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La répression contre les Hutu Elle aurait fait cent mille morts UN TEMOIN DES EVENEMENTS
La Libre Belgique
Les événements qui se sont déroulés et se dérouleraient encore au Burundi, apparaissent d'une extrême gravité. En dépit du black-out systématique imposé par les autorités, on commence à avoir des détails - grâce aux témoignages d'Européens qui ont quitté le pays récemment - sur le véritable génocide que l'armée, la police, les militaires du parti unique et la « jeunesse révolutionnaire » ont entrepris à l'encontre des Hutu. Certes, dans la mesure où la censure est toujours en vigueur et où pratiquement aucun journaliste n'a pu entrer dans le pays, il faut rester prudent. Mais il parait certain qu'à la suite de la révolte du 29 avril - au cours de laquelle des Hutu, aidés semble-t-il par des mulélistes, se sont livrés à des violences - les Tutsi se sont lancés dans une véritable liquidation « préventive » des Hutu, sans commune mesure avec les exactions de ces derniers. Le témoignage qu'on va lire est celui d'une Européenne digne de foi qui a vécu de nombreuses années au Burundi. Elle a souhaité conserver l'anonymat parce qu'elle a l'intention de retourner prochainement dans le pays. Elle a quitté Bujumbura récemment. Son témoignage montre l'atrocité d'une situation dont ll est temps que l'opinion internationale se rende compte et devant laquelle aucun gouvernement, ni organisme international ne peut plus rester indifférent. Avant de nous faire le long récit des événements qu'elle a vécus, notre témoin a tenu à souligner que l'impression qu'elle avait ne pouvait être générale, dans la mesure où les communications entre les différentes localités du pays sont très difficiles - le téléphone ne les relie pas toutes entre elles -, dans la mesure aussi où les autorités opposent à toutes les demandes de renseignement un mutisme qu'elles justifient par «le secret militaire ». Cette personne a toutefois vécu les événements qui se sont déroulés depuis le 29 avril, date de la révolte hutu, dans une localité importante du Burundi.
« Dans la nuit du 29 au 30 avril, vers 3 heures du matin, une agitation insolite a réveillé tous les habitants de la localité. On a cru tout d'abord qu'il s'agissait de rebelles hutus car les coups de feu a laissaient croire qu'un engagement avait eu lieu avec les forces armées ou les partisans tutsi.
Le 30 avril, au petit jour , les routes étaient toutes barrées et les laissez passer étaient refusés par les autorités. Durant toute la semaine, une sorte de calme lugubre s'est abattu sur toutes les localités; les gens restaient chez eux; les marchands avaient fermé leurs boutiques; toutes les activités avaient cessé. Une sorte de terreur planait sur les villes et les villages.
La Libre Belgique/29.5.1972
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