Burundi / Régicide : Hommage aux derniers Bami du Burundi en Belgique

Une cérémonie en mémoire du Mwami Mwambutsa Bangiricenge et du Mwami Ntare Ndizeye.

Bruxelles (Belgique), 3/05/2025 – Samedi, l’organisation Famille Royale du Burundi-Kukirimba Belgique, qui regroupe les descendants des Bami (Rois) du Burundi vivant en Belgique[1], avec à sa tête Harerimana Eric-Innocent, représentant de Kukirimba Belgique, organisait pour la seconde année une cérémonie commémorative pour rendre hommage aux derniers Bami du Burundi : le Mwami Mwambutsa Bangiricenge et son fils, le Mwami Ntare Ndizeye.

En présence de Niyuhire Dieudonné Constantin, représentant de l’Ambassade du Burundi en Belgique, et de la princesse Iribagiza Rose Paola, fille du Mwami Mwambutsa Bangiricenge, âgée de 91 ans, une cérémonie s’est déroulée. Après des prières et une lecture, déclamée par un père merveilleusement accompagné par son jeune fils guitariste, des témoignages ont été partagés, rendant hommage au Mwami Mwambutsa Bangiricenge, artisan de l’indépendance du pays en 1962, et à son fils le Mwami Ntare Ndizeye.
Une minute de silence a été observée pour les défunts souverains et les milliers de victimes des années d’Indépendance jusqu’en 1972.

Cette année, la commémoration a été marquée par une présence massive des jeunes, et des Burundais de toutes les générations et de tous les horizons témoignant de leur engagement et de leur intérêt pour cette page douloureuse de l’histoire. Des représentants de l’organisation Kukirimba Hollande étaient également présents. Comme chaque année, des demandes récurrentes ont été exprimées : retrouver les restes du dernier Mwami, Ntare Ndizeye, ainsi que proposer de faire du 29 avril un jour férié ou un jour de mémoire pour toutes les victimes de 1972, dont celle du Mwami Ntare Ndizeye.

Le Burundi, connu sous le nom d’Ingoma y’Uburundi[2], est un État millénaire en Afrique. Mais entre 1959 et 1972, une période sombre s’abat sur le Burundi. Les États-Unis, le Vatican, la France et la Belgique, les puissances étrangères, décident de – Mettre fin à Ingoma y’Uburundi –.
Le 13 octobre 1961, le Muganwa Rwagasore, fils du Mwami Mwambutsa Bangiricenge, tombe sous les balles des assassins. Deux ans plus tard, le 15 janvier 1963, c’est au tour des Baganwa, fils du Muganwa Baranyanka Pierre, de payer le prix ultime. Pendus au stade de Gitega, Ntidendereza Jean-Baptiste, Birori Joseph, Ntakiyica Jean-Baptiste, Ntakiyica Henri et Nahimana Antoine laissent derrière eux une nation en deuil.
Le 27 mai 1964, le frère du Mwami Bangiricenge, Muganwa Kamatari Ignace, est assassiné. Le génocide des Baganwa du Burundi est alors consommé.
En 1965, de nombreux Bataka, soit des chefs de Miryango (chefs traditionnels), Batware (gouverneurs traditionnels) et Banyamabanga ( Gardiens des secrets d’état, Savants, planificateurs et régulateurs traditionnels) sont massacrés à Muramvya, ancienne capitale d’Ingoma y’Uburundi (Royaume du Burundi). Le Mwami Mwambutsa Bangiricenge échappe de justesse à un assassinat et parvient à fuir de son Palais. Mais son fils, le Muganwa Ndizeye Charles, n’a pas cette chance. Intronisé sous le nom de Mwami Ntare Ndizeye, il est renversé par un coup d’État militaire en 1966. La République, un état néocolonial, est proclamée, mettant fin à Ingoma y’Uburundi.
En 1969, les persécutions contre les fils de Muramvya se poursuivent. Trois officiers du Mwami Bangiricenge formés à l’École royale militaire de Belgique au début des années 1960 – notamment Karolero Charles (descendant du Mutabazi Bihome), Bazayuwundi Mathias et Katariho Nicodème – sont arrêtés et exécutés. Tous étaient originaires de Muramvya (déjà ravagée en 1965) et issus des grands Miryango d’Ingoma y’Uburundi.
Le 29 avril 1972, le Mwami Ntare Ndizeye, dernier souverain du Burundi, est assassiné : Le Régicide du Burundi.  Ce régicide marque la fin définitive d’Ingoma y’Uburundi – Ingoma, le système politique et institutionnel traditionnel des Barundi. Simultanément éclate le – Génocide contre les Hutu du Burundi de 1972 – [3], qui entraîne également la disparition de l’Ubumu, l’organisation socio-économique traditionnelle. Celle-ci sera remplacée par une économie de marché de type occidental.

Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage, Bruxelles, Generation Afrique, 2025.
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[3] Burundi / Belgique : 29 avril 1972 – Commémoration du Génocide contre les Hutu – https://burundi-forum.org/106390/burundi-belgique-commemoration-du-genocide-contre-les-hutu-le-29-avril-1972/

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Lundi 5 mai 2025 | Photo : Kukirimba Belgique

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