices pro-putschistes, des cadres de l’UPRONA, et des autorités militaires, NTIBATUNGANYA est refusé comme candidat à la Présidence. Alors, Cyprien NTARYAMIRA, ministre de l’Agriculture, est proposé ! Car il accepte de dire qu’il veut : “La restauration de la paix, et la promotion de la réconciliation nationale”. Quelques jours avant, les dirigeants putschistes du “Conseil National de Salut Public”, structure non dissolu qui œuvre encore officieusement, avaient explicitement demander à Madame la veuve de Feu NDADAYE de répandre le même discours. Contraire à celui du gouvernement “en exil”, qui certes n’est pas contre ce principe, mais préfère y donner un prélat : “D’abord un retour aux institutions démocratiques, et au respect intégrante de la Constitution de 1992 … De plus, les coupables du putsch doivent être arrêtés et jugés !”.
5 sur 7 des membres de la Cour Constitutionnel sont démis de leur fonction, et remplacés. Le parlement élit dès lors Feu Cyprien NTARYAMIRA comme nouveau Président ! Mais dans les rues, la jeunesse pro-putsch et leurs cadres, appelés à mettre un terme à leurs manifestations “opérations villes mortes” contre le déploiement d’une force étrangère, n’en démordent pas !
Au niveau du gouvernement “en exil”, mais qui devient de plus en plus “en fonction”, deux courants se dégagent. Ceux qui rentrent dans le discours du nouveau président (paix, unité et réconciliation), et les autres “les légalistes” (Démocratie d’abord ! Respect de la Constitution de 1992 ).
La Premier Ministre Sylvie Kinigi appelle au calme générale !
Pendant ce temps, les humanitaires estiment déjà à plus de 100 000 morts parmi les citoyens barundi. 600 000 Barundi ont fui depuis octobre.
Amnesty International, sensible aux exécutions à laquelle font face les citoyens barundi légalistes contre le régime militaire putschiste qui se réinstallent, appelle au respect de l’Etat de droit. AI demande que le gouvernement aide à restaurer le respect des Droits de l’Homme.
Fin janvier 1994 …
Dans ses calculs et intrigues, le président ougandais MUSEVENI demande l’arrestation sur son sol des deux officiers suspectés d’avoir donné la mort à NDADAYE.
Quant au Secrétaire Général de l’OUA, Salim Ahmed Salim , il se dit perplexe pour l’envoi d’une force africaine au Burundi. L’armée, et les “parties d’opposition” (les milices pro-putschistes [sans échecs, et sans défaites, etc], l’Uprona, le RADDES, etc), n’en veulent pas !
Les villes sont dites mortes car paralysées par ces milices de jeunes pro-putsch qui ont barricadé [ par des abattements d’arbres] sur les routes.
Avec ses postes de barricades, à chaque passage, ils participent au filtrage [basé sur des allégations d’abord tribales] et à l’arrestation par la police et la gendarmerie, des jeunes légalistes de la Résistance.
80 citoyens barundi, parmi lesquels des jeunes résistants, sont massacrés par l’armée, et leurs milices à Bujumbura. Douze citoyens blessés s’expriment sur cet acharnement. Apparemment, il y a eu une décision de sécuriser “en purifiant” la capitale.
L’ambassadeur Jean NGENDANGANYA (membre du groupe gouvernemental légaliste ) à Bruxelles alerte l’opinion internationale sur cet état de fait.
La confusion apparaît peu à peu au niveau des jeunes résistants. Le gouvernement “en exil” est rentré “en fonction” mais deux groupes apparaissent : Ceux décident d’accepter le putsch, et les autres – les légalistes -. Les non légalistes infiltrent les jeunes résistants en leur disant – Unité, Paix, Réconciliation – … La plupart des jeunes refusent ! Cette tentative de démobilisation est mal perçue parmi la partie légaliste du gouvernement qui a compris, depuis,le jeu des militaires qui souhaitent le retour à la Dictature militaire (sous contrôle des Bahima). Ils savent que leur vie, et celle de la Démocratie, sont en danger ! Ils commencent à penser comment ils peuvent organiser la Résistance jusqu’ici très atomisée à travers le pays. De plus, ces jeunes ont été déçus de ce que la propagande de l’ancien régime dictatorial répandait : “le PALIPEHUTU est une rébellion armée”. Ces jeunes là n’avaient jusqu’ici rien vue de cette rebellion ! Ils se font massacrer par l’armée burundaise. Ils sont sans armes. Certains commencent à se dire : ” Que peut – être que la rebellion c’est nous !” .