Justice – “La nouvelle est tombée… S.E. Melchior Ndadayé est mort ! “. Voilà tel que les Barundi se sont réveillé le 21 octobre 1993. Ce soir, à Bruxelles, des Barundi vont commémorer le 17 anniversaire de l’assassinat de Feu Ndadaye Melchior. Après une messe, ensemble , ils se rassembleront à l’ambassade pour se souvenir. Que s’est il passé ce 21 octobre 1993 ? Il y a eu un Coup d’Etat, revendiqué  par le COMITE DE SALUT PUBLIC (1). Les militaires -FAB- ont tué : le Président NDADAYE ; le Président de l’Assemblée Nationale Pontien Karibwami; le Vice-président de l’Assemblée Gilles Bimazubute; le ministre de l’intérieur Juvénal Ndayikeza ; l’Administrateur Général de la Sécurité Richard Ndikumwami … {jcomments on}

Les “présumés” responsables pointés du doigts derrière cet acte ignoble qui précipitera le pays -dans la guerre civile – sont : Pierre Buyoya, Jérôme Sinduhije, Alphonse Kadege, Libère Bararunyestse, Jean Bikomagu, Pascal Simbanduku, Jean Bosco Daradangwe, François Bizindavyi, Samuel Nduwingoma, Laurent Niyonkuru, François Ngeze, Charles Mukasi, Commandant Ntakiyica, Lieutenant Kamana, Major Busokoza, Lieutenant-colonel Ningaba, Lieutenant-colonel Nzosaba, Lieutenant-colonel Ndayisaba, Lieutenant colonel Niyoyunguruza, Lieutenant-colonel Maregarege, Lieutenant colonel Nengeri, Lieutenant-colonel Pancrace Girukwigomba, Major Gervais Nimubona, Major Bukasa, Major Haziyo, Lieutenant Ntarataza, Lieutenant Ngomirakiza.

La guerre prendra fin en novembre 2003 est aura occasioné près de deux millions de victimes ( réfugiés, déplacés internes et morts).

Revenons sur quelques faits importants faisant intervenir ces acteurs -accusés- du crime de S.E. Feu Ndadaye :


Fin 1994, le Président NTIBANTUNGANYA demande une enquête internationale sur la mort de Feu NDADAYE, et des massacres qui ont suivit.


26 août 1995, le Lt Colonel NINGARA Sylvestre sort de prison à KINSHASA. Le Major BUSOKOZA et le Lt. KAMANA se baladent à KAMPALA. Tous ces officiers, sont connu pour avoir été derrière l’assassinat de feu NDADAYE.


30 août 1995, l’ancien gouverneur M. NDARUBAGIYE Léonce accuse le Président BUYOYA et le Colonel SINDUHIJE Jérôme d’être les chefs de la con

juration “la mort de Feu NDADAYE”.


28 décembre 1995, trois militaires, présumés putschistes,[derrière l’assassinat de NDADAYE] sont assassinés dans la prison de Mpimba [ selon les bruit, BUYOYA efface toutes traces compromettantes. Entretemps, encadré par l’armée FAB, la Commission d’enquête de l’ONU travaille … Il s’agit du sergent major Domero Dominique, extradé du Zaïre le 23 août 1995 avec le colonel Ningaba, du sergent major Edouard Nsabimana et du caporal Ndayiragije. Des observateurs sur place pensent qu’ils ont été éliminés pour ne pas témoigner devant la Commission d’Enquête Internationale.


30 janvier 1996, De Bruxelles à Kigali, les “Informations Rwandaises Internationales” publient une “enquête” autour de l’assassinat du président Melchior Ndadaye commandité par certains milieux d’affaires burundais et étrangers.


23 février 1996, alors que la Commission des Nations Unis enquête (2) sur la mort de Feu Ndadaye et des massacres qui s’en sont suivie. A Bujumbura,s’ ouvre des procès « fantoches » ,encadrer par les FAB, des inculpés dans les massacres qui ont suivi le coup d’Etat du 21 octobre 93. Seuls les citoyens bahutu (les démocrates comme on les appelle) sont traduits en justice.


5 juin 1996, à Bujumbura, la Commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat du président Melchior Ndadaye et les massacres qui s’ensuivirent quitte le Burundi pour déposer son rapport aux Nations Unies.


