Au moment où l’Union Africaine vient de nommer l’ancien Dictateur Président Burundais Pierre Buyoya comme Haut représentant de cette institution au Mali et dans le Sahel, voilà que le terrain judiciaire s’invite … Son nom, NDUWUMUKAMA Philibert, alias KIWI. Il s’agit de l’homme qui a étranglé le Président du Burundi le 21 octobre 1993, Feu Melchior NDADAYE, sous l’ordre de ses supérieurs. Cet événement plongera le Burundi dans une guerre civile qui ne prendra fin que 10 ans plus tard après la mort de centaine de milliers de Barundi … L’Homme vient d’être arrêté à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) au moment où il cherchait à rejoindre le groupe terroriste M23 (une des forces négatives qui tue, viole et assassine en RDC).
Le Capitaine M. NDUWUMUKAMA Philibert accuse nommément l’ex. Dictateur Pierre BUYOYA d’avoir été à l’initiative du projet de l’assassinat de Feu Melchior NDADAYE.
Voici le témoignage exclusif de cette homme, témoin gênant des pratiques de l’ancienne Dictature des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, et Buyoya) qui a régné en maître de 1966 à 2003 au Burundi (responsable de plus de 4,5 Millions de victimes Barundi).
L’équipe du site d’investigation burundais – Le Témoin Nyabusorongo – nous fait partager ces minutes intenses passé avec le Capitaine M. NDUWUMUKAMA Philibert (KIWI) peu après son transfèrement au Burundi en provenance de la RDC :
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(propos recueillis par Evelyne KAGIYE et Serge KITURIRWA – Le Témoin Nyabusorongo – http://nyabusorongo.org/index.php/revelations/148-arrestation-du-boucher-du-president-melchior-ndadaye-pierre-buyoya-et-jean-bikomagu-indexes )
Il s’appelle NDUWUMUKAMA Philibert, alias KIWI. C’est l’homme qui a étranglé le Président de la République, Melchior NDADAYE, dans la nuit fatidique du 21 octobre 1993. Il vient d’être arrêté à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) au moment où il cherchait à rejoindre le M23. Cet homme d’une cinquantaine d’année, cheveux blancs, d’un teint noir comme une nuit sans étoiles, ancien militaire burundais, affirme avoir participé à l’exécution du Président Melchior NDADAYE, premier Président démocratiquement élu dans l’histoire du Burundi. Il était en compagnie des lieutenants KAMANA et BIGIRIMANA, médiateurs entre les hommes de troupes et les officiers supérieurs au cours de la nuit qui a vu la décapitation de la démocratie au Burundi.
Dans un entretien exclusif que l’équipe Nyabusorongo a eu avec KIWI peu après son transfèrement au Burundi en provenance de la RDC, le caporal devenu Capitaine pointe un doigt accusateur au major Pierre BUYOYA, alias Gustave (du nom du célèbre et mythique monstre burundais qui a bouffé beaucoup d’autres Burundais, et qui a valu à Pierre BUYOYA cette caricature ci-contre), et au Colonel BIKOMAGU comme les principaux initiateurs du projet d’assassinat de Melchior NDADAYE. Dans sa cellule en captivité, il regrette aujourd’hui que ces hommes soient toujours libres alors qu’ils ont gâché sa propre vie en l’obligeant d’errer comme Caïn alors qu’il n’a fait qu’exécuter leurs ordres via le Lieutenant KAMANA.
Après l’assassinant de Melchior NDADAYE, un certain nombre de militaires de l’armée burundaise ont été arrêtés et incarcérés. Cependant, une bonne partie de ces militaires impliqués dans l’assassinat de NDADAYE, soit 13 sur les 26 qui ont joué un rôle clé, ont pu soit se réfugier à l’étranger ou s’évader de la prison. Les 13 autres, dont KIWI, sortiront de la prison en 2006 grâce à la mesure prise de libérer les prisonniers politiques. En 2008, KIWI avec certains autres Burundais se rendront en RDC pour rejoindre le CNDP. KIWI a intégré le CNDP avec un grade de Lieutenant et deux ans après il est devenu capitaine. Il regrette le fait que ceux-là mêmes qui l’ont utilisé pour tuer NDADAYE n’aient pas pu le protéger et lui trouver du travail. Il cite nommément le colonel SIMBANDUKU qui aurait refusé de l’engager comme vigile dans sa société de gardiennage. Il continue à accuser ceux qui ont préparé le coup de l’avoir induit en erreur car aucune des promesses faites aux hommes de troupe n’a été tenue. Il se rappelle avec chagrin du message reçu de BIKOMAGU, quelques jours après le coup : « murabona ko ivyo twakoze vya perikise, none dushaka dusubize ubutegetsi » (Vous voyez que ce que nous avons fait a percuté, nous allons rendre le pouvoir : traduction de la rédaction). Il se rappelle aussi de la déception qu’il a pu lire sur les visages des militaires présents et surtout des promesses qui leur avaient été faites d’améliorer leur quotidien, d’augmenter leurs grades, etc. Il se demande pourquoi il a croupi en prison pendant 13 ans alors qu’il n’était que simple exécutant au moment où les cerveaux du coup d’Etat n’ont jamais été inquiétés, martèle-t-il.
