DAM, NY, AGNEWS, le 22 décembre 2009.
Depuis mi-octobre, la rébellion des Banyamulenge, soutenus par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, a débuté. Cette coalition est l’avant garde des pays anglo-saxons US/UK qui mènent une lutte géopolitique acharnée contre la France [et la Belgique qui a capitulé]. Avec d’autres opposants au président Mobutu, ils se regroupent dans l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Zaïre (AFDL) qui sera dirigée par la suite par Laurent-Désiré Kabila.
L’AFDL, poussée par ses alliés, démantèle les camps de réfugiés rwandais, et burundais, sous tutelle du HCR. Un million de personnes fuient les camps de réfugiés … Les Babembe d’Itombwe et de Fizi s’organisent en Résistance face à l’agression Rwando-Burundo-Ougandaise [Bahima]. A eux s’ajoutent les Babuyu, les Bavira,les Bafulero, les Banande, les Bahunde, les Batembo, et les Banyanga. Il s’agit du Premier Jet des guerriers Maï-Maï. Va se rajouter par la suite, les Bashi,les Bahavu, les Balega, les Bazimba, et les Bakobo.
1er novembre 1996, Bukavu tombe … Les Résistants – FDD Barundi créent un corridor pour permettre aux réfugiés barundi abandonnés par l’UNHCR à leur sort. Des affrontements meurtriers vont avoir lieux avec les armées FAB-FPR-Ougandaises qui se nomment “Banyamulenge” afin de revendiquer une légitimité au Zaïre. Tous les camps de réfugiés sont détruites. Bien plus au nord, près de Goma, 300.000 réfugiés prennent la fuite vers le nord-ouest. L’armée rwandaise FPR prend le contrôle de Goma.
Malgré l’insistance des autorités de Kinshasa qui parle d’une agression des armées des trois Etats que sont le Burundi – le Rwanda – et l’Ouganda, le Président Buyoya nie être impliqué dans la crise à l’est du Zaïre. Ce serait une très mauvaise affaire pour BUYOYA qui espère être soutenu par le France pour sortir de son embargo régional. Mais en même temps sont appui aux réseaux anglo-saxons permet à Washington et à Londres de le considérer comme un allier.
Le 2 novembre 1996, à Giheta, les Résistants-FDD affrontent les milices-déplacés-armées en plein camp à Giheta.
Le 3 novembre 1996, 12.000 réfugiés burundais se précipitent depuis quelques jours au poste frontière de Gatumba. Ils disent que les massacres au Zaïre sont horribles !
Mais arrivée au Burundi, ceux qui ne sont pas sécurisés par des bataillons FDD sont voués à la mort. Les FAB les accueillent et les amènent à la mort.
Le 6 novembre 1996, face à l’horreur des massacres des FAB et leurs alliers, le gouverneur de la province de Bubanza démissionne. Il est menacé si il parle !
Le HCR fait état d’allégations sur des massacres de rapatriés commis par l’armée dans la région de Gatumba. L’armée dément les allégations.
Le 7 novembre1996, les Résistants-FDD tentent de libérer la commune de Gishubi. La bataille de Gishubi va s’étendre pendant deux jours. Les militaires putschistes barundi ont de lourde pertes humaine. En débandade, 15 maisons brûlées, et des caféiers brûlés . A Matongo, les FDD assurent les retours des réfugiés barundi du Zaïre.
Le 8 novembre 1996, selon les témoignages des Barundi à Amnesty International, des militaires FAB (et des milices – déplacés déchainées) viennent d’assassiner 125 citoyens dans la province de Gitega.
Pendant ce temps de l’autre coté au Zaïre, entre le 12 et le 15 novembre 1996, par une tactique sadique de tirs “ponctuels” de mortiers sur le camp de Mugunga, l’APR, la nouvelle armée rwandaise, poussent de force les réfugiés-otages (ce que le HCR et l’ONU prônaient fin 1994 et qu’ils n’ont jamais pris la peine de mettre en œuvre, montrant par là, que certains pays pourvu d’un veto ne souhaitaient peut-être pas le retour réel des réfugiés au Rwanda) vers la frontière rwandaise. De nombreux, ayant compris la stratégie de l’APR, fuient tout de même vers la forêt … Pendant ce temps, les Etats Unis donnent enfin leur accord pour participer à une opération humanitaire internationale de 4000 ou 5000 hommes dont le Canada prendrait le commandement, force constituée en majeure partie, “de Britanniques, de Français et de dix-sept autres pays européens et africains” (Bernard Lugan). Peine perdue: cette fois, l’APR investit le camp de Mugunga et prend en chasse les réfugiés rwandais sans l’aide d’aucune “bonne volonté” internationale…
Comme à la mi-juillet 1994, mais cette fois dans l’autre sens, c’est au rythme de 12000 à 15000 par heure, que les réfugiés des deux camps de Mugunga repassent la frontière du Rwanda à Gisenyi, grossissant l’un après l’autre, une vague lente et régulière de plus de 600.000 hommes, femmes et enfants. Quant aux 500.000 de Bukavu, au sud du lac Kivu, la contre-offensive des Banyamulenge les aura fait fuir pour la plupart vers le nord et Goma, et il faudra plusieurs mois d’errance à 230.000 d’entre eux pour regagner le Rwanda par petites troupes désemparées et à bout de forces. Certains de ces “candidats” au retour, trop terrorisés par les représailles imaginées, ont même été littéralement poussés vers le Rwanda par les forces rebelles de l’AFDL.