25 juillet 1996, vers 17 h, un coup d’Etat militaire est annoncé par le ministre de la Défense, le colonel Firmin Sinzoyiheba. Il dit remettre à la tête de l’Etat l’ancien président, le Major Pierre Buyoya. Le parti FRODEBU dénonce le coup d’Etat et déclare : “encore une fois Pierre Buyoya est bel et bien l’assassin de Melchior Ndadaye. De ce fait, Pierre Buyoya est à l’origine de tous les malheurs que notre pays et le peuple burundais tout entier endurent depuis la nuit tragique du 21 octobre 93”.


En 1996, des “experts” onusiens, encadré par les FAB (armée burundaise), ne connaissant rien du Burundi, avaient réalisé une enquête sur l’assassinat de Feu NDADAYE en 1993, et des massacres massifs envers les citoyens barundi tués majoritairement par les militaires putschistes, qui s’en étaient suivis. Ces experts, influencés par FAB, et le génocide au Rwanda [et toutes les puissances engagés dans la géopolitique régionale, en rapport de force favorable], avaient conclus que les citoyens barundi [victimes] avaient eux commis des “actes de génocide”.


Le 19 septembre 1997, le procès fantoche relatif au putsch du 21 octobre 1993 continue, dirigé par le Régime du Putschiste BUYOYA –responsable de ce même putsch de 1993 -. La Cour continue l’audition des prévenus qui s’étaient présentes car il y en a qui sont en Ouganda et d’autres qui se sont déjà évades. Parmi les prévenus, il y a le colonel Jean Bikomagu, ancien chef d’état major de l’armée, le colonel Charles Ntakije, le colonel Nibizi, porte parole de l’armée et le député Francois Ngeze. il y a également le lieutenant Ngomirakiza et des caporaux et sergents. Le président de la Cour Suprême a tenu à indiquer que la séance est exclusivement réservée à l’audition des faits et non à la confrontation ou à l’administration des preuves. Cela n’a cependant pas été compris par Me Fabien Segatwa, avocat du Frodebu, des ayant- droits de feu Ndadaye, de la veuve Karibwami et de la veuve Bimazubute, qui ne comprend pas la démarche prise par le ministère public dans l’instruction du dossier putsch. La préoccupation de Me Fabien Segatwa demeure de savoir quand le putsch a eu lieu. Pour lui, un putsch a lieu quand on le déclare au public et que jusqu’ici, rien n’est fait pour poursuivre ceux qui ont fait le putsch. Le président de la Cour Suprême précise qu’il juge les dossiers lui soumis avec des infractions précises et individuellement. Le prévenu lieutenant Ngomirakiza se plaint au ministre de la justice dans une lettre largement diffusée avec objet “j’accuse” ou il met en question le procès en cours. Il trouve anormal qu’il soit le seul officier le plus grade emprisonné avec des charges importantes pour une affaire aussi sérieuse que le putsch où les hauts gradés ont les charges moins importantes.


