{jcomments on}A dire que le changement au Burundi doit passer par des négociations avec l’opposition extraparlementaire, Pancrace se moque des Burundais. Si cette opposition veut réellement contribuer au bien-être de la population, elle doit éviter les amalgames et présenter un projet de société qui puisse faire la différence au vécu de la population actuellement. Et c’est cela qui lui permettra d’affronter le CNDD-FDD en 2015.

M. Innocent Bano, expert analyste politique du Burundi

 


Quand les négociations deviennent un fonds de commerce au Burundi : « La lettre ouverte » de Pancrace Cimpaye.

” Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. “

La Rochefoucauld

Pourquoi l’opposition improvisée « extra-parlementaire » d’ADC-Ikibiri, pilotée par le rusé Léonce Ngendakumana exige-t-elle aujourd’hui des négociations directes avec un pouvoir démocratiquement élu sous menace de guerre civile ? Ce mercredi 22 juin 2011, Monsieur Pancrace Cimpaye vient d’adresser une « lettre ouverte » au chef de l’État burundais, S. E Hon. Pierre Nkurunziza pour l’exhorter à de soi-disant négociations avec l’opposition. Beaucoup d’analystes aimeraient aujourd’hui comprendre les motifs qui poussent actuellement ladite opposition à exiger des telles négociations. Y-a-il réellement « feu dans la demeure » comme le souhaiterait mon cher compatriote Pancrace, ou est-ce tout simplement une mascarade politique pour alarmer gratuitement l’opinion afin de renouer avec les mauvaises habitudes de survie de certains politiciens burundais ? Et bien sa fameuse lettre ouverte nous apporte plus de précisions.

Nul n’ignore que, partout au monde, l’objectif ultime d’une opposition politique, si elle existe véritablement, est d’arriver au pouvoir. Jamais elle ne reconnaitra un effort positif de son concurrent politique aux rênes du pouvoir. Par contre elle usera de tous les moyens pour lui mettre les bâtons dans les roues et en profiter pour acheter les opinions. Un opposant ne voit jamais la couleur blanche chez son rival politique. Tout est toujours noir. Ce qui n’est peut-être pas toujours mauvais pour une opposition constructive et responsable, car cela permet à l’autre partie de chaque fois viser à la perfection et éviter de tomber dans le piège et par conséquent perdre le pouvoir. Quand Pancrace commence à affirmer aveuglément que la situation politique, sécuritaire et économique est très alarmante au Burundi, on ne pouvait que s’attendre à cela. Comment voudriez-vous que quelqu’un comme lui reconnaisse que, malgré quelques problèmes de passage que peut rencontrer une jeune démocratie comme le Burundi, ce pays est sur la bonne voie ? Les différents rapports de l’ONU sur le Burundi de ces derniers temps en disent plus. Cet argument introductif de Pancrace n’est donc qu’un simple slogan de tout un opposant politique aux abois et assoiffé du pouvoir.

Accuser le Président de la République d’avoir commis un acte de trahison pour avoir refusé de négocier avec eux est encore une fois un slogan dépourvu de tout fondement. Pour qu’il y ait négociation, il faut qu’il y ait au moins deux parties en conflit. Est-ce que le pouvoir en place est en conflit avec l’opposition ? Est-ce que le Pacte de Cohabitation du 20 août 2000 auquel Pancrace fait allusion stipule que chaque fois qu’un parti ou des partis politiques perd/perdent les élections, il faille automatiquement recourir à la violence pour réclamer les négociations, faute de quoi l’on déclare la guerre à son peuple ? L’histoire d’Arusha est encore un alibi pour continuer à prendre en otage le peuple burundais. Le fait que ces accords aient été signés par les partis politiques ne signifie pas qu’ils doivent impérativement servir les intérêts des chefs de ces partis. Le peuple a été contraint de les accepter parce qu’il a compris que c’était une base pour pouvoir prendre sa destinée en main. Si S.E. Hon. Pierre Nkurunziza a rejeté cette idée de négociations, c’est pour préparer un avenir de paix pour les générations à venir en rompant d’une part avec cette culture du « soit c’est moi soit c’est la kalachnikov pour négocier » et d’une autre part rompre avec cette culture consistant à confondre les chefs de partis politiques avec le parti lui-même. Il y a des chefs de partis politiques au Burundi qui ont fait de leurs partis des entreprises mafieuses et personnelles. Ainsi trouve-t-on aujourd’hui des gens qui n’hésitent pas à armer des bandits pour tuer et piller la population dans cette logique. Ils veulent s’imposer sur la scène politique burundaise par la terreur et les négociations. Et bien, cela est inacceptable dans une démocratie.

