{jcomments on}La société civile burundaise est assez particulière pour les observateurs externes qui se perdraient à la comprendre. Le Burundi a connu pendant plus de 40 ans une dictature sanglante menée par les Bahima barundi (Micombero – Bagaza – Buyoya). Les Bahima barundi ont mis un terme au Royaume millénaire des Barundi Bahutu (comprenant les Batutsi et les Baganwa), en décrétant la République en 1966 soutenue par la France notamment. Elle a fait plus de 2.5 millions de victimes directes (morts, réfugiés, internés etc.), soit la majorité des Barundi ont été impactées. En octobre 1993, le Burundi entre dans une période de guerre civile opposant d’une part – les Bahutu barundi (Les démocrates) – aux Bahima barundi (les pourfendeurs de la Dictature – ou de la République des Bahima barundi). Au final après dix ans, les – Démocrates – sortent victorieux, et depuis deux cycles d’élections démocratiques ont été organisées.
C’est ce qui explique que, paradoxalement dans le Burundi d’aujourd’hui, la société civile burundaise soit encore conduite par une élite composée majoritairement des Bahima barundi. ( la société civile dite -Uprona- en référence au parti unique sous la Dictature ). La société civile -dite Uprona- est composée de deux tendances : celle de l’Uprona (majoritaire) et celle héritière des Bahima barundi du nord du pays –« autre que Bururi »- ( tendance MRC ou MSD actuelle). C’est cette société civile, qui globalement, mène une lutte acharnée contre le régime démocratique en place. Il suffit de voir l’image sombre qu’elle véhicule sur le Burundi à l’extérieur, qui ne correspond nullement à la réalité. Les touristes en sont les témoins premiers. Par contre l’essor de la société civile –des démocrates- barundi est loin de voir le jour. Bien qu’elle se mette en place petit à petit suite à un soutien encore trop – trop fragile – du régime en place …
Un des grands enjeux de la société civile burundaise est de participer à mettre en place –une justice transitionnelle-, dont une Commission Réconciliation – Vérité, et un Tribunal associée Les fils de la Dictature (qui contrôle la société civile actuelle burundaise – notamment dans ce cas –ci les ligues des Droits de l’Homme, les corporations de journalistes, d’avocats et de juges etc.) pressent le dossier car ils savent que le temps est compté. Si la société civile –des démocrates- arrive à prendre le dessus. Ce sera trop tard ! Par contre, si actuellement on met en marche ce mécanisme, ils se savent assez fort pour pouvoir défendre les attaques contre les responsables – des plus de 2.5 millions de victimes barundi – (le génocide des Bahutu Barundi) que sont leurs parents.
Un autre enjeu est celui -de la reconstruction du pays-. Il consiste à aider les citoyens barundi à se prendre en charge, et renforcer les programmes de développement nationale. Des associations de Barundi font cet effort. Malheureusement, elles ne sont pas assez visible (la société civile -sociale-).
A coté de cette lutte au sein de cet acteur de la société rundi, encore trop disproportionnée, on trouve des organisations ONGs et autres (société civile internationale) qui font un travail de terrain intéressant, et régulier.
Voilà l’enjeu de cette société civile burundaise … Avec la globalisation (le multilatéralisme), cet acteur de la société rundi dispose de près de 40% de financement face au 60% dont dispose l’Etat burundais. De la sorte, elle influence énormément l’évolution nationale de ce petit pays d’Afrique. Depuis 2005 à nos jours, la – société civile – Uprona – est la principale créatrice des évènements au Burundi. Elle influence le débat national plus que les partis politiques barundi. En 2008, c’est entre autre ce qui va pousser à la création du parti politique- MSD – d’Alexis Sinduhije, en même temps, membre actif de la société civile ( ex-Directeur de la RPA – Radio )…
Cette image de la société civile burundaise est bien entendue à nuancer. Elle permet à un observateur externe de comprendre. Car le Burundi d'aujourd'hui est composé de Barundi … De nombreux parmi eux, Bahutu comme Bahima, travaillent ensemble pour un avenir meilleur en commun. De manière plus concrète, voici une image rapide de cette société civile burundaise décrite depuis 2005 :
2005 :
Mars :
Société civile internationale :
-Deux millions de Burundais sont dans le besoin d' une assistance alimentaire, soit 40% de plus qu'en 2004, selon deux agences de l'ONU pour l'alimentation. [ Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM)].