Le 20 octobre 1997, poursuite du procès -fantoche- relatif au putsch du 21 octobre 1993, l’audience à la Cour Suprême est consacrée à l’administration des preuves. La défense des prévenus a remis en question les procès-verbaux de l’auditorat militaire ainsi que les rapports sur le déroulement des faits dans les camps avant et pendant le putsch établis par les commandants des camps. Elle a également soulevé la question de la responsabilité dans le putsch. Me Segatwa en a profité pour demander que celui qui a lu le communiqué sanctionnant le putsch soit entendu. Me Segatwa intervient en effet pendant la plaidoirie du lieutenant Ngomirakiza Jean, accusé d’avoir joué un rôle important auprès du lieutenant Kamana, réfugié en Ouganda, dans le renversement du régime constitutionnel. Pour Me Segatwa, avocat de la partie civile, le famille de feu Ndadaye notamment, il n’est pas normal que dans une armée de « Colonels », il n’y ait qu’un officier lieutenant qui soit accuse de tentative de putsch. Cependant, Me Segatwa n’a pas accepté la proposition de l’avocat du lieutenant Ngomirakiza, Me Déo Ndikumana qui demande à la cour d’acter que Me Segatwa reconnait l’innocence de son client puisqu’il place la responsabilité du putsch au niveau de la hiérarchie supérieure. D’autres prévenus sont déjà entendus aux environs de 13h 30 notamment le sergent Major Bamporiki, accusé d’avoir mobilisé d’autres militaires pour tirer sur le palais présidentiel. Celui-ci réfute cette accusation. Il y a aussi le cas du caporal Nzeyimana, surnomme kiwi, accusé d’avoir tué le président Ndadaye au bataillon para. Celui-ci a un témoin à charge, codétenu, 1ère classe Kamangaza, qui a eu l’ordre du lieutenant Kamana, de garder Ndadaye dans un bureau du bataillon para le 21 octobre 1993. Kamangaza témoigne que kiwi étaient parmi les quatre personnes qui sont entrés par force dans le bureau où se trouvait Feu Ndadaye et que quand ils sont sortis, Feu Ndadaye était mort. Me Deo Ndikumana exige qu’il y ait d’autres témoins à charge tout en se demandant si Ndadaye était encore vivant ou mort au moment où Kamangaza gardait le bureau sur ordre de Kamana. Ni le colonel Bikomagu présent, ni le colonel Nibizi, personne ne reconnait, devant la cour qui leur demandait de témoigner, avoir vu Feu Ndadaye dans ce bureau du fait qu’ils n’y ont pas été.


Le 17 novembre 1997, le lieutenant Kamana révèle à l’opinion que c’est le dictateur Buyoya qui a été le cerveau du coup d’Etat de 1993 dont il a été acteur … Avec des détails, le lieutenant Kinama explique le complot, orchestré au sein de l’armée burundaise par le Dictateur Major Buyoya, qui a conduit à la mort de Feu Ndadaye …


Le 19 janvier 1998, au palais de la Justice, les juges de la Cour Suprême procède à l’audition des présumés putschistes de 1993. Beaucoup de militaires à Majorité des caporaux et sous-officiers, les Colonels Bikomagu Jean, Ntakije Charles, Isaie Nibizi et l’honorable Ngeze Francois devaient être écoutés. Presque tous les militaires détenus dont le sergent Nibaruta, les caporaux Niyonkuru Didace, Nahigombeye, … plaident non coupables car ils affirment avoir obéi aux ordres de leurs supérieurs, dont le lieutenant Kamana. Selon leur version, le coup d’Etat avait été préparé au plus haut niveau du commandement de l’armée. Le caporal Ndayizeye est accusé d’avoir participe directement à l’assassinat de Ndadaye mais il le réfute en disant qu’a ce moment, il assurait la garde à l’extérieur du camp. Le sergent Nibaruta reconnait avoir exécuté les ordres de Kamana en allant libérer feu lieutenant-colonel Ningaba qui était en prison à Rumonge et dont le directeur était au courant, selon Nibaruta. Il est à noter que le ministère public dispose d’un rapport qui a ete produit par le commandant du bataillon para de l’époque. Le lieutenant Ngomirakiza plaide non coupable pour avoir été contraint par des militaires insurgés à monter dans un véhicule alors qu’il était avec les autres officiers au quartier Kigwati. Interrogé à propos des réunions qui se seraient tenues à l’état-major et ceux qui les présidaient, Ngeze Francois affirme qu’il ne connait personne. Il dit qu’il a été contraint de s’y rendre et qu’il y avait des gens é l’Etat major mais qu’il ne savait pas pourquoi ils étaient là. Interrogé à ce sujet, le colonel Bikomagu dit qu’il n’y a pas eu de réunions à l’état major mais qu’il voyait des gens aller et venir. Le colonel Ntakije n’a pas plaidé, le témoin n’étant pas venu. Une autre audience est prévue le 20 mars 1998.


20 mars 1998, – à l’audience, Ngeze se sentant seul accusé dans l’affaire du Coup d’Etat de 1993, pour avoir « Porté atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, en agréant, dans le but de changer la régime constitutionnel, l’offre lui faite de devenir Président de la République », décide de demander la comparution de ses proches collaborateurs, membres du Comité Exécutif de l’UPRONA qui était à l’Etat-Major militaire dont : Alphonse KADEGE, Libère BARARUNYERETSE, Jean-Baptiste MANWANGARI, MUKASI Charles, et 13 hauts officiers du COMITE DE SALUT PUBLIC. Ngeze demanda aussi les témoignages de Mgr Bernard BUDUDIRA, Evêque de BURURI ; Mgr Rino PASIGATO, et de l’ancien Premier Ministre Sylvie KINIGI. Selon NGEZE, Sylvie KINIGI l’aurait aidé à rédiger le Discours qu’il a prononcé en sa qualité de Président du COMITE DU SALUT PUBLIC.

