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INTRODUCTION
Petit pays sis au coeur de lAfrique : le BURUNDI,
Il faut nous mettre à l'évidence que ce pays est entré dans sa plus grande
crise qu'il n'a jamais connu depuis son existence.
En printemps 1972 , « on a tué. On a tué tous ceux qui auraient voulu lever
la tête,on a tué dans les universités, dans les écoles jusqu'au niveau de
l'enseignement primaire.vOn a tué dans l'administration, du Ministre au petit
employé. On ne saura jamais combien.vAu moins150.000 personnes, Hutu pour la
plupart . »(2)
On a tué pour quelles raisons ?
Seule I'histoire nous le dira.
Sous le coup de pareil génocide , nul ne peut rester indifférent.Mais
comment voir clair et agir efficacement pour venir en aide aux victimes de
ce drame?
En août 1975, j'ai été appelé par l'intermédiaire du "Comité Solidarité
Burundi" à me rendre aux camps des réfugiés Barundi en Afrique. Lors de ma
visite, j'ai constaté un certain nombre de besoins particulièrement urgents
auxquels les réfugiés ne sauraient faire face à eux seuls.
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Ces quelques lignes qui constituent ce
dossier ne prétendent pas vous communiquer une synthèse de la situation
complète des réfugiés Barundi en Afrique. Seulement ce dossier essaie de
vous donner un éventail de ce qui se passe, de ce qui existe aux camps des
réfugiés Barundi.Il veut insister sur l'analyse de cette situation pour
conduire une prise de conscience de l'opinion publique internationale.
Les réfugiés Hutu du Burundi sont conscients de ce que peut faire pour eux
et pour leurs frères traqués au pays une solidarité internationale. Non
seulement, ils seraient soulagés moralement, mais sont sûrs aussi que la
tuerie, encore discrète, pourrait cesser définitivement dans leur pays.
Le Comité Solidarité Burundi espère que ces quelques lignes aideront le
lecteur à comprendre la situation des réfugiés Barundi et le pousseront à
convaincre ses amis à venir en aide à ces réfugiés.
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GENOCIDE DES HUTU
La plus grande partie des intellectuels HUTU a été décimée sauvagement en
mai 1972 au Burundi.Ce génocide s'est fait sous la responsabilité de
certains cadres judiciaires,militaires et politiques du pays.
Bien sûr on peut reprocher aux Hutu de leur révolte dans la nuit du 29 avril
1972. Mais, des témoignages troublants montrent qu'en réalité certaines
personnalités, ministres (1): SHIBURA, SIMBANANIYE , YANDA,ont non seulement
provoqué mais permis la révolte pour pouvoir liquider purement et simplement
l'élité Hutu.
Ces événements traduisent tout un contexte de haines et de peurs.
Il existe des extrémistes Barundi qui rêvent de ségrégation, confondant la
survie de leurs frères avec leurs intérêts particuliers.
Il existe aussi de très nombreux Barundi qui ont une vue non raciste de la
question burundaise et qui aspirent à un peuple réconcilié et à une
politique d'équité sociale.
Le seul extremisme à combattre serait celui d'une minorité de minorité.Bien
sûr,c'est aux Barundi qu'il appartient de 1 'éliminer.
La situation économique est particulièrement révélatrice des raisons d'une
tension, et de malaise sociale
Trois millions et demi d'habitants doivent vivre au Burundi sur une
superficie de 27.835 Km carrés.
Cela représente une des densités démographiques les plus élevées d'Afrique-soit 130 habitants par Km carré.
La terre cultivable,seule resource actuelle de ce pays est loin d'être
suffisante.
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Les autorités de Bujumbura continuent
à nier qu'il ait eu un génocide des HUTU au Burundi.Mais comment peut on
nier la mort de 150.000 personnes et l'exode de plus de 90.000 réfugiés
Barundi ?
Le génocide du printemps 72 obligea les HUTU à fuir rapidement.
Les pays limitrophes, Zaïre,Rwanda et Tanzanie se proposaient de les
accueillir généreusement.
Il était cependant naturel que, placés devant un tel afflux d'êtres humains,
les trois gouvernements devaient s'adresser aux organismes de secours pour
leur demander de l'aide.
Le Haut Commissariat pour les Réfugiés, la Croix Rouge Internationale et la
Caritas Catolica avaient alors des bureaux dans les trois pays d'accueil et
fut organisé immédiatement un programme d'assistance internationale.
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Ce père a perdu trois de ses enfants
dans le génocide, génocide qui n'a épargné personne : hommes , femmes ,
vieillards et enfants.
Le quatrième est dans ses bras.
Il a été mutilé!
Les réfugiés en fuite, en 1973, comme 1972, nombreux utilisaient les bateaux
de pêcheurs pour atteindre Kigoma un Tanzanie.
Dautres empruntaient la voie terrestre.Dans ce cas, ils devaient se faire
accompagner d'un passeur familier du chemin.
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Le
génocide n'a pas même épargné des gosses !
« Théâtre d'un génocide pur et simple , le Burundi n'en a pas pour autant
perdu son crédit à l'ONU et dans le concert des Nations. »(2)
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Les difficultés que rencontraient les
réfugiés en cours de leur fuite étaient énormes. Ils devaient éviter des
barrières de tout genre,montées par la milice du Parti unique UPRONA (3) en
collaboration avec l'armée.
Beaucoup sont morts en cours de route sans avoir atteint la frontière du
pays d'accueil.
D'autres arrivèrent à la frontière d'un pays d'accueil dans un état
déplorable. Épuisés par la fatigue et la faim.
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ZONE
D'INSTALLATION
Les centres de transit s'avérant trop exigus pour accueillir les centaines
des réfugiés en instance de départ pour leur installation définitive en
milieu rural et les dortoirs ne suffisant plus c'est sous le feuillage des
arbres que certaines familles campent.
