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COUT D’ETAT DU 21 OCTOBRE 1993
 
 Les origines du conflit HUTU-TUTSI, 1995, ARIB.
 

Léonce NDARUBAGIYE
 


 

Léonce NDARUBAGIYE est un burundais de 53 ans (Tutsi). En 1993, il faisait partie de l’administrationn du Président NDADAYE en qualité de Gouverneur de la province MURAMVYA.

 A peine quatre mois après son entrée en fonction, le président Melchior Ndadaye fut renversé par un coup d’Etat dans la nuit du 20 au 21 octobre 1993. Le même jour à 9h30, il était assassiné au camp militaire du ler bataillon para.

Les responsables de ce crime odieux sont tous connus, mais personne n’a été inquiété puisqu’ils se sont confortablement installés au pouvoir, soit personnellement soit par personnes interposées. Le lieutenant colonel Jean Bikomagu qui était chef d’Etat Major le jour du putch et qui a livré personnellement le président Ndadaye à ses assassins en ces termes: “Voici l’homme que cherchez”, cet officier indigne est toujours en fonction et au même poste. La même matinée du 21.10.1993, les autorités suivantes furent également assassinées par les militaires pour créer un vide au sommet de l’Etat: le Président de l’Assemblée Nationale, Pontien Karibwami, le vice-président de l’Assemblée Gilles Bimazubute, le ministre de  l’intérieur Juvénal Ndayikeza, l’Administrateur Général de la Sécurité, Richard Ndikumwami et bien d’autres personnalités. Malgré la chasse à l’homme déclenchée par l’armée contre les ministres et hauts cadres du parti au pouvoir FRODEBU, certains parvinrent à se cacher pour leur sécurité. Les plus célèbres de ceux-ci étant Léonard Nyangoma président du C.N.D.D. et l’actuel président du Burundi Sylvestre Ntibantunganya.

Ce dernier a échappé miraculeusement à la mort et sa femme fut tuée par les militaires à sa place. Plus tard il acceptera hélas de composer avec les assassins de la démocratie et du peuple burundais. Le jour du putsch les autorités administratives locales furent traquées ou assassinées par l’armée. Le gouverneur Englebert Sentamo de la province Karusi, un Tutsi et le gouverneur Joachim Nurwakera de la province Gitega un Hutu furent assassinés ensemble à Karusi. J’étais moi-même gouverneur de la province Muramvya etj’ai échappé de justesse aux militaires venus de Bujumbura pour m’assassiner. Tous les 12 autres gouverneurs de province furent arrêtés sur un ordre signé du chef d’Etat-Major Jean Bikomagu et envoyé à toutes les unités. Fuyant leur propre armée, les ministres du gouvernement Ndadaye se réfugièrent à l’Ambassade de France.

Pour camoufler sa complicité dans le putsch, l’ancien président Pierre Buyoya téléphona dans la matinée du 21 octobre 1993 partout dans lemonde partélécel, pour désinformer l’opinion, en affirmantque le coup d’Etat était l’oeuvre de son prédécesseur Jean Baptiste Bagaza et de l’ancien ministre Cyprien Mbonimpa. Le but de cette manoeuvre d’intoxication était de se disculper et de faire arrêter ou tuer ses deux ennemis tout en faussant les enquêtes. Quelle perfidie!

Dès le matin du 21.10.1993, juste après l’assassinat du président de la République Melchior Ndadaye, les hauts responsables du parti UPRONA, Charles Mukasi, Alphonse Kadege, Libère Bararunyeretse et Jean Baptiste Manwangari furent conduits à l’Etat Major de l’armée pour organiser la reprise du pouvoir en collaboration avec les officiers d’Etat Major. Pour donner un semblant de légitimité à leur forfait les putschistes convoquèrent à l’Etat-Major les évêques Senkomo, Noah Nzeyimana, Pie Ntukamazina, Bernard Bududira et les présidents des partis RADDES et du Parti Libéral Joseph Nzeyimana et Cajetan Nikobamye qui furent conduits à l’Etat-Major sous escorte militaire le même jour à 16 heures pour y être présenté le nouveau Président François Ngeze.

