Au Burundi
L'ONU déplore une «
tragédie aux dimensions effarantes
Le Monde 30-31.07.1972
M. Kurt Waldheim, secrétaire
général des Nations unies, affirme dans un rapport publié le vendredi 28
juillet sur la mission spéciale de l'ONU envoyée au Burundi du 22 au 28 juin
dernier que « les dimensions de la
tragédie humaine que connaît le peuple du Burundi sont effarantes ».
Cette mission, dirigée par M.
Issouffou Djermakoye, secrétaire général adjoint et conseiller spécial pour
les questions africaines, avait été envoyée après les combats sanglants qui
se-sont déroulés au mois de mai dernier entre les Hutus et les Tutsis.
« Le gouvernement du Burundi lui-même,
indique le rapport, a informé la mission spéciale que quatre-vingt mille
personnes avaient trouvé la mort depuis le 29 avril, et que cinq cent mille autres,
parmi lesquelles cinquante mille veuves et des dizaines de milliers d'orphelins,
étaient en proie à de graves souffrances et avaient besoin d'une assistance
humanitaire. La mission spéciale a également été informée que quarante
mille personnes environ avaient cherché refuge au Ruanda, en Tanzanie et au
Zaïre, pays voisins du Burundi. »
Le rapport souligne, en outre,
que les dommages matériels ont été très importants. Les autorités locales
de la province de Bururi ont signalé par exemple que quatre mille cinq cents
logements avaient été incendiés et qu'un grand nombre de centres médicaux,
d'écoles et d'édifices publics avaient été détruits. Ces pertes, ajoute le
rapport, « ont gravement affecté les efforts de développement déployés
ces dernières années par le Burundi ».
Certains chiffres avancés par
la mission de l'ONU sont aujourd'hui inférieurs à la réalité. En effet, en
quelques semaines, le nombre des réfugiés venant du Burundi au Zaire est
passé de onze mille à quarante-six mille, a déclaré un dirigeant du parti
unique, le 27 juillet à Kinshasa, où le colonel Micombéro, président de la
République du Burundi, faisait une visite de quelques heures.
Cette déclaration semble
confirmer des informations de source diplomatique selon lesquelles la
répression contre les Hutus n'a pas cessé.
A son retour de Bruxelles, où
il a fait un bref séjour, le ministre burundais des affaires étrangères a
déclaré qu'« il n'y a eu ni modification ni révision » des accords de
coopération entre la Belgique, et le Burundi.
Notre correspondant à Bruxelles,
Pierre de Vos, nous signale cependant que le ministre burundais a dû renoncer
à tenir une conférence de presse avant son départ de Bruxelles. Les
«assistants techniques » militaires, dont le contrat vient à échéance, ne
seront pas remplacés. Les membres de l'équipe de la Croix-Rouge internationale
qui s'étaient rendus le mois dernier au Burundi en sont repartis quand ils se
sont aperçus que les secours envoyés aux Hutus n'étaient pas transmis à
leurs destinataires.
@AGNews
2002
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