DAM, NY, AGNEWS, le 16 novembre 2009

1 NOVEMBRE 1993 : Le premier Ministre Sylvie KINIGI, réfugié à l’ambassade de France depuis le coup d’Etat du 21 octobre, s’apprête à quitter la chancellerie , avec 20 soldats français [ spécialisés à la protection rapprochée, issus de différents corps dont le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN)] comme garde du corps.

La France estime que le gouvernement légal a pu reprendre son activité … Madame Sylvie KINIGI a demandé 1,000 soldats aux Nations Unies pour venir protéger le gouvernement en exil. L’armée burundaise si oppose, a déclaré le porte-parole de l’armée, le lieutenant-colonel Jean Bosco Daradangwa. Dès lors, James Jonah, secrétaire général adjoint de l’ONU au département des affaires politiques, a rejeté l’idée.

625.000 Barundi marchent vers les frontières rwandaises, tanzanienne et Zaïroise (actuelle RDC Congo). Tandis que des Barundi (Bahima) vont se réfugier à RUTOVU (BURURI).

3 NOVEMBRE 1993 : La zone a été ” pacifiée ” la veille et on peut suivre la progression de l’armée à la trace. La voie est libre : des centaines de troncs d’arbres abattus en travers du chemin ont été repoussés dans les fossés, des dizaines de tranchées rebouchées. Mais, sur près de soixante kilomètres, les huttes incendiées, les magasins pillés et les cadavres jalonnent la piste de Gishubi. Dans la province de Gitega, l’action de la troupe a surtout consisté à réprimer les partisans du président assassiné, considérés comme des ” rebelles “. (Le Monde – Le 3 Novembre 1993 HELENE JEAN)

Les jeunes résistants s’organisent vaille que vaille. Face à l’avancée des chars de la gendarmerie burundaise de nombreux troncs d’arbres sont coupés afin de les freiner. De nombreux jeunes résistants succombent. D’autres sont dénoncés par des jeunes favorables au putsch. D’où de nombreux règlements de comptes ont lieu [Voir le massacre odieux de Kibimba] !


6,7 NOVEMBRE 1993 :
La douzaine de ministres et secrétaires d’Etat qui s’étaient réfugiés à l’ambassade de France, finalement accepté de sortir aussi …

8 NOVEMBRE 1993 : La Cour constitutionnelle du Burundi constate officiellement, ” la vacance du poste de président de la République “. Elle officialise que l’intérim sera assuré ” collégialement ” par le gouvernement. Selon la Constitution, des élections doivent être organisées au plus tard trois mois après la constatation de la vacance de la présidence, ” sauf en cas de force majeure “.

9 NOVEMBRE 1993: Quelque 400 000 Burundais, réfugiés au Rwanda, attendent dans des conditions désastreuses, l’intervention de troupes étrangères pour rentrer chez eux. Mais apparemment, ces troupes ne viendront pas !

sur un petit terrain de football, des milliers de réfugiés attendent encore, sous la pluie, leur ration quotidienne de maïs, distribuée par la Croix-Rouge belge. Il fait nuit noire, les gens sont nerveux, affamés. il suffit d’un geste, d’un mot de trop, pour que les sacs de vivres soient pris d’assaut. Des échauffourées éclatent. on se bat, on hurle, pour tenter de s’emparer de quoi manger ce soir. A genoux dans la boue, des enfants transis ramassent à tâtons, dans l’obscurité, les grains éparpillés à terre.

” Les réfugiés ont faim ; la nourriture est encore insuffisante et arrive irrégulièrement “.

Les premiers cas de rougeole ont été repérés par une équipe de médecins sans frontières (MSF). Le taux de mortalité dans les sites d’accueil atteint deux décès pour dix mille personnes par jour, un seuil très critique, selon les références des milieux humanitaires. Mais la dysenterie est le premier facteur de mortalité.

Les paysans burundais, mais aussi les fonctionnaires et les étudiants, sans ressources, repassent chaque nuit la rivière Kanyaru, qui marque la frontière rwando-burundaise pour aller chercher de quoi manger dans leur pays. Des incursions qui entraînent souvent des accrochages avec les jeunes milices, protégés par les soldats burundais, qui écument le nord du Burundi.

” Ils ont tué notre président et j’ai eu peur “, affirment tous les réfugiés hutus, qui refusent de retourner chez eux malgré le dialogue qui s’est instauré à Bujumbura entre l’armée et le gouvernement. “Nous ne serons rassurés qu’en présence d’une force internationale “, disent-ils, craignant ” l’armée tutsie “(Le Monde, 9 Novembre 1993,HELENE JEAN)

12 NOVEMBRE 1993 : La Diaspora, dont celle de Belgique, se mobilise pour alerter face à cette crise humanitaire sans précédent.

L’UK envoie aux HCR de la nourriture pour venir en aide aux 600,000 réfugiés, coordonnée avec une organisation humanitaire britannique, Actionaid.

Pendant ce temps, la résistance se poursuit … Des affrontements ont lieu à l’école technique de Bujumbura entre des élèves pro-pusch (épaulés par la gendarmerie, et la police), et les autres.