Le Chef d’Etat-Major de l’armée Jean Bikomagu, flanqué de François Ngeze, Jean Bosco Daradangwe et Pascal Sinibanduku demanda à ces hommes d’Eglise de soutenir le nouveau président et de dire à leurs fidèles d’accepter la situation nouvelle. Quand ils lui demandèrent tous l’endroit où se trouvait le président Ndadaye, il leur mentit qu’il était en vie dans un camp où des militaires l’interrogeaient alors qu’ils l’avaient tué dans la matinée et qu’il le savait parfaitement! Quand ils lui dirent qu’ils savaient plutôt que le président Ndadaye était déjà mort, Jean Bikomagu tout confus sortir de la salle et laissa à Pascal Simbanduku et Jean Bosco Daradangwe le soin de les convaincre d’accepter le fait accompli mais ils refusèrent tous. Cajétan Nikobamye déclara en ce moment à François Ngeze que les militaires lui avaient menti et qu’il n’allait certainement pas diriger le Burundi, tout au plus, lui dit-il, ces militaires le conduiront chez son père et sa mère pour qu’il dirige l’enclos de son père et pas plus.

C’est dans la matinée du 21.10.1993 que Jean Baptiste Manwangari et Jean Bosco Daradangwe avaient rédigé le communiqué militaire qui annonçait le coup d’Etat à la population burundaise tandis qu’au même moment l’ancien ministre de l’Information dans le régime Buyoya, Alphonse Kadege, rédigea le message adressé à la nation burundaise par le nouveau président François Ngeze, confirmant et assumant le coup d’Etat. Dans le communiqué militaire qui passera le premier sur les ondes de la radio, le député UPRONA François Ngeze y était présenté comme président d’un comité baptisé Comité National de Salut Public en tant que nouvel organe suprême du Burundi. On ne peut être plus clair. En fait, François Ngeze assumait les fonctions de président de la République et il s’est adressé aux Barundi en cette qualité au nom des putschistes dans un message radiodiffusé. ll jouissait du protocole officiel présidentiel dans la matinée de ce jour fatal et les véhicules du cortège présidentiel furent mis à sa disposition.

Il procéda même à quelques nominations, il confirma par une décision signée de sa main le colonel Jean Bikomagu dans ses fonctions de Chef d’Etat-Major avec titre de chef d’Etat-Major Général. Avec nouveau titre, François Ngeze confiait au putschiste Jean Bikomagu l’ Etat-Major de la gendarmerie en plus de celui de l’armée qu’il dirigeait déjà dans le régime qu’îl venait de renverser. Il nomma également les officiers Laurent Niyonkuru, Gervais Nimubona et Janvier Baribwegure pour diriger la Sûreté et l’Immigration.

Pouvez-vous vous imaginer que ce François Ngeze est toujours en liberté et que Jean Bikomagu est encore à la tête de cette armée! De fait, par qui seraient-il inquiétès puisqu’il jouissent de la protection de cette armée?

Depuis le 21-10-1994 jusqu’à ce jour, le Burundi vit dans l’illégitimité et l’illégalité les plus totales puisque le parti FRODEBU et ses élus au Parlement comme au Gouvernement n’ont jamais plus exercé librement le mandat que le peuple burundais leur avait confié pour cinq ans de 1993 à 1998. Les putshistes ont gardé le contrôle officiel et total du Burundi pendant cinq jours. Après la réaction extrêmement hostile des populations et le désapprobation du monde entier ainsi qu’après les massacres interethniques fort regrettables, les putschistes feront semblant de se retirer tout en gardant le contrôle effectif du Burundi jusqu’au moment où j’écris ces lignes. Rien ne se fait sans leur accord et au lieu d’obéir au gouvernement légitime, ils le renversèrent et le remplacèrent par quelques marionnettes du FRODEBU et par leurs complices.

Le coup d’Etat a hélas provoqué des violences ethniques qui ont causé des morts chez les Hutu comme ches les Tutsi, mais encore une fois, ce sont les putschistes qui en portent l’entière responsabilité. Ces écervelés, ces hommes sans honte essayeront après coup, d’accréditer l’idée selon laquelle les morts Tutsi auraient été victimes des enseignements du parti FRODEBU.

L’ objectif de cette infamie consiste à justifier à postériori leur forfait du coup d’Etat. J’ai dit tout au début de cette brochure que les Tutsi mentent énormément et c’est bien vrai. Après le coup d’Etat, les putschistes qui, à part les deux civils François Ngeze et Charles Mukasi, sont tous Tutsi et majoritairement de la la province de Bururi, ils ont essayé d’accréditer l’idée selon laquelle le président Ndadaye avait signé un accord avec le président Juvénal Habyarimana du Rwanda, ayant pour programme macabre, tenez-vous bien… d’exterminer l’ethnie Tutsi du Burundi! Un faux document avait même éta préparé à cet effet et s’il n’a pas été publié, c’est par peur de la réaction de la France. Une telle infamie déshonore ceux qui la propagent, mais les putschistes ont-ils un honneur quelconque?