S’agissant des accusations énumérées sous formes d’interdits à la victoire électorale, elles n’apportent rien de nouveau aux slogans devenus monnaie courante dans les stratégies de l’ADC-Ikibiri pour séduire l’opinion et surtout les sensibilités occidentales afin de ne pas soutenir les efforts de paix, de reconstruction et de développement en cours au Burundi. Comme je l’ai ci-haut mentionné le Burundi est une jeune démocratie et il serait irresponsable d’affirmer que tout est au mieux dans le meilleur des mondes. Chacun doit y apporter sa pierre et contribuer à éradiquer toute entrave à la consolidation de cette démocratie. Toutefois, nul ne peut se payer le privilège de dire qu’il est le meilleur architecte. Les propos de Pancrace laissent penser que rien ne va au Burundi et que l’ADC-Ikibiri a une formule magique pour relever tous les défis une fois arrivée au pouvoir. Qui dira mieux ? Si les négociations qu’ils réclament entrent dans les aspirations du peuple, la première chose à laquelle il faudrait penser serait d’arrêter les tueries et de cesser de parcourir les capitales occidentales pour diaboliser son propre pays et plaider pour l’arrêt de l’assistance dont le pays a besoin pour faire face effectivement à certaines défaillances démocratiques qui peuvent s’observer. A rappeler que dans ce manque de patriotisme seule la population souffre.

Concernant l’analogie de la situation au Burundi à celle de l’Égypte et de la Syrie etc. faite encore une fois par Pancrace, cela prouve que l’opposition dont Pancrace parle est politiquement déséquilibrée. Je pense que notre ami Pancrace devrait à priori réviser l’histoire de ces pays et voir comment ces leaders ont pu s’éterniser au pouvoir et arriver où ils sont aujourd’hui. Si les constitutions ont été l’œuvre du parti au pouvoir dans ces pays, tel n’est pas le cas au Burundi. Au Burundi, nous avons une constitution de consensus, donc contraignante pour tout le monde. Admettons que dans son message, Madame Hillary Clinton ait voulu effectivement mettre en garde les dirigeants Africains qui veulent s’accrocher au pouvoir après leurs mandats. Pour moi, ce message est clair et sans équivoque pour des pays qui ne respectent leurs peuples et leurs constitutions. Peut-être que j’irais plus loin pour exiger que même tous les hommes politiques (en plus des Présidents) devraient aussi voir leurs mandats politiques limités pour laisser la chance aux nouvelles générations. Dans ce cas on ne recevrait des leçons de personne. Soit ! Aux États-Unis comme au Burundi, par exemple, la constitution permet au Président de briguer deux mandats présidentiels au suffrage universel. Or actuellement si l’on s’en tient aux textes de la constitution burundaise en cours (Art.75), le Président de la République n’est qu’à son premier mandat au suffrage universel. Aucun signe ne montre qu’il a envie de s’accrocher au pouvoir. C’est pourquoi, les propos de Pancrace dans ce cens sont insensés. Si le Président actuel du Burundi est désigné pour briguer un deuxième mandat, il le ferait en toute légalité constitutionnelle. On n’est pas encore là, mais, une fois arrivé, nul ne pourra dire qu’il a voulu s’accrocher au pouvoir. De la même façon, si Barack Obama (ou Sarkozy etc.) se présentait pour briguer le deuxième mandat en 2012, aucun citoyen de son pays ne s’y opposerait pour dire qu’il cherche à s’accrocher au pouvoir, puisque la constitution l’y autorise.

