La IIIème République a hérité certes
de bien des tares de la précédente mais pour gagner la confiance et la
sympathie de l'opinion nationale et internationale, elle n'avait, jusqu' à
léclatement des événements sanglants de NTEGA et MARANGARA , manifesté
aucune volonté politique de changer les structures organisationnelles dans
les domaines politiques, sociaux, et économiques. Il a pu jeter la poudre
aux yeux d'un Clergé toujours complice d'oppression en lui assurant la
liberté d'action dans ses établissements confessionnels sous certaines
conditions.
C'est dans le secteur de l'enseignement que la discrimination ethnique
demeure la plus efficace car sa paralysie a des conséquences qui se
répercutent dans tous les secteurs de la vie nationale : politique, santé,
économie, intégration de la femme, ... Par ailleurs, un peuple privé
d'instruction est condamné à la misère, à l'isolement, au silence et à la
soumission.
Au Burundi, la grille tribale dans le système de l'enseignement constitue
une bombe à retardement qu'il convient de désamorcer, car le peuple hutu de
ce pays vit dans un système de discrimination institutionnalisée, réelle
mais inavouée. Ainsi, le régime fait tout pour empêcher les enfants hutu de
bénéficier de l'enseignement secondaire et supérieur, allant jusqu'à
décourager la création d'écoles privées. Le Lieutenant-colonel
Jean Claude
NDIYO, ex Ministre de l'Education Nationale, croit que
Isidore HAKIZIMANA,
son prédécesseur, a été imprudent de laisser quelques hutu accéder à
l'enseignement secondaire et supérieur.Pourtant, le chiffre qui effrayait
les nouvelles autorités de Bujumbura pour l'année 1987 88, ne dépassait
guère 10% de l'effectif total des inscrits.
Une nouvelle stratégie : le régime du Major Pierre BUYOYA a juré d'exacerber
la colère du peuple hutu pour l'inciter à des révoltes qui seront suivies
par une répression sanglante. En même temps, il utilise des étudiants tutsi
pour semer la panique dans les écoles. Toutes ces démarches visent à rendre
les hutu coupables d'avoir voulu déstabiliser la IIIème République. Par
cette tactique, le dépeuplement des écoles d'élèves hutu sera accompli pour
former des cadres homogènes tutsi .
La haine entre les étudiants tutsi et
hutu est astucieusement entretenue par les hauts responsables du régime qui
se gardent de punir les fauteurs de troubles tutsi recrutés dans leur rang.
Les Comités d'embrigadement tribaliste de la J.R.R.
(Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore) exclusivement tutsi sont en
place dans toutes les écoles (y compris les Séminaires) pour attiser les
conflits
ethniques entre étudiants et constituer des mouvements terroristes sous la
bénédiction du régime du Major Pierre BUYOYA, qui accepte la torture, les
extravagances et les vexations dans tous les établissements
scolaires.
De fait, lorsqu'on
observe les agissements de l'armée, la surveillance du peuple hutu par la
Police Municipale sur les collines depuis janvier 1988,.
BUYOYA venait au plus pressé pour organiser le génocide hutu et étouffer
les revendications
I
légitimes du peuple hutu opprimé et contraint à l'exil.
Partout où ont eu lieu des troubles dans les écoles du pays (Kamenge, Mugera,
Musema,Mutumba, Kiremba, Musenyi, Gisenyi,...), les conflits ethniques
orchestrés par les comités de la JRR avec le soutien civil et militaire
local formaient la toile de fond; même,
à
l'école du Bassin,
près du Centre Social de Bujumbura où les enfants tutsi ont boycotté la
proclamation des résultats de IIème trimestre 88 par refus d'avoir des
instituteurs hutu, les autorités civiles et militaires tutsi de l'UPRONA
étaient derrière.
Dans le climat de terreur, la fuite, l'échec scolaire ou le renvoi sont les
seules issues réservées aux étudiants hutu. Lee étudiants tutsi réussissent
également à éloigner les élèves hutu en les accusant de violation du
règlement scolaire et par les menaces proférées à l'endroit des professeurs
hutu.La situation créée par les élèves et les professeurs tutsi est
renforcée par les tracasseries judiciaires, car la police judiciaire,la
Sûreté Nationale et la Gendarmerie s'emploient à traquer le hutu par
interpellations, séquestrations, détentions d'élèves hutu pour mettre fin à
leur formation. Et plus grave, les élèves hutu renvoyés des établissements
scolaires ne peuvent bénéficier ni de reclassement scolaire ni de travail
dans leur patrie : le Burundi.
Tous ces gestes visent toujours la provocation et le mécontentement du
peuple hutu, pour inciter celui‑ci à agir hâtivement et brutalement contre
l'agression permanente tutsi caractérisée par l'habituel mode de « casser du
hutu ». Pour qui veut les faits, en voici deux tirés au hasard:
E.T.S. KAMENGE
Le 20 Mars 1988, Réunion des Parents d'élèves.
