Le Burundi sort d’une quarantaine d’années d’une dictature féroce, celle des Bahima Barundi (Micombero, Bagaza, et Buyoya). Elle a fait plus de 2.5 millions de victimes dont près de 900 000 morts parmi les Bahutu Barundi (dont les Batutsi et les Baganwa). Pendant cette dictature des Bahima, les jeunes Bahutu Barundi étaient exclus du système éducatif ou orientés vers des cursus sans issues. Au cours des années 80, sous le dictateur Bagaza, les jeunes Bahutu Barundi étaient notés d’une lettre “U” prononcé “OU” pour être distingués des autres élèves sur leurs copies. Ainsi, il était aisé de pouvoir les orienter ou les stopper dans leurs études. C’était alors un système d’apartheid scolaire bien rodé… Avec la fin de la guerre civile Rundi en novembre 2003, et la victoire du CNDD/FDD, aux élections démocratiques de 2005, les Bahutu Barundi (Batutsi et Baganwa compris) sont revenus au pouvoir…
Une fracture sociale très importante existe et est entretenue par le système.
Mais alors … La sociologie de l’élite et du monde universitaire burundais reste majoritairement composée de Bahima Barundi. Cela est due à cette situation – d’apartheid- de passée vue plus haut. De plus, avec une – fausse lecture- des Accords D’Arusha de 2000, les Bahima Barundi se faisant classés -sociologiquement – parmi les Batutsi Barundi, ces derniers bénéficient de la plus grande part des 40% de représentativité sociale (réservés aux Batutsi Barundi) dans les institutions burundaises. D’où, dans la société burundaise actuelle, une fracture très importante subsiste… Beaucoup d’experts Barundi et étrangers estiment, suite à cette handicape qui touchent les Bahutu Barundi, que – des lois de discrimination positive – doivent voir le jour au plus vite. Il ne faut pas oublier que les Bahutu Barundi, c’est plus de 90% de la population burundaise. Sinon cette injustice provoquera à nouveau une très grande instabilité sociopolitique au Burundi. Si l’enseignement supérieur, comme celui universitaire, (qui sont des cercles élitistes fermés) n’est pas réformée -avec des lois de discrimination positive – facilitant l’accès aux enfants Bahutu (Batutsi et Baganwa compris), il demeurera celui des Bahima Barundi. Car il est connu sociologique que si un parent est universitaire, il y a de forte chance que ces enfants suivent la même trajectoire. Le cercle est donc vicieux.
Un projet : la modernisation du système éducatif Rundi …
Depuis l’arrivée du CNDD/FDD au pouvoir en 2005, une grande réforme du système éducatif Rundi a été entreprise. L’idée est de pouvoir enseigner – l’esprit d’initiative – à la jeunesse Rundi afin que celle-ci n’est plus, à la fin de son curcus, la – pensée unique – qu’il n’y a que l’Etat qui puisse lui garantir un job. Le programme éducatif Rundi doit pouvoir répondre à celui des marchés (national, EAC, CEPGL, ZLE, UA et mondial). Il s’agit de mettre en adéquation le monde de l’enseignement et celui du travail. En d’autres termes, les jeunes Barundi, qui sortiront du système éducatif Rundi, devront pouvoir, grâce à leur formation, répondre aux besoins du marché et aussi, s’ils le souhaitent garantir leurs emploies en créant leurs propres jobs.
En plus de cette orientation, il y a deux défis :
– “Au niveau national, près d’un million de jeunes barundi entrée dans le système éducatif Rundi”
Actuellement, les grandes réformes réalisées sont depuis lancées … Citons celui de -la gratuité de l’enseignement primaire décrétée en 2006 – par S.E. Nkurunziza Pierre, en réponse justement à la fracture social créée par le système d’apartheid instauré par les Bahima dans le passée. Plus d’un million de jeunes barundi (autrefois exclu du système scolaire) se sont vue du jour au lendemain entrer dans le système éducatif Rundi. Dès ce décret, la course aux infrastructures et matériaux nécessaires était lancée. Mais il fallait aussi des enseignants. Des centaines de milliers d’emplois ont été dès lors créés. Aujourd’hui c’est toujours le même challenge. Les Barundi ont les chemises retroussées… Il ne se passe pas un week-end où le Président du Burundi S.E. Nkurunziza Pierre ne se trouve à l’intérieur du pays entrain de participer à la construction d’un établissement. Ce choix politique a engendré d’autres problèmes dont un : Ces jeunes barundi qui rentrent dans le système scolaire fondamentale, un jour, certains parmi eux seront désormais confrontés à peut-être réaliser des études supérieurs ! C’est la cas pour beaucoup aujourd’hui ! Il y a deux visions à donner à cette interrogation. Certains disent, il faut se retrousser les manches pour permettre à ces jeunes d’étudier en poursuivant la course à la recherche des ressources matériels et humaines nécessaires notamment en bâtissant énormément comme on fait au niveau fondamental… D’autres disent, mettons des critères de sélections à l’entrée du supérieur. Comme par exemple, le Ministre de l’enseignement supérieur, Julien Nimubona (Uprona) qui insiste sur le bien fondé de passer un examen d’Etat pour accéder à l’enseignement universitaire. Par ailleurs, les élèves Barundi vont passer l’examen d’Etat entre le 25 et le 28 août de cette année 2011…
– Une vision à construire au niveau régional.
Le Burundi, ce sont 8 millions d’habitants que comptent ce pays, dans des ensembles économiques énormes. Par exemple, dans le futur marché de la Zone de Libre Echange (EAC – SADC), que représenteront alors ces quelques millions d’habitants rundi ? Ils ne pèseront pas grande chose ! Les arguments d’une démographie galopante dangereuse à longs termes au Burundi ne tiennent pas. Si l’on se projette dans un futur de plus en plus proche. Si la culture Rundi veut demeurer, il y a ces grands changements dont il faut tenir compte dans les analyses prospectives. Avoir un grand nombre de Barundi – formés- est un avantage pour le Burundi. Il ne faut pas penser au petit Burundi actuel, mais bien au marché régional et africain de demain. Au delà de 2020, il sera aisé de voyager dans la région. Les jeunes barundi, qui ne se plaisent pas au Burundi, pourront aller voir ailleurs dans les zones ZLE par exemple, ou CEPGL. Il ne faudra pas que lorsque l’on demandera des universitaires dans la région pour des jobs, les Barundi ne puissent pas répondre à ce genre de demande. C’est l’exemple de la Belgique (petit pays en Europe), qui, à un moment, a voulu réduire le nombre de médecins belges formés en instaurant des critères de sélections énormes au travers des études de médecines. A un moment, il n’y a plus eu assez de médecins disponibles que ce sont des médecins étrangers (Français ou autres européens) qui sont venu combler le manque. Les politiciens belges ont du se raviser.
En ce moment, le gouvernement Rundi est entrain de mettre les bornes pour pouvoir s’adapter au système éducatif régional, notamment anglo-saxon. Par exemple, les réformes vers le système LMD (Licence Master Doctorat) qui sont encours. Le Burundi a signé l’annexe du protocole sur le Marché Commun qui concerne la libre circulation des personnes, y compris donc les travailleurs et leurs diplômes. Cette politique d’harmonisation va aider à ce que les diplômes burundais soient acceptés et agréés dans la région.
DAM, NY, AGnews, le 11 août 2011.