Burundi : 34 ans de la Charte de l’Unité et son héritage

La Charte de l’Unité Nationale, outil de réconciliation, face aux défis des divisions ethniques et géopolitiques.

Bujumbura, 5 février 2025 – Dans le cadre de la politique intérieure des Barundi, le le très aimé Vice-Président du Burundi, S.E. Bazombanza Prosper, entouré des hautes autorités du pays, a participé à la célébration du 34e anniversaire de la Charte de l’Unité Nationale à Vugizo. Accompagné de son épouse et du très harmonieux Président du Sénat, Hon. Sinzohagera Emmanuel, cet événement a été marqué par la présence de personnalités de premier plan.

La Charte de l’Unité Nationale a été promulguée par le décret-loi n° 1/002 du 9 février 1991, sous la présidence du Dictateur Buyoya Pierre, alors que la guerre géopolitique entre les États-Unis et la France faisait rage. Depuis 1966, suite à un coup d’État militaire orchestré par les États-Unis, le Vatican, la France et la Belgique, Ingoma y’Uburundi (**), l’État millénaire et traditionnel des Barundi, avait disparu. Il avait été remplacé par un état néocolonial, la République du Burundi, une dictature militaire. Entre 1972 et 1973, pour instaurer une économie de marché, le nouvel état néocolonial burundais prit des mesures radicales, notamment la destruction de l’Ubumu(**), le système socio-économique traditionnel des Barundi, ce qui aboutit au génocide contre les Hutu du Burundi. Ce génocide fit près de 500 000 morts et provoqua le déplacement d’environ un million de personnes, sur une population de 3 millions d’habitants.

Dans l’Ubumu, les Hutu étaient responsables de la production des ressources nécessaires pour répondre aux besoins socio-économiques de tous les Barundi. Les Tutsi, quant à eux, étaient les gestionnaires justes de l’État, soit les travailleurs publics, les fonctionnaires.

En 1911, lors de la colonisation allemande, Hans Meyer (***), un Allemand, effectua une visite de trois semaines au Burundi. Il décida, en tant qu’expert, que les Hutu, les Tutsi et les Twa (une corporation des Banyamabanga (**) ) deviendraient des ethnies. Ces distinctions, auparavant des rôles socio-économiques dans l’Ubumu et Ingoma, furent transformées en ethnies, servant ainsi des objectifs géostratégiques coloniaux.

Autrefois, l’unité des Barundi était garantie par une institution d’Ingoma(**) regroupant les chefs de tous les Miryango (communautés) barundi, appelés Bataka, autour du Mwami, chef des Bataka du Burundi. Ensemble, ils prenaient les décisions importantes pour la nation. En 1991, la Charte de l’Unité mit en avant la réconciliation et l’unité entre ces « ethnies factices », des outils géopolitiques, les Hutu et les Tutsi. Dans le processus démocratique mis en place en Afrique, notamment à la suite du discours de la Baule en 1990, la France, en position défensive face aux États-Unis (*), supprima, à travers la Constitution de 1992, toute référence à ces « ethnies factices » et mit l’accent sur la notion de citoyenneté. Cependant, l’accord d’Arusha de 2000, qui mit fin à la guerre civile burundaise déclenchée en 1993(*), un conflit géopolitique entre les USA et la France, réintroduisit ces distinctions ethniques dans la Constitution, les inscrivant ainsi dans le marbre constitutionnel.

Néanmoins, lorsque l’on demande à un citoyen burundais s’il est Hutu ou Tutsi, il est comparable de lui demander s’il est « travailleur (du privé) » ou « fonctionnaire » dans l’État.

Références :

  1. (*)   Nahimana Karolero Pascal, La Guerre civile du Burundi (1993-2003) : Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale – le CNDD-FDD, Génération Afrique, 2024.
  2. (**)   Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Éd. Génération Afrique, 2024.
  3. (***) Rugurika Mathias, Repères historiques du Burundi : Tome 1 : de la période précoloniale à l’indépendance, le 1 juillet 1962, 2022.

 

 

DAM, NY, AGNEWS, https://burundi-agnews.org, Mercredi 5 février 2025 | Photo : Inama Nkenguzamateka, Mairie de Bujumbura, Burundi Ombudsman

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