Société civile politique « tendance Uprona » (Celle des fils/filles de la Dictature militaire – des Bahima barundi) :
-A Bujumbura, la ligue Iteka accuse le CNDD-FDD d’outrepasser les droits du citoyen.
Mai :
Société civile internationale :
L'organisation internationale des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), demande que la situation des milliers de 'demandeurs d'asile' rwandais qui ont fui au Burundi soit examinée par le pays d'accueil, conformément aux règles internationales. Le Burundi menace d’expulsion des membres d’organisations internationales accusés d’éloigner «clandestinement » de la frontière certains réfugiés rwandais. Le président Domitien Ndayizeye dénonce le Haut commissariat des Nations Unies pour le réfugiés (HCR) et le Comité international de la Croix rouge (CICR). Alison Des Forges, chercheuse américaine pour la division Afrique de HRW rappelle que « Le règlement international exige que les mobiles ayant poussé les demandeurs d’asile à chercher la protection à l’étranger doivent être examinés ».
Juin :
Société civile internationale :
– Fraternité Matin (Abidjan) titre « OMS : mort pour les 23 milliards de Buyoya ? » suite à une enquête à Genève, Bruxelles et Paris de Léon-Francis Lebry d’Abidjan. Ce scandale qui risquait d'éclabousser le pouvoir est tué dans l'oeuf par les plus hautes autorités de l'état burundais. L'assassinat du Pr Léopold Malan Kassi était à ce prix. Et il a payé le prix fort. « L'ombre de Buyoya ne doit pas nous empêcher d'aller au terme de ce procès » Cette phrase est prononcée par Maître Bernard Maingain au cours d'une audience …
Juillet :
Société civile internationale :
– Le Secrétaire général félicite le Gouvernement de transition du Burundi et le peuple burundais pour la conduite pacifique des élections législatives.
-Une centaine de réfugiés burundais (originaires de Kirundo(Nord Burundi)) qui vivaient dans les camps rwandais de Nyamure(Butare) retourne chez eux aidés par l’ONG « Africa Humanitarian Action ».
– Deux casques bleus éthiopiens de la mission de l’ONU au Burundi qui ont commis des abus sexuels sont renvoyés dans le pays.
Société civile politique (Celle des fils/filles de la Dictature militaire – des Bahima barundi) :
-La Radio Publique Africaine (RPA) est suspendue pour une durée indéterminée pour n’avoir pas respecté « le pluralisme » pendant la campagne électorale. La RPA est accusée d’être au courant de trop de choses, de plus discourir pour le CNDD-FDD, a dû fermer. Son directeur démissionne et est remplacé par un autre. Le conflit entre le Président Ndayizeye et Alexis Sinduhije, directeur de la RPA est un véritable roman. Tout part d’un coup de fil de Bujumbura à Kinshasa dont le contenu mène aux gendarmes commandés par le colonel Mushwabure qui enfoncent la porte de la radio RPA sans mandat de perquisition… Le Président Ndayizeye demande à Jean Pierre Manda de fermer la radio et le CNC prend la mesure de fermeture. La RPA refuse de fermer la radio. Le Président demande à l’armée de couper le canal d’émission de la radio RPA. Par malheur, notre pauvre Président essuie un refus catégorique. L’armée lui répond que la RPA a payé son utilisation de la fréquence et qu’elle n’a pas violé la secrète défense.
Aout :
Société civile internationale :
-Kofi Annan félicite le peuple burundais pour l'élection aujourd'hui de son premier Président après la phase de transition.
– 150 jeunes venant du Burundi, de la RDC et du Rwanda clôture à Bukavu le camp des vacances. Cette rencontre, regroupant cinquante originaires de chacun de trois pays, s'inscrit dans le cadre des activités de Pax Christi Grands Lacs.
– La Mission des Nations Unies au Burundi fait état d'une situation inquiétante des droits de l'homme dans ce pays, soulignant que les violations quotidiennes commises tant par le FNL rebelle que par les forces armées nationales ne sont que rarement suivies d'arrestations.
