
Le Burundi rend hommage au Pape François à travers une messe solennelle à la Cathédrale Regina Mundi, en présence des autorités religieuses et politiques.
Bujumbura, 29/04/2025 – Une messe d’action de grâce en mémoire du Pape François a été célébrée ce mardi à la Cathédrale Regina Mundi à Bujumbura. La cérémonie, présidée par Mgr Datonou Dieudonné, Nonce apostolique, a réuni tous les évêques du Burundi ainsi que de hautes autorités politiques, dont le président du Burundi S.E. Ndayishimiye Evariste, Général Major, et une grande partie de son gouvernement.
Mgr Datonou Dieudonné a rendu hommage au Pape François, décrivant le pape comme un homme placé par Dieu au bon moment de l’histoire. Il a souligné que le Pape François était un chantre de la “fraternité universelle”, dont les actions parlaient plus fort que les mots.
Le très apprécié vice-président burundais, S.E. Bazombanza Prosper, accompagné de son épouse, était à Rome le samedi 26 avril. Ils ont été reçus par le Secrétaire d’État du Vatican, le Cardinal Pietro Parolin, en marge des cérémonies funéraires du Pape François. Le dimanche 27 avril, ils ont assisté à une messe dominicale à la chapelle de la Congrégation des Pères doctrinaires à Rome, en compagnie de membres de la diaspora burundaise d’Italie [1].
Entre le Burundi et le Vatican s’est tissée une relation ambivalente aux allures de syndrome de Stockholm, marquée par des dynamiques contradictoires. Il est très difficile de trouver un(e) Burundais(e) qui n’aime pas l’Église. Le Burundi, aussi connu sous le nom d’Ingoma y’Uburundi [2], est un État millénaire situé à Kama (nom ancien de l’Afrique). Depuis 1879 jusqu’à nos jours, le Vatican a été impliqué au premier plan, aux côtés des puissances coloniales et néocoloniales telles que l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, les États-Unis et la France, dans plusieurs événements tragiques de l’histoire burundaise. Parmi ceux-ci, on peut citer les guerres coloniales contre Mwezi Gisabo Gisonga, le génocide colonial contre les Banyamabanga Barundi qui a mis fin à l’Ubungoma faisant plus de 50 000 victimes, le régicide d’Ingoma y’Uburundi (de 1959 à 1972) avec les génocides successifs contre les Baganwa, les Bataka et les Banyamabanga. Le 29 avril 1972, le génocide contre les Hutu du Burundi de 1972 [3] a coûté la vie à 500 000 personnes, soit 1,5 million de victimes sur une population totale de 3 millions de Burundais, mettant ainsi fin au système socio-économique burundais (l’Ubumu). Le Vatican a également été impliqué dans la guerre civile burundaise entre 1993 et 2003 [4], en tant qu’allié des États-Unis et de la France en conflit dans la région des Grands Lacs africains, ainsi que dans la Révolution de couleur de 2015, une tentative de changement de régime visant le CNDD-FDD.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage, Bruxelles, Generation Afrique, 2025.
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[3] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
[4] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Bruxelles, Generation Afrique, 2024.
DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org , Mercredi 30 avril 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House