Le 16 novembre 1996, BUYOYA décide d’installer de nouveaux administrateurs communaux dans un grand nombre de communes. Pour lui, il souhaite de plus entendre parler d’administration parallèle du CNDD sur le territoire des Barundi. Il profite de ce moment car le CNDD et les FDD vivent un moment très difficile. Ils doivent gérer les conséquences de la guerre régionale de l’Est du Zaïre (actuel RDC Congo). BUYOYA rencontre Feu Mzé NYERERE. Inflexible, ce dernier persiste avec l’embargo qui reste en vigueur.
NYERERE est fâché car tous les réfugiés barundi, rwandais, et Congolais se dirigent massivement vers la Tanzanie.
Le 21 novembre 1996, la Résistance attaque de la prison de Gashoho (province de Muyinga) et libère 50 prisonniers.
Le 22 novembre 1996, le président de l’assemblée nationale est attaqué en cours de route par des milices et des déplacés pro putsch. Le HCR fait état de l’assassinat de 300 rapatriés du Zaïre dans l’église adventiste de Murambi (province de Cibitoke) par l’armée FAB et les milices. Le HCR regrette également ne pas avoir libre accès aux réfugiés en particulier à Gatumba.
Le 25 novembre 1996, le président du Frodebu dénonce l’invitation du président Buyoya aux sommets de Ouagadougou et de Brazzaville qui, selon lui, constitue une insulte à l’endroit des Etats démocratiques. La France, et la seule, à pouvoir sortir BUYOYA de son embargo. Elle entretient des relations avec MOBUTU, et les rébellions rwandaise [opposées au Régime de KIGALI ] et burundaise (CNDD / FDD). Le CNDD lui voit “rouge” cette invitation …
Le 27 novembre 1996, à Gatara, la Résistance a le vent en poupe. De nombreux jeunes intègrent les rangs de la Résistance.
Le 2 décembre 1996, les FAB massacrent 32 prisonniers à la prison de Gashoho (province de Muyinga) …
Le 3 décembre 1996, à Brazzaville, un appel au soulèvement des sanctions par le comité de l’ONU pour les questions de sécurité en Afrique Centrale. Et trois jours après, au 19ème sommet France-Afrique, le président putschiste Buyoya est invité comme un chef d’Etat respectable, et se réjouit de la fin de l’isolement de son pays.
En même temps, il promet à la France, de plaider en sa faveur vis à vis de KIGALI et KAMPALA, qui ont mis la machine “anglo-saxonne” en route pour chasser “Paris” de la région.
La France espère installer une base militaire à Bujumbura pour avoir pied aux KIVU.
Entretemps, 243 citoyens barundi sont massacrées dans une église à Butaganzwa (province de Kayanza) et 300 autres dans des marais par l’armée et les milices.
La Résistance est surmenée car elle doit assurer la protection tant bien que mal des rapatriés barundi qui traversent le Burundi pour aller se réfugier en Tanzanie. Les rapatriés se reposent dans les zones administrés par la Résistance.
Le 11 décembre 1996, l’Uprona refuse de participer à une rencontre avec Feu Mzé Nyerere à Arusha … Trois jours après, Feu Mzé Nyerere reçoit certains protagonistes de la crise burundaise, y compris le président du Frodebu et le ministre des affaires étrangères. A l’issue de cette rencontre, Léonard Nyangoma revendique la présidence du Frodebu.
Le 14 décembre 1996, à Vugizo, les résistants-FDD combattent les FAB. Les combats sont rudes …
Le 20 décembre 1996, M. Ould Abdallah présente son ouvrage “La diplomatie pyromane”. .
Le 24 décembre 1996, le CNDD annonce un cessez-le-feu de 11 jours afin de permettre à tous les Barundi de souffler face à la lourdeur des évènements qu’ils vivent. BUYOYA, et son gouvernement rejettent ce cessez-le-feu du CNDD.
Dès le 30 décembre 1996, le président de l’assemblée nationale demande que soient rétablis la constitution du 13 mars 1992, le code électoral et le règlement intérieur de l’assemblée nationale. Une revendication du CNDD … Surtout après avoir reçu le prix de la démocratie de l’ONG Parliamentarians for Global Action, Léonce Ngendakumana a à plusieurs reprises été convoqué par le procureur de la république dans le cadre d’accusations selon lesquelles il aurait participé aux massacres qui ont suivi l’assassinat du président Ndadaye. Il s’agit de la nouvelle stratégie de pression du Régime putschiste, calquée sur celle du Régime de KIGALI. Depuis quelques temps, il est d’ailleurs menacé de mort par des miliciens – déplacés -armées.
Fin décembre 1996, quelques 270 000 réfugiés vivent un calvaire sans nom, par longues colonnes “relativement organisées” ou par petits groupes tapis dans la forêt, marchant plus de 1500 kilomètres vers l’ouest ou le sud-ouest par peur des massacres. La chose est déjà prévisible en décembre 1996. Pour preuve d’un certain “cynisme”, c’est d’ailleurs le moment que choisit la “communauté internationale” pour annuler l’envoi de sa force de sécurité de 4000 ou 5000 hommes, ne l’estimant “plus d’actualité”. Quelques jours auparavant, le conseil de sécurité avait mis formellement fin à l’idée de la force multinationale au Zaïre.