Après avoir commis leur forfait, les putshistes ont en plus propagé des mensonges selon lesquels le parti FRODEBU avait instruit à ses militants hutu de tuer les Tutsi. Demandez à ces menteurs de vous nommer un seul cadre du FRODEBU qui serait rendu coupable d’un tel crime, demandez-leur de vous dire la date et l’endroit où des ordres de tuer ont été donnés et ils seront confondus. Aucun des ministres cités, Jean Minani, Shadrack Niyonkuru, Léonard Nyangoma et Jean-Marie Ngendahayo et qui se sont exprimés sur la seule radio disponible, Radio Rwanda, n’a jamais appelé la population à s’entretuer. Ils ont tout simplement demandé à la population de résister au putsch et ils avaient absolument raison. Aurait-il fallu qu’ils demandent au peuple d’accueillir les putschistes en héros? L’administration provinciale a été accusée des mêmes faits sans la moindre preuve et pour cause, elle était traquée et terrée et n’aurait pas pu organiser une résistance contre les usurpateurs.

Je faisais moi aussi partie de cette administration et tout ce que nous avons pu faire a été de demander à la population de bloquer les routes pour envoyer un message de désapprobation aux militaires et pour empêcher les camps militaires de l’intérieur du pays d’aller prêter main forte aux insurgés de Bujumbura. Je suis très fier d’avoir contribué à cette résistance en demandant à la population d’obstruer’ les routes. Nous n’avons pas fait plus et tout le reste n’est que mensonge.

La vérité sur les massacres interethniques est tout simplement que la haine qui trouve ses origines dans le génocide des Hutu en 1972 est toujours vivace dans les esprits et que le coup d’Etat avait fait croire aux Hutu que les Tutsi les attaquaient. L’autre raison à ces réactions et non des moindres est que l’armée putschiste avait commencé à tuer les Hutu opposés au coup d’Etat dans la matinée même. Il ne faut pas non plus oublier que l’armée est monoethnique. Qui dit armée ditTutsi, en uniforme ou pas. La paix civile qui régnait dans tout le pays avant le coup d’Etat prouve le caractère mensonger de ces accusations contre les cadres du parti FRODEBU. Rappelons enfin que le président Melchior Ndadaye était très populaire, et que quiconque s’attaquait à sa personne ou à son régime déclencherait des violences. Les militaires et leurs commanditaires connaissaient cette vérité, mais la perspective d’être désormais dirigés par des Hutu était d’un tel traumatisme qu’ils ont décidé de passer outre et de tenter le coup. Avec la force de l’armée ils croyaient pouvoir terroriser la population hutu et de la mater comme par le passé. lis croyaient que les Hutu se soumettraient comme cela avait été le cas après le génocide de 1972.

Une fois n’est pas coutume et certains l’ont appris à leurs dépens et ce n’est pas fini puisque la justice n’a pas encore fait son travail. Maintenant qu’ils ont fait leur coup d’Etat, sont-ils heureux ou vivent-ils en paix?

Les putschistes sont en majorité originaires de la province Bururi, et comme ils savaient que la moindre provocation contre les Hutu pouvait déclencher des massacres, ils ont préalablement donné des ordres au camp militaire de Bururi de s’abstenir de toute action. De plus, peu avant le putsch, ils avaient dépêché des militaires en congé sur chaque colline de la province Bururi dans leurs familles pour les protéger. C’est pour ces deux raisons qu’il n’y a pas eu de trouble dans toute la province de Bururi en 1993. Ils n’ont pas pris les mêmes précautions pour les autres provinces, au grand dam de ceux qui les suivent aujourd’hui.