Septembre :
Société civile internationale :
– L’UNICEF compte débourser quelque millions de dollars pour une scolarité gratuite dans le primaire. Attention, l’école primaire étant gratuite, il y a beaucoup d’inscrits, d’où une problème de gestion.
– L’ONU décide de temporiser la mise en œuvre de la chambre spéciale et de la commission vérité au Burundi, exigé par « la » société civile burundaise.
-1852 jeunes gens et jeunes filles venant essentiellement des provinces de Gitega et Ruyigi sont déjà formés à la maîtrise de divers métiers, depuis le démarrage des activités du programme de Paix et Réconciliation à base Communautaire de USAID/OTI.
– Stephane Hessel, ambassadeur de France, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, effectue à la veille des élections burundaises une mission civile d’échanges avec des acteurs burundais des droits humains et sociaux.
Société civile politique – autres tendances-:
– La nomination de MPOZAGARA au près du Président provoque les orphelins de 1965, 1969 et 1972.
– Laurent Ndayihurume, ancien journaliste à la BBC tient une conférence de presse pour appeler les hommes des médias à respecter la loi et à viser la véracité de l’information.
Société civile politique « tendance Uprona » (Celle des fils/filles de la Dictature militaire – des Bahima barundi) :
-M. Edgar Charles Mbanza, journaliste, présente son documentaire « INZU – une maison pour Kadogo ». La conférence s’inscrit dans le cadre du projet « Ijambo » de In-Afrique Réseaux, visant à mobiliser l’opinion internationale sur les défis à relever afin de construire-réconcilier durablement les burundais.
Octobre :
Société civile internationale :
-Pendant sa campagne, l’UNICEF distribue des aliments.
– Plus trois mille « demandeurs d’asile » rwandais sont actuellement signalés dans deux provinces au nord du Burundi, près de la frontière avec le Rwanda annonce le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Burundi. « Ces gens sont revenus depuis juin et il y a toujours des arrivées, mais rien qui ressemble à un afflux massif. Il se trouve présentement un peu plus de 3000 personnes au nord du pays», confirme à l’Agence Hirondelle Catherine-Lune Grayson, chargée de l’information au HCR-Burundi.
– HCR – En l'absence de contributions financières supplémentaires immédiates, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés prévient qu'elle n'aura pas d'autre choix que de réduire ou de suspendre le rapatriement de centaines de milliers de réfugiés burundais depuis la Tanzanie ni soutenir plus longtemps les activités de réintégration pour les rapatriés au Burundi.
Société civile politique – autres tendances-:
-La naissance de l’ABADBU à l’initiative des jeunes Bibliothécaires, des Archivistes et des Documentalistes crée un cadre d’échange d’expériences et de rencontres entre les gestionnaires des unités documentaires afin de promouvoir les documents et la documentation en général.
Décembre :
Société civile internationale :
– Pour le HCR(Haut Commissariat de l’ONU), les 4000 Rwandais arrivés au Burundi sont des « demandeurs d’asile »mais pour Bujumbura et Kigali ce sont des immigrés illégaux.
-L’UNICEF fait don de 450 milles livres scolaires au Burundi.
-Depuis plus d'un an, le Programme de Formation au Leadership du Burundi a pour mission de renforcer la capacité d'un grand nombre de leaders burundais, de toutes origines, à travailler ensemble pour établir les fondements d'une réconciliation, d'une vision stratégique commune, d'une sécurité nationale et d'un renouveau économique durable. Ce programme est initié par le Woodrow Wilson International Center for Scholars, une institution établie à Washington. Alain Lempereur, Professeur à l'ESSEC, et Directeur d'IRENE (Institut de recherche et d'enseignements sur la négociation en Europe) est associé depuis mars 2003 à ce programme, et est un des concepteurs et facilitateurs des ateliers. Ce que l'on nomme désormais « le processus de Ngozi » a déjà permis la formation de plus de 200 leaders burundais au plus haut niveau, et il vise maintenant à former les leaders locaux.
–L'Onu prolonge de six mois sa mission au Burundi
Société civile politique (Celle des fils/filles de la Dictature militaire – des Bahima barundi):
– L’APRODH remet 4 Palipehutu-FNL à la section des droits de l’homme de l’ONUB.
-La RTNB accuse certains militants du CNDD-FDD de grand banditisme.
(DAM,NY,AGNEWS, le 23 novembre 2010) –