Quant au gouvernement, il attend toujours une intervention de troupes africaines, mais il ne voit toujours rien venir !

” On s’attend à tout moment à un autre coup d’Etat, affirmait au monde le ministre burundais de l’éducation nationale, Liboire Ngendahayo, de passage à Paris la semaine dernière.

16 NOVEMBRE 1993: Tout le monde se dit enfin. Le conseil de sécurité des Nations unies souhaite l’envoi de troupes ” dès que possible ” au Burundi. La présence internationale ” au Burundi, selon l’émissaire de l’OUA, l’ambassadeur sénégalais Louis Fall, sera composée des pays prêts à envoyer des troupes, le Kenya, le Sénégal, l’Egypte, le Maroc et le Cameroun, en plus des pays voisins du Burundi, dont le gouvernement ne souhaite pas la participation.

21 NOVEMBRE 1993: L’Organisation de l’unité africaine (OUA) décide d’envoyer un contingent de 200 personnes [180 militaires et 20 civils] pour une durée de six mois. L’organisation décide également, à la demande du gouvernement burundais, d’établir ” une commission internationale pour enquêter sur le coup d’Etat manqué du 21 octobre et les assassinats qui ont eu lieu “.

26 NOVEMBRE 1993: 100 réfugiés Barundi meurt tous les jours dans les camps au Rwanda. Le UNHCR s’inquiète. De nombreux jeunes dans les camps comprennent que mieux vaut tenter de rentrer rejoindre la Résistance qui s’organise que de mourir …

Plusieurs jeunes résistants sont tués par balles dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 novembre, dans la banlieue de la capitale, par dénonciation. En province, le gouverneur de Kirundo est assassiné. Selon un délégué du Programme alimentaire mondial (PAM) qui vient de sillonner le pays, de nombreuses maisons sont incendiées par les militaires et de plus en plus de personnes déplacées arrivent dans des camps à la recherche de sécurité et de nourriture.

5 DECEMBRE 1993 : Des dizaines de milliers de Burundais se rendent à Bujumbura, pour rendre un dernier hommage au premier président élu, Feu Melchior NDADAYE. Sept autres personnes, dont un ministre et le président de l’Assemblée nationale, elles aussi tuées pendant ou après la tentative de coup d’Etat du 21 octobre, ont été enterrées à ses côtés dans le jardin de l’ancien palais royal.

Certains jeunes résistants participent à la cérémonie. Le mot d’ordre est le recueillement. Les services de sécurités, et les milices pro-putsch veillent. Listes, et talky walky à la main, ils scrutent pour voir si certaines têtes sont présentes.

Beaucoup de jeunes disparaissent à l’issue de la journée. Leurs parents ne les reverront jamais.

8 DECEMBRE 1993: Près de trente jeunes résistants ont été tuées sauvagement, à Kirundo (nord), lors d’affrontements avec des milices pro-putschistes, encadrés par des militaires des FAB.

La plupart de ses combats sont tellement disproportionnés. Ces jeunes meurent, face à des mitrailleuses, comme de la chair à canons !

23 DECEMBRE 1993: Les premiers membres civils de la mission de protection de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sont à Bujumbura depuis deux jours.

Après avoir démissionné de ses fonctions de ministre des relations extérieures, Sylvestre Ntibantunganya est élu, président de l’Assemblée nationale et, selon la Constitution, devrait assurer l’intérim de la présidence de la République.

Pendant ce temps, British charity Oxfam s’occupent de 40,000 réfugiés barundi en Tanzanie. Dépassé par le drame, l’ONG’s appelle à l’aide !

Les autorités tanzaniennes sont obligées de protéger certains Barundi, qui, arrivent exténués et traqués par des miliciens pro-putsch “assoiffés de sang” jusqu’à la frontière.

Pour les militaires tanzaniens, il s’agit de comportements lâches !

26 DECEMBRE 1993: Le camp pro-putsch rassemble plusieurs milliers d’opposants au gouvernement du président assassiné Melchior Ndadaye, à Bujumbura, en vue de manifester contre le déploiement de la force de protection de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Ces jeunes gens, lié au système de la Dictature, estime que cela est une menace pour le pays.

Ces opposants sont majoritairement des militants au sein de l’unité pour le progrès national(UPRONA), proches de l’armée. Désormais seuls maîtres à bord, ils font monter les enchères.

Ils ont indiqué qu’ils ne voulaient pas de M. Ntibantunganya, ” un dur obsédé par la vengeance ” depuis l’assassinat de son épouse le jour du coup d’Etat manqué. Ils réclament, en outre, un premier ministre issu de leurs rangs et doté de pouvoirs étendus.

Les membres du gouvernement (en exil) ont peur. Ils quittent rarement l’hôtel refuge des bords du lac Tanganyka.

Pourtant une lueur d’espoir s’installe au niveau de la Résistance. Certains politiciens, membre du gouvernement (en exil) commence à comprendre que le salut viendra des Barundi eux-mêmes. La communauté internationale a peur de se mouiller. De plus, les FAB (Forces Armées Burundaises) ne veulent pas d’une force étrangère. “Il faudra désormais s’organiser”.

Pendant ce temps, les jeunes résistants résistent comme ils peuvent…

News Reporter
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