Les militaires qui ont semé la haine, la mort et la désolation, ainsi que leurs commanditaires n’ont qu’à assumer l’entière responsabilité de leurs actes ignobles au lieu de chercher des bouc-émissaires au paru FRODEBU. La situation du Burundi a toujours ressemblé à celle d’Afrique du Sud s’imagine -t’on ce qui se passerait là-bas si l’armée sud-africaine était monoraciale blanche et qu’elle commettait l’irréparable? La réaction des populations hutu doit être comprise dans ce sens. Heureusement que les Blancs d’Afrique du Sud ne sont pas aussi fous que les militaires tutsi du Burundi.Il faut rappeler ici que les morts occasionnées par le coup d’Etat venaient s’ajouter aux centaines de milliers d’autres victimes des massacres répétitifs commis par l’armée à l’endroit des citoyens de l’ethnie hutu

1965 : 25.000

1972: 300.000

1988: 25.000

1991:  5.000

Cela s’appelle tourner le couteau dans la plaie et quelle plaie! Ce coup d’Etat du 21 octobre 1993 aura provoqué la mort d’environ 100.000 personnes des deux ethnies sans compter ceux qui sont morts après et en conséquence de ce coup. Les militaires tutsi tuaient les Hutu, et les Hutu tuaient les Tutsi.

Pendant l’exécution du putsch, les militaires ont également assassiné
dans des conditions atroces le président de la République S.E. Melchior
Ndadaye, le président du Parlement Pontien Karibwami, le vice-président
du Parlement Gilles Bimazubute, l’administrateur général de la
Documentation et des Migrations ainsi que d’autres personnalités.

Coup d’Etat par qui ? 

Il y a eu beaucoup de participants au coup d’Etat, mais on peut affirmer que l’armée dans son entièreté a participé au coup d’Etat pendant sa préparation ou au cours de son exécution. Ceux qui n’y ont pas participé directement ont à tout le moins péché par omission puisqu’ils n’ont  rien fait pour stopper ce crime alors qu’ils en avaient le devoir. De toutes les façons, si certains des putschistes étaient arrêtés, ils en dénonceraient d’autres.

Voici la liste des chefs du coup d’Etat:

Conception-Organisation-Recrutement des assassins:

Pierre Buyoya, Jérôme Sinduhije, Alphonse Kadege, Libère BararunyestseJean Bikomagu, Pascal Simbanduku, Jean Bosco Daradangwe, François Bizindavyi, Samuel Nduwingoma, Laurent Niyonkuru, François NgezeCharles Mukasi, Commandant Ntakiyica, Lieutenant Kamana, Major Busokoza, Lieutenant-colonel Ningaba, Lieutenant-colonel Nzosaba, Lieutenant-colonel Ndayisaba, Lieutenant colonel Niyoyunguruza, Lieutenant-colonel Maregarege, Lieutenantcolonel Nengeri, Lieutenant-colonel Pancrace Girukwigomba, Major Gervais Nimubona, Major Bukasa, Major Haziyo, Lieutenant Ntarataza, Lieutenant Ngomirakiza.

Le Major Isaïe Nibizi sera convoqué au camp 1er bataillon-para et se joindra au putschistes après l’assassinat du président Ndadaye, alors qu’il avait essayé de le protéger et que de toute l’armée il avait été le seul officier à donner ordre à ses troupes de tirer sur les putschistes. Cet ordre du major Nibizi ne fut pas respecté par la troupe et il comprit que son camp était en rébellion et qu’il était lui-même en danger. Le comportement du ministre de la défense Charles Ntakije, beau-frère du putschiste François Bizindavyi, fut des plus ambigus car c’est lui qui a trompé le président Ndadaye en lui faisant croire qu’il avait la situation en mains, pour lui empêcher de se mettre à l’abri.

A part les civils François Ngeze et Charles Mukasi, qui sont Hutu et dont le rôle était d’assumer le coup d’Etat pour tromper et calmer les populations hutu, tous les putschistes étaient de l’ethnie tutsi, et majoritairement du clan des Bahima, et des sous-clans Batyaba, Bayanzi et Bahinda. Le recrutement des hommes de troupe putshistes s’est fait sur base des affinités sous-claniques par l’ancien président Pierre Buyoya, Jérôme Sinduhije, Sylvestre Ningaba, Alphonse Kadege et Samuel Nduwingoma.

Ce sont là les plus visibles qui ont joué un rôle de premier plan soit dans la conception du putsch, soit dans son organisation, soit dans son exécution ou alors qui ont accepté d’en assumer la responsabilité. Il y a également les hommes de troupe qui ont assassiné le président Ndadaye et les hauts responsables de l’Etat. Il faut souligner ici que la majorité de la population tutsi a accueilli le coup d’Etat souvent avec joie et enthousiasme, parfois avec inquiétude mais toujours positivement.

Coup d’Etat pourquoi? 

