A Bujumbura, depuis quelques mois, un débat fondamental a été lancé au sein de l’Université du Burundi. Il s’agit de savoir “oui ou non” si il faut nommer (recruter) le corps professoral en tenant compte des prescriptions constitutionnelles qui favorisent le choix selon des critères – ethnique et régional -, ou au contraire, mettre l’accent sur la compétence.
L’ Association des Professeurs de l’Université du Burundi (et le syndicat du personnel enseignant ) ne veut rien entendre – autre – que les compétences au risque souligne t’il de baisser la qualité de la formation octroyée aux étudiants.
Le gouvernement, lui, ne veut qu’appliquer la loi : se conformer aux prescriptions constitutionnelles.
Les citoyens interrogés par AGnews à Bujumbura fustigent le corps professoral de l’Université du Burundi car, en tant qu’intellectuels du pays (l’élite), lorsque les politiciens à Arusha en 2000 ont voté les quota ethniques dans la Constitution, ces professeurs n’ont rien dit. De plus, jusqu’aujourd’hui, les universités du Burundi ne sont pas classées dans le top 100 des universités africaines. D’où parler de qualité …
Après 13 ans d’application des Accords d’Arusha, l’Etat a remarqué qu’au niveau de la haute magistrature, des officiers des forces de sécurité, ou encore de l’administration en général et du corps professoral en particulier, le phénomène de “génération spontanée” (voir le sociologue Pierre Bourdieu) se perpétue à ses niveaux de la société burundaise de manière dangereuse pour le futur.
Sans application stricte des quota ethniques d’Arusha, les Bahutu Barundi ( anciennement l’élite sous le Royaume millénaire – Ingoma y’Uburundi – éteint en 1966 ) , qui ont subi un génocide-régicide et ont été dominés pendant plus de 40 ans par les Bahima (Tutsi) burundais , seront toujours écartés de ces milieux sociaux d’influence et de décision de l’élite du Burundi.
Un débat de 2 jours vient de commencer à l’Assemblée Nationale du Burundi, opposant d’une part, les Bahima burundais (Tutsi) qui souhaitent que l’on ne touche pas à la Constitution à quota ethnique des Accords d’Arusha ( qui les favorisent ), et de l’autre les Bahutu Barundi qui dénoncent des institutions “tricheuses” à quota ethnique ( de plus, non respectées). Ces derniers souhaitent mettre un terme aux quota ethniques (dans la ligné de la première constitution démocratique du pays -voir Constitution de 1992-) ou qu’on les préserve en les appliquant de manière stricte, juste socialement et respectueusement.
DAM, NY, AGNEWS, le 19 décembre 2013