A dire que le changement au Burundi doit passer par des négociations avec l’opposition extra-parlementaire, Pancrace se moque des Burundais. Si cette opposition veut réellement contribuer au bien-être de la population, elle doit éviter les amalgames et présenter un projet de société qui puisse faire la différence au vécu de la population actuellement. Et c’est cela qui lui permettra d’affronter le CNDD-FDD en 2015. Il n y a pas d’autres solutions car le peuple s’est prononcé en 2010 et il ne fera pas demi-tour. Sans lui donner une leçon de morale, cette opposition ne devrait pas persévérer dans la culture de la critique sans apporter des alternatives concrètes à la politique en cours. Ce n’est pas en profitant d’une société civile burundaise qui a ses propres cahiers des charge, ou bien des transitions politiques d’ailleurs qu’elle pourra mettre dans la balance la force politique du CNDD-FDD. Pire encore, ce ne sera pas avec la distribution des grenades et de kalachnikov à ces milliers de jeunes Burundais qu’elle va contraindre le pouvoir aux négociations et gagner la confiance du peuple. La nostalgie d’Arusha pour gonfler les poches de certains chefs des partis politiques devrait être à tout prix éradiquée. L’opinion tant nationale qu’internationale doit être cette fois-ci très vigilante. Ces chefs des partis politiques qui entretiennent les guerres au Burundi sont une menace non seulement pour la population burundaise, mais aussi pour la communauté internationale, dans le sens où ils voudraient la contraindre de s’enliser dans des négociations dont seul le contribuable en subirait le coût – surtout dans ces moments de crises financières. J’espère que les Burundais et la communauté internationale ne sont pas dupes et qu’ils ont compris le jeu de cette opposition dite d’extra-parlementaire au Burundi.

La décision du Président de la République du Burundi de ne pas négocier avec ces trafiquants d’influence doit être saluée par tous car la demande de négociations est l’œuvre d’un petit groupe de chefs de partis politiques qui voudraient profiter de ces négociations pour s’enrichir financièrement. Certains experts de la question burundaise doutent même que certains lobbies lors des accords d’Arusha soient derrière cette démarche de ladite opposition pour effectivement décrocher des sommes colossales. Ceci expliquerait ainsi le dernier déplacement de Pancrace le mois passé en Afrique du Sud et en Ouganda. Qu’il s’acharne immédiatement contre la personne du chef de l’État dès son retour à Bruxelles ne devrait étonner personne. Il ya là une part de déception et de frustrations dans ses propres attentes. La prudence s’impose désormais face à ces discours de distraction. Le peuple doit se lever et dire non à cette mafia politique burundaise qui veut confisquer ses espoirs d’un Burundi de paix, de démocratie, de justice et de développement pour tous. C’est dans ce sens que tous les démocrates burundais souhaitent courage et sérénité à S.E Hon. Pierre Nkurunziza, et à tous les hommes et femmes qui aiment ce pays. Que Dieu les guident pour qu’ils continuent à mettre en avant l’intérêt supérieur de la Nation. Il faut œuvrer à la rupture définitive de ce cercle vicieux de négociations lucratives dans notre chère patrie et faire valoriser les institutions de consensus mises en place par les Burundais eux-mêmes pour régler leurs différends. Plutôt que de penser à Arusha II, l’institution d’Ombudsman et le Forum Permanent des Partis Politiques devraient être renforcés et adaptés pour accueillir et examiner les revendications de ces partis d’opposition si jamais il y en a.

Par M. Innocent Bano ,Bruxelles, 24 juin 2011

Dam, AGnews, NY, le 25 juin 2011.

News Reporter

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