Le président Meclchior Ndadaye a été renversé et assassiné uniquement parce qu’il était de l’ethnie hutu et que les Tutsi ne voulaient pas être dirigés par un Hutu. Aucune faute ne pouvait lui être imputée au bout de quatre mois de pouvoir dans la paix la plus totale. Même le communiqué de l’armée qui proclamait le coup d’Etat ne fait état nulle part d’un reproche quelconque au pouvoir, il se borne à annoncer que l’armée dans son entièreté s’est soulevée contre le pouvoir en place (euphémisme pour dire le pouvoir hutu).

Le coup d’Etat devait remettre les Tutsi au pouvoir et plus précisément les Tutsi Bahima de Bururi afin que certains d’entre eux continuent de jouir des positions et des biens mal acquis, mais surtout pour garantir l’impunité à ceux d’entre eux qui se sont rendus coupables des crimes. Le président Ndadaye avait pourtant décidé de faire table rase du passé et de construire un Burundi nouveau, basé surde nouvelles valeurs et dans une nouvelle éthique.

Les putschistes avaient prévu un massacre généralisé plus dévastateur que celui de 1972. Tous les ministres et députés du FRODEBU, tous les responsables politiques et administratifs du parti FRODEBU qui sont en majorité hutu devaient être liquidés, tout Hutu sachant lire et écrire devait être tué.

Tous les Tutsi membres du parti FRODEBU devaient aussi mourir. Si ce plan avait été exécuté et si la population n’y avait pas résisté, le parti FRODEBU devait ensuite être disqualifié et interdit. L’objectif étant de remettre les Tutsi et le parti UPRONA au pouvoir par la force, le coup d’Etat du 21.10. 1993 est une déclaration de guerre de l’armée monethnique tutsi contre le peuple hutu et contre tous les démocrates burundais.

Le gouvernement légitime fit appel au monde pour le secourir et le protéger contre sa propre armée en vain. Au lieu de cela, le Secrétaire Général de l’ONU envoya sur place son représentant spécial en la personne de Ahmedou Ould Abdallah. Ce fonctionnaire international d’origine mauritanienne a pris fait et cause pour les putschistes. Il se comporte aujourd’hui en pro-consul qui fait ou défait les gouvernements d’après les désiderata de l’armée et sans tenir compte des aspirations des Barundi.

Tout récemment encore le même Ahmedou Ould Abdallah a dit le plus sérieusement du monde à un responsable du FRODEBU ceci: “vous les Hutu vous n’avez pas le pouvoir, alors obéissez”.Lors d’une conférence sur le Burundi tenue à Londres en février 1995, ce fameux Ahmedou Oul Abdallah a confié à quelqu’un qu’il s’emploiera à tout faire pour ne plus permettre aux Hutu du FRODEBU de diriger effectivement le Burundi et il propose que le Burundi soit recolonisé et placé sous le mandatde l’ONU. Qui proposera-t-il comme gouverneur de cette nouvelle colonie? Lui même sans nul doue! Il est vrai que dans sa Mauritanie natale, la minorité arabo-berbère opprime sans états d’âme la majorité negro-africaine et que cet individu a appris dès son enfance à assister indéfférent aux souffrances de tout un peuple. On ne pouvait pas choisir pire observateur et médiateur pour le Burundi.

Devant son impuissance et son manque de moyens pour résister aux putschistes et à tous leurs alliés, et suite à l’indifférence des pays soi disants amis, le gouvernenement: légitime du Burundi n’avait plus que deux choix :

1) Capituler; se démettre et se soumettre à l’armée et à ceux qui la contrôlent comme le lui suggérait le représentant spécial de l’ONU. C’est ce que le président Sylvestre Ntibantunganya s’est humilié à faire en se soumettant au diktat de l’armée et en acceptant de travailler sous les ordres des assassins de la démocratie et du président Ndadaye.

2) S’exiler et organiser un front de résistance contre l’armée, pour la libération de ce peuple meurtri, humilié et trahi : c’est l’option pénible mais digne qu’a choisie un autre dirigeant du FRODEBU, l’ancien ministre Léonard Nyangoma, en créant un mouvement armé le Conseil National pour la Défense de la Démocratie, C.N.D.D. en sigle. Ceci lui a valu l’admiration, l’adhésion et le soutien du peuple burundais dans sa grande majorité. Ce mouvement de libération est assuré de la victoire tôt ou tard puisque la cause est juste et puisqu’en face de lui se trouve une armée honnie.

@AGNews 2002

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