Déterminé à ne pas être condamné seul, NGEZE reçoit l’appui du rapport de sécurité du 18 octobre du Lieutenant – Colonel LAMBERT SIBOMANA qui venait d’être versé au dossier sous la note N°9. Ce dernier précisait que NGEZE allait être Président mais que le Putsch serait conduit par le Bureau Exécutif de l’Uprona avec citation des noms. Etaients présents : MM. KUBWAYO, BOYI, NDAYIRAGIJE, KABURA, HAKIZIMANA, HATUNGIMANA, CIZA, MASABO, et NYABIROMBO.


30 mars 1998,– NGEZE écrit au Ministre de la Justice pour que sa sécurité soit assurée car il venait de subir deux attentats., et que la prochaine audience du 10 avril 1998 soit publique.


02 avril 1998, – A Kampala, le Lieutenant KAMANA échappent à un attentat. Deux Burundais meurent.


03 avril 1998, – Le Lieutenant – Colonel LAMBERT SIBOMANA meurt dans un accident de roulage. Cette mort intervient 3 jours après l’appel de NGEZE qui risque la peine de mort.


08 avril 1998, – KAMANA dans The East African accuse le régime putschiste BUYOYA « Un gouvernement de tueurs ». KAMANA demande au « de dire la vérité sur le déroulement de l’assassinat du Président Melchior NDADAYE ».


10 avril 1998, – A l’audience, surprise générale pour la Cour, la salle est pleine. Un fait rare ! Cela était certainement dû au fait que l’accusateur principal le Lieutenant – Colonel LAMBERT SIBOMANA n’était plus. Étaient présents : Alphonse KADEGE, Libère BARARUNYERETSE, Jean-Baptiste MANWANGARI, MUKASI Charles, Raphaël HORUMPENDE, le Col. Charles NTAKIJE [ancien ministre de la Défense], le Col. BIKOMAGU [ancien chef d’Etat Major], et les autres colonels NDAYISABA, DARADANGWA, NIYOYUNGURUZA, SINARINZI, NIBIZI, BUGEGENE. Ainsi quand la Cour demande aux complices civils du COMITE EXECUTIF DE L’UPRONA comment le jour de l’assassinat du Président NDADAYE ils avaient fait pour arriver à l’Etat –Major militaire … Ils répondent tous la même chose … La Cour n’insistera pas … Quant aux témoignages de Mgr Bernard BUDUDIRA, ce dernier a décliné pour cause de Vendredi Saint. L’ancien Premier Ministre Sylvie KINIGI, devenu fonctionnaire internationale, n’a pas pu intervenir. Le Col. Charles NTAKIJE fera porté la patate chaude au subalterne –le Capitaine MUSHWABURE- qui a conduit Feu NDADAYE au Camp MUHA. Le Col . BUGEGENE révèle que NGEZE a demandé aux officiers de se mettre ensemble pour calmer la situation. Le Col. Mamert SINARINZI a révélé que le Communiqué qui a été lu lors du Putsch lui avait été remis par le Col. DARADANGWA. La Cour n’a pas demandé à ce dernier qui lui avait rédigé ce document… Le Président de la Cour Salvator SEROMBA suspendait la séance, et annonçait la reprise pour le 24 avril 1998.


En terme de conclusion, la majorité de ces criminels courent toujours …


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(1) [« Burundi – Histoire d’un Coup d’Etat Sanglant – Dix ans après c’était le 21 octobre 1993 », Jean-Marie SINDAYIGAYA, Octobre 2003, Bruxelles]

(2) [« Scandale d’une enquête de l’ONU au Burundi » , https://www.burundi-agnews.org/s1.htm, GRAB, février 1997,Bruxelles]

(. DAM, NY, AGNEWS, le 21 octobre 2010 – )

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