Selon ses propres dires, le capitaine KIWI a été arrêté le 15 septembre 2012 par les Forces Armées de la RDC (FARDC), dans la localité de BUNAGANA, à l’Est de la RDC en compagnie de 7 autres combattants burundais qui allaient se faire enrôler au sein du M23. Après leur arrestation, Kiwi et ses compagnons ont été acheminés à l’Etat-major de l’Opération AMANI LEO. Une semaine après leur arrestation, ces combattants, issus des groupes rebelles burundais basés en RDC, ont été transférés au Burundi. KIWI et un groupe d’autres anciens militaires dont un certain (KATENDO) RUGAMBA ainsi que des jeunes tutsi sont partis en RDC en 2008 combattre dans les rangs du CNDP du Général Laurent NKUNDA avec l’espoir de non seulement gagner leur vie mais aussi et surtout de conquérir le pouvoir au Burundi après la conquête des deux Kivu. Selon toujours KIWI, après la désintégration du CNDP, le groupe dirigé par KIWI et RUGAMBA rejoint les dissidents du CNDP opposé au brassage des forces armées congolaises. C’est apparemment après une brouille avec ses supérieurs hiérarchiques, due à un partage très inéquitable de l’argent issu des différents pillages, que le Capitaine burundais décidera de quitter le groupe pour rejoindre les combattants du M23. Au moment où KIWI s’attendait à un partage pur et simple, le Capitaine Burundais ne recevait que ce que lui-même appelle « Motivation ». Il raconte en effet que lors d’une opération de pillage organisée par le Commandant de son Bataillon au cours de laquelle une somme de 10.000 dollars avait été récoltée, le Commandant a pris 4500 dollars tandis que le reste a été partagé entre les officiers proches du commandant au moment où KIWI n’a eu que 100 dollars en guise de « motivation ». Ce qui a davantage révolté KIWI serait le fait que le montant de cette motivation ne cessait de diminuer. Pour éviter que le Capitaine KIWI ne révolte les autres militaires, l’identité burundaise du capitaine a été mise en exergue ce qui créa des soupçons au sein même de son groupe. Pour éviter qu’il soit un jour tué, KIWI décida de quitter le groupe pour rejoindre le M23. Malheureusement pour lui, il sera arrêté avant d’arriver à destination.
KIWI affirme qu’il avait des contacts avec le M23 car il avait déjà travaillé avec la plupart des éléments de ce mouvement. L’objectif ultime des Burundais qui combattent au sein de ce mouvement, confie KIWI, est de parvenir à conquérir le pouvoir au Burundi. Un pacte secret a été conclu entre certains politiciens burundais et les responsable du M23 de se coaliser contre Bujumbura, une fois le Nord-Kivu conquis.
Pour cet ancien militaire du 11eme bataillon blindé, la désillusion est grande. « AMASE YA KERA NTAHOMA URUTARO », constate-t-il avec amertume. Dans cet adage en Kirundi, ils qualifient de « vieille bouse devenue inutilisable » ces politiciens nostalgiques du pouvoir. Ceux-là mêmes qui lui avaient commandé d’achever l’assassinat du Président Melchior NDADAYE par étranglement, mais qui n’ont jamais été inquiétés. C’est ce message qu’il voudrait aller transmettre à ses compagnons d’armes qu’il a laissés en RDC. Il constate avec regret qu’il aurait pu capitaliser autrement les nombreuses années passées dans les forêts de la RDC avec de vains espoirs de rentrer triomphalement au Burundi. Il conclue sa litanie de regrets en disant : « BAVUGA NGO IGITI NTIKIGUKORA MU JISHO KABIRI, JEWE KARARENGA KABIRI ». Ce qui est un autre adage Kirundi qui peut se traduire par : « en principe on ne peut pas faire la même gaffe deux fois, mais moi malheureusement j’ai déjà gaffé plusieurs fois ».
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Au Burundi, contrairement à une certaine image et opinion africaine forgée par la Françafrique, l’ancien dictateur Buyoya, c’est d’abord pour les victimes de l’ancienne dictature burundaise :
– Ntega Marangara (1988), 100 000 morts Barundi [ https://burundi-agnews.org/genocide.htm#1988 ];
– La guerre civile burundaise (1993-2003), 1 Millions de morts Barundi (des chiffres dont les sources sont proches de l’ancienne dictature parle de 300 000 morts) [ https://burundi-agnews.org/guerre_civile_du_burundi_1993_2003.htm ];
– Les camps de concentration au Burundi (1996-2001), 1.5 Millions de victimes Barundi [ https://burundi-agnews.org/ccburundi.htm ];
Aujourd’hui, soit 9 ans après la fin de la guerre civile, les victimes de la Dictature des Bahima burundais espèrent encore grâce à un processus de justice transitionnelle en cours au Burundi …
DAM, NY, AGNEWS, le 27 octobre 2012