Burundi – Diaspora, Canada : L’ABC accuse le CNDD-FDD de “génocidaires”.

L’Alliance des Burundais du Canada (ABC), une organisation de la diaspora burundaise au Canada, représentant principalement les enfants des anciens apparatchiks burundais, porte des accusations de “génocidaires” contre le CNDD-FDD.

Ottawa ( Canada ), 10/03/2025. Une polémique éclate au sein de la diaspora burundaise au Canada. Dans un communiqué virulent, l’Alliance des Burundais du Canada (ABC), présidée par Kezabahizi Ghislain, a qualifié le CNDD-FDD, première force politique au Burundi, de « génocidaires ». Cette accusation choc ravive les blessures d’un passé douloureux et s’inscrit dans une vision « afropessimiste » [1], un courant qui considère l’Afrique incapable de s’émanciper sans influence occidentale.
Pendant des décennies, de 1989 à 2022, sous l’ère de la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN), accuser ses adversaires de génocide, de terrorisme ou même de complotisme était monnaie courante. Au Burundi, ce discours a été porté par des acteurs néocoloniaux, alliés des anciens colons. Ces élites ont contribué, dès 1966, à démanteler l’État traditionnel millénaire des Barundi, Ingoma y’Uburundi, et son système socio-économique, l’Ubumu [2]. À la place, elles ont instauré une république, soit une dictature militaire, culminant en 1972 avec le génocide contre les Hutu du Burundi [3]. Ce massacre, qui a fait 1,5 million de victimes sur une population de 3 millions, a ouvert la voie à un capitalisme de marché, enrichissant l’Occident au détriment des Burundais.
Beaucoup de membres de l’ABC sont les descendants de ces apparatchiks de la dictature militaire, exilés au Canada pendant ou après la guerre civile burundaise (1993-2003) [4] ou suite à l’échec de la « Révolution de Couleur au Burundi » [5] de 2015. Ce mouvement, soutenu par les États-Unis ( les Démocrates cfr. Obama ), le Vatican, la France et la Belgique, visait à renverser le pouvoir burundais du CNDD-FDD. Après l’échec du coup d’État du 13 mai 2015, nombre de ces figures néocoloniales ont fui vers l’Occident.
Aujourd’hui, dans un monde multipolaire, ces attaques verbales semblent dépassées. Elles soulignent pourtant une fracture persistante entre le Burundi et une partie de sa diaspora, marquée par l’héritage colonial et les luttes de pouvoir.

Références :

[1] L’afropessimisme est un courant né dans les années 1960, après la publication du livre de René Dumont “L’Afrique est mal partie”. “Afropessimiste” est un qualificatif attribué à ceux qui estiment que l’Afrique ne peut exister sans la domination du colon blanc. Les acteurs néocoloniaux africains (les élites des dictatures militaires) après les années 1960 étaient souvent qualifiés d’afropessimistes.
Il ne faut pas confondre ce terme avec l’afropessimisme des Afro-descendants aux États-Unis, qui, eux, pensent que le Blanc continuera toujours de voir le Noir comme un esclave, un colonisé ou un subalterne, c’est-à-dire quelqu’un sans âme et fongible.
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[3] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi: Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
[4] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD. , Bruxelles, Generation Afrique, 2024.
[5] Ndayicariye Pierre Claver, Burundi 2015 : Chronique d’un complot annoncé, Bujumbura, Compress.dsl, 2020.

 

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Mercredi 12 mars 2025 | Photo : ABC

News Reporter