Selon le représentant
permanent de Bujumbura à l'O.N.U.
LES TROUBLES DU BURUNDI
AURAIENT FAIT DE 50 A 60.000 MORTS
(De notre correspondant
particulier à Genève)
La Libre Belgique
N. F.
22-23.07.1972
"Le Burundi, contrairement
à la Belgique, est une nation au plein sens du mot", a déclaré devant la
presse, à Genève, l'ambassadeur Nsanze Terence, représentant permanent du
Burundi iuprès des Nations-Unies. Si celui-ci admire le fait que Wallons et
Flamands ont fini par constitue la nation belge, il a tenu à souligner que les
Burundais, quant à eux, ne sont divisés en Hutus et Tutsis que "par
la fantaisie des premiers colonisateurs et sur le simple critère de leur taille".
Cette constatation conduit
D'ambassadeur Nsanze à la conclusion qu'il ne pouvait y avoir de guerre civile
entre deux ethnies. du moment que celles-ci n'existent pas. Dès s lors, les
«événements affligeants» qui se sont déroulés en mai dernier ne sont que
le tait d'une poignée de mulélistes (il y a 35.000 à 40.000 réfugiés au
Burundi, en provenance du Zaïre).
Avec l'aide de puissances
étrangères, que l'ambassadeur refuse de nommer, endoctrinés au nom d'une
idéologie qu'il ne définit pas, ces étrangers projetèrent, en se servant de
quelques Burundais qualifiés hutus, de soulever tous les Hutus et de s'emparer
du pouvoir. Mais le sombre projet, ajoute-t-il, fut déjoué, car la majorité
organisa une vive résistance contre ces "drogués".
Le "génocide
sélectif" imaginé bar les organisateurs de la rébellion fut alors
transformé par ceux-ci en un carnage sans distinction, dans le sud-ouest du
pays surtout. Les "rares" monarchistes du pays pensèrent pouvoir
profiter de la situation, et c'est pourquoi le Roi fut jugé et exécuté. Le
rôle du gouvernement et de l'armée fut celui, démocratique de la défense de
l'ordre :" Quelques mesures punitives furent
prises, c'est tout."
En indiquant comment, à la
suite de survols systématiques des régions frappées par ces événements, le
nombre de 50.000 à 60.000 victimes fut établi avec précision, l'ambassadeur
du Burundi a sévèrement fustigé ceux qui ont donné des "versions
fantaisistes" des faits, notamment certains organes de presse et plus
particulièrement les agences catholiques. Mais l'ambassadeur a tenu à
expliquer " l'attitude de l'Eglise" : répondant à la note adressée
à l'épiscopat par " six missionnaires ", Mgr André Makarakiza,
primat du Burundi a déclaré, dans une lettre, que ces prétres ne tenaient pas
compte du droit et usaient de «clichés» au sujet de la rébellion et de la
répression. D'ailleurs, a ajouté l'ambassadeur, le "clergé à
l'unanimité s'est rendu compte que l'attitude du gouvernement a été juste et,
d'autre part, contrairement aux Pères blancs, les membres de la Compagnie de
Jésus n'ont pas contesté l'action gouvernementale ".
Parlant des dégâts provoqués
par " la rébellion" - 4.500 maisons endommagées, ainsi que des
dispensaires et des écoles, et 100.000 personnes déplacées - l'ambassadeur
Nsanze a déclaré que, jusqu'à présent, les autres provinces du Burundi ont
adressé des secours à la région sud-ouest du pays et que, sur le plan
international, quelques pays amis se sent manifestés, notamment les Etats-Unis,
la France et la Chine populaire.
Le Burundi, a-t-il ajouté,
compte sur une aide humanitaire internationale pour réparer les dégâts d'une
"rébellion criminelle", qui n'a rien eu d'une guerre civile, comme
d'aucuns l'ont prétendu.
N. F.
@AGNews
2002
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