La veille à
22 heures, il s'observe un comportement insolite des élèves tutsi: sortant
en masse de la salle de T.V., ils provoquent chez les hutu une vague
inquiétude qui leur dicte de se retirer aussi. Les hutu et lés tutsi
s'épient et se surveillent mutuellement jusqu'à minuit, quand lé
Directeur, Monsieur BUTOYI minuit,quand le Directeur, Monsieur
BUTOYI Edmond
(tutsi) oblige tout le monde de se coucher en les mettant en garde contre
toute tentative de troubler le fragile calme de cette nuit.Pourtant
vers 2 heures du matin, les tutsi
prennent couteaux, gourdins pour traquer les élèves hutu du
dortoir, bloc N°I. Les hutu pris de panique courent hors de l'établissement
au moment où ceux du dortoir bloc N°II opposent aux tutsi une résistance
passive.. A cinq heures du matin, NSENGIYUMVA Valère, de la Sûreté
Burundaise qui commanditait la bande des tutsi mettait au point une liste
d'élèves hutu qui avaient échappé la nuit à la torture de leurs collègues
tutsi.Les hutu portés sur
cette liste devaient être renvoyés sur approbation obligée
des parents venus à la réunion du 20 Mars1988.
Lorsqu'un parent voulut s'enquérir des faits de cette nuit que le
Directeur avait eu soin de taire , NSENGIYUMVA Valère qui n' était ni parent
ni membre du corps éducatif de lécole prit rapidement la parole et dit que
les hutu, en collaboration avec les blancs de Mutoyi ont attaqué et que
l'on s est défendu vaillamment comme il se doit, en les empêchant de
commettre un crime.Il ajouta que ce sont les. élèves portés à la
connaissance des parents qui ont la grande responsabilité de ce qui
sétait passé la nuit et qu'ils étaient invités à châtier.
Le parent qui proposa l'examen de la situation n'aurait pas
été entendu si le préfet
des études n'avait pas insisté sur cette proposition d'établir la vérité sur
le rôle d'un italien de Mutoyi, qui était passé pour remettre un ticket de
voyage à un élève en difficultés financières pour rentrer en vacances.Par
ailleurs, au cours de l'interrogatoire mené auprès de plusieurs élèves ,un
jeune élève témoigna, noms à l'appui, qu'il avait vu des élèves tutsi armés
de couteaux menaçant les hutu et. il avoua avoir pris fuite à la suite des
confidences maternelles qui lui avaient apprises la mort atroce de son
père à coups de couteaux en1972 par les tutsi. Le verdict final se résuma
ainsi : 11 hutu renvoyés, 60 autres mis en système d'externat,
humiliations publiques des élèves et professeurs hutu malgré l'opposition
de certains parents présents à la séance qui trouvaient la décision injuste.
Université du Burundi
La IIIème République a réinstauré les soirées dansantes
universitaires que la IIème République avait interdites à lUniversité du
Burundi .Le 2 Avril 1988, les organes de la JRR ont organisé une soirée
universitaire sous le haut patronage de l'ex‑Ministre de l Education
Nationale, le Lieutenant - Colonel Jean‑Claude NDIYO. Derrière cette soirée
se cachait le drame d'un massacre hutu , car un
piège était tendu aux étudiants hutu dans un plan
minutieusement préparé par les tutsi : tous les techniciens des Arts
Martiaux de l'Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM) et de
l'Institut de l'Education
Physique et du Sport du Campus Kiriri ‑(I.E.P.S.)ont participé à ce plan de
provocation de hutu.
La vigilance des hutu déjoua de justesse le plan s'absentant au
rendez-vous après avoir pressenti le danger grave car les tutsi habitant
les quartiers Nyakabiga et Bwiza avaient discrètement eu la consigne de
prêter main forte aux étudiants tutsi.Le Ministre de l' Education National
s attendait à une réalisation de son plan de massacres détudiants hutu, il
fut déçu.En colère, il cria à une insurrection hutu, tandis que les nombreux
tutsi du rendez-vous maccabre sattroupaient enragés autour du seul
étudiant hutu de la Faculté de Littérature Africaine IV qui avait pénétré
dans la salle du bal.Les tutsi le traitèrent de renégat,d « umumenja »,le
giflèrent en lui collant une fausse accusation de cache darmes dans sa
chambre.
Les étudiants tutsi ont alors alerté les agents de la Sûreté Nationale
postés aux environs de la salle de bal qui ont procédé à la perquisition des
hutu, sans succès.Bien que la Sûreté nait trouvé un motif de culpabilité,
les étudiants hutu ont été par la suite incarcérés et torturés par la police
et larmée.
Après les vacances de Pâques, les étudiants tutsi n'ont pas digéré leur
échec du 2 Avril 1988. Pour NDIKUMANA Pacelli , 1er Secrétaire de la Section
JRR-UB, il fallait forcer les hutu à quitter et à échouer l'Université. Les
autres instigateurs de ces machinations étaient des tutsi rwandais des noms
de Nasser, Prime et Aimable qui utilisaient NZAMBIMANA Léonard, BARUTWANAYO
Gilbert , NIYONKURU Godefroid et NIMBONA
Alphonse, étudiants
burundais, chargés dactualiser les listes de hutu à soumettre au Recteur
KARORERO Barnabé.
Le Ministre de l Education Nationale se tait, le Président fait le triste
timonier, tandis que le terrorisme et l'horreur des tutsi continuent à se
répandre dans ls établissements et être le lot quotidien des étudiants hutu.
AGNEWS
2005