Les descendants des victimes et les rescapés exigent au Président Ndayishimiye la reconnaissance officielle du génocide contre les Hutu du Burundi entre 1972 et 1973.
Gitega, 27/05/2024 – Fatigués du temps qui passe sans permettre à leurs ancêtres partis de retrouver leur dignité, les descendants des victimes bahutu [1] Barundi, massacrés lors du “Génocide contre les Bahutu du Burundi entre 1972 et 1973” [2], demandent à S.E. Ndayishimiye Evariste, Général Major, Président du Burundi et Président du Conseil des Sages du CNDD-FDD, de reconnaître officiellement ce génocide.
Les Bahutu sont les acteurs clés de l’Ubumu, le système socioéconomique traditionnel des Barundi, produisant les ressources nécessaires pour satisfaire les besoins des Barundi.
En réaction à la dynamique de la conférence de Bandung de 1955, dès 1959, les USA, le Vatican, la France et la Belgique décidèrent qu’en donnant leur indépendance au Burundi, au Rwanda et au Zaïre, ils instaureraient dans chacune de ces colonies un “Etat néocolonial”. Après avoir remplacé Ingoma Y’Uburundi, l’État traditionnel des Barundi, par une République en 1966, ces puissances, par le biais d’acteurs néocolons burundais (Ntiruhwama Jean, Shibura Albert, Simbananiye Arthémon, Micombero Michel…), entre 1966 et 1973, décidèrent de remplacer l’Ubumu par une économie de marché. Pour ce faire, ils orchestrèrent un génocide, ciblant spécifiquement les Bahutu Barundi (cf. Plan Simbananiye 1968) car ils représentaient le pilier de l’Ubumu.
500 000 Bahutu Barundi furent massacrés entre le 29 avril 1972 et 1973. À cette époque, le Burundi comptait près de 3 millions d’habitants. Ce génocide contre les Bahutu Barundi causa 1,5 million de victimes parmi les Barundi, incluant les réfugiés (partis en RDC, Tanzanie, Rwanda, Europe, Amérique, etc.) et les déplacés internes. Huit Burundais sur dix furent impactés par cet événement tragique.
Ainsi, à partir de fin 1973, les coopérants occidentaux purent venir au Burundi pour créer des coopératives ou des entreprises, et faire fonctionner les banques du Burundi, instaurant une économie de marché, se liant aux institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale), endettant le Burundi de manière usurière. De 1973 à nos jours, le Burundi est devenu un état néocolonial, une république chrétienne démocratique liée à l’économie de marché globalisée (cf. néolibéralisme), demeurant parmi les pays les plus pauvres du monde, consommant plus qu’il ne produit, ayant perdu ses producteurs Bahutu.
Pour les descendants des victimes et les rescapés, la reconnaissance de ce génocide est cruciale pour entamer le processus de résilience face à cette injustice. Cette reconnaissance aidera également l’État du Burundi à comprendre pourquoi il peine à avoir une politique économique harmonieuse. Avoir écarté les Bahutu, piliers du modèle économique des Barundi pendant des millénaires, fut une faute majeure pour l’État du Burundi.
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NOTES :
[1] Hutu, Umuhutu / Abahutu : https://burundi-agnews.org/hutu/
[2] La commission vérité réconciliation : https://www.cvr.bi/
[3] Génocide contre les Bahutu du Burundi entre 1972 et 1973 : https://burundi-agnews.org/genocide-contre-les-hutu-du-burundi-en-1972/
DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Lundi 27 mai 2024 | Photo : CVR.BI