Le Sénégal, que l’on présente souvent comme une bonne démocratie en Afrique, n’ a pas encore de statut légal pour l’opposition politique.
Voici ce que dit le nouveau président, S.E. Macky Sall, concernant la loi sur le Statut de l’opposition : « Si on la faisait en Afrique, on aurait moins de tensions dans les pays. Il faut que les gouvernants sachent que ceux qui sont dans l’opposition doivent être respectés et même être associés ». Au Burundi, depuis ce mois d’octobre 2012, c’est désormais fait !
Le mercredi 10 octobre 2012, 102 sur 104 députés des formations politiques au Parlement (CNDD/FDD, UPRONA, FRODEBU-NYAKURI, …) ont adopté le projet de loi portant statut de l’opposition politique au Burundi. Il s’agit là, d’une preuve sans équivoque, de l’engagement ferme de l’Etat Burundais à implanter une véritable démocratie participative dans ce pays d’Afrique.
C’est une première car ce projet donne à l’opposition un véritable champs d’action pour jouer son rôle de contrepoids. Il prévoit des avantages protocolaires et de représentation au chef de l’opposition qui, selon l’article 21, « jouit de certains droits notamment : le droit d’être invité et de s’adresser à l’Assemblée Nationale et au Sénat une fois par an ».
Il s’agit d’une victoire presque personnel du parti CNDD/FDD, formation politique dont est issue le très populaire président africain du Burundi, S.E. Nkurunziza Pierre. A l’Assemblée nationale burundaise, le CNDD/FDD compte 81 députés sur 106.
Afin d’éviter les dérives que le Burundi a connu après les scrutins démocratiques de 2010 où les partis politiques qui ont perdu ( ADC Ikibiri ) ont préféré recourir à la violence armée pour tenter de conquérir le pouvoir, le Parlement du Burundi vient d’adopter avec une très large majorité la loi instaurant un statut juridique à l’opposition politique au Burundi.
Désormais, les opposants burundais assumeront leur statut pour faire de l’opposition, une institution stable. L’opposition burundaise aidera à renforcer, dans le système de multipartisme burundais (avec ses 44 partis politiques pour 8.5 millions d’habitants ), une démocratie de tolérance, d’acceptation du débat et de l’autre. Ce nouveau statut de l’opposition permettra de garantir effectivement l’alternance démocratique au pouvoir.
La nouvelle loi sur le Statut de l’Opposition au Burundi vient combler une des lacunes que l’on retrouve dans de nombreuses Constitutions post-parti unique en Afrique. L’opposition politique n’y est généralement jamais institutionnalisée ou dotée d’un véritable statut juridique, comme on le trouve en Angleterre, au Canada ou au Japon qui sont des références démocratiques.
On y trouvait, un peu comme dans la Constitution malienne, une institutionnalisation de l’opposition politique sans organiser son leadership et en se limitant à reconnaître à tout parti politique, le droit à l’opposition.
L’institutionnalisation du statut de l’opposition burundaise donne à partir de ce mois, inscrit dans la loi burundaise :
– des droits et devoirs;
– des moyens;
– des responsabilités pour permettre à l’opposition d’exister en assumant : – sa fonction de critique; – d’alerte à l’opinion des dérives; et surtout d’alternance à la majorité qui exerce le pouvoir d’Etat.
Le Burundi rentre, par la grande porte, dans le cercle encore très fermé des grandes démocraties en Afrique. Les pays, qui ont un statut légal d’opposition en Afrique (et ailleurs), sont peu nombreux. Dans le continent, on peut citer : – le Burkina Faso ( en 2000); – le Bénin (en 2001); le Congo Démocratique (en 2007) ; et la Mauritanie (en 2007).
Selon le Ministre de l’Intérieur du Burundi, M. Edouard Nduwimana, cette loi est intéressante dans la mesure où elle vient élargir l’espace du débat politique et du dialogue à côté du Forum Permanent de dialogue entre les partis politiques.
DAM,NY,AGNEWS, le 25 octobre 2012