Chaque semaine, par groupe de 500 personnes, les réfugiés sont transportés
en camions jusqu'au lieu de leur nouvelle résidence.
Arrivés dans la zone d'installation, les réfugiés sont enregistrés. Ce
recensement permet la distribution des lopins de terre et l'établissement
des fiches médicales qui facilitent la surveillance de la santé de chaque
réfugié.
Les enfants en bas âge ont le plus souffert de l'exode. La malnutrition est
généralisée. Afin de combattre cette malnutrition, des rations riches en
protéines devraient être distribuées régulièrement aux enfants; même au delà
de la phase d'urgence que les organismes d'aide internationale jugent comme
dépassée.
Mieux serait-il encore dinitier les réfugiés aux techniques d'élevage
basse-cour et aux méthodes agricoles modernes. Cette initiation permettrait
aux réfugiés Barundi de s'autoalimenter eux mêmes en aliment riche en
protéines.
L'approvisionnement des réfugiés en vivre et en matériel n'a pas été chose
facile.Il fallait d'abord trouver de l' argent pour pouvoir louer des
camions chez des particuliers.
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INFRASTRUCTURE
Peu à peu, 1 ' infrastructure se forme Tout le monde participe à la
réalisation de cette infrastructure.
La première tâche collective est celle consacrée à: l'amélioration des
routes d'accès aux camps , la construction de dispensaires,de classes et de
maison pour logement.
Mais en attendant un dispensaire provisoire fonctionne.Nombreux sont les
réfugiés malades à y être traîtés.Des bébés souffrent du kwashiorkor , de
dysenterie et de vers intestinaux par suite de lalimentation mal équilibrée
et de l'eau non potable q'ils consomment quotidiennement.
L'instruction des enfants est une
préoccupation constante dans une communauté de réfugiés.
Du fait que le swahili , langue nationale de Tanzanie,est aussi parlée au
Burundi, les instituteurs et institutrices donnent des leçons en Swahili
pour ceux qui se trouvent en Tanzanie et en Kinyarwanda pour ceux du
Rwanda.
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En attendant la construction des classes en matériau durable,des
classes ont été organisée sous abri temporaire par des instituteurs barundi
qui ont accompagné les réfugiés leur exode.
Les élèves ont un véritable désir d'être instruit.
Mais le materiel scolaire leur fait défaut : ardoises, crayons , cahiers ,
tableau ...
Certains enfants abandonnent l'école,malgré leur bonne volonté , leurcourage
et leur capacité.
La pauvreté de leurs parents ne leur permet pas de payer le minerval ni de
les habiller !
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ENHOUSIASME RELATIF
Plusieurs réfugiés ont fait appel aux autorités et aux organismes de secours
pour les aider à trouver un emploi mais ils sont par centaines
dintellectuels complètements
désoeuvrés, privés de tout travail , de lecture , ou de toute tâche
correspondant à leur qualification.
On ne saurait jeter le blâme aux pays hôtes qui ne garantissent pas de
possibilité d'éducation, de travail et ne leur assurant pas de toit quand
eux-mêmes ne sont pas en mesure d'offrir ces avantages à leurs citoyens.
Il faut reconnaître les efforts déployés par les pays hôtes qui , non
seulement ont offert un asile aux réfugiés Hutu du Burundi mais ont
distribué aussi des terres fertiles où des centaines de milliers Barundi
peuvent y développer leurs cultures vivrières et y refaire leur vie.
Même si la vie reprend son cour dans les camps des réfugiés Barundi, en se
rendant à Ulyankulu , à Katumba ou Nyagatare, par exemple,on constate que le
problème n'est pas résolu.
Malgré l'enthousiasme relatif qui y règne, chaque réfugié pense et se
demande à quand le retour dans sa patrie.
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"Nos préoccupations.. .. !
L'avenir de nos enfants"
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MORALE INTERNATIONALE
Un génocide dépasse de loin le cadre étroit d'un pays ; il ne s'agit plus
d'une affaire intérieure quand on parle de l'aide qu'il faudrait apporter
aux réfugiés Hutu du Burundi.
Il s'agit d'une affaire qui intéresse l'Humanité.
L'affaire du Burundi n'a pas été fort évoquée à l'ONU ni à
l'OUA,Organisation Africaine qui insiste toujours pour que des problèmes
africains puissent être réglés par les Africains eux-mêmes;elle aussi reste
silencieuse.
Il faut permettre aux HUTU du Burundi de reconstituer leur élite
intellectuelle et éviter la marginalisation de la population des camps.
Pour ce faire une solidarité internationale devrait jouer pour permettre aux
enfants des réfugiés et orphelins d'avoir une instruction.
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"Nous avons aussi droit à la vie"
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"Quand retrouverons-nous nos terres?
Notre patrie?"
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SOLIDARITE BURUNDI
Afin de réaliser cette solidarité,il s'est créé à Bruxelles en 1974 un «
COMITE SOLIDARITE BURUNDI » composé de personnalités venues de tous les
horizons politiques et philosophiques les plus divers.
Le Comité Solidarité Burundi a pour objet,indépendamment de toute option
politique ou idéologique de ses membres d'aider et de soutenir les
populations burundaises victimes de discriminations ou de persécutions
raciales politiques ou sociales.
Opérationnellement,son action se déroule sur deux plans.
- en Afrique,nous collaborons à des projets concrets de formation et
déducation des réfugiés Barundi selon leur propre demande.
- en Europe,nous veillons à l'information du public belge et européen.
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Le secrétariat de
l'association est actuellemnt confié à un Burundais.
Les activités de celui-ci sont notamment:
Information générale-conférences, projections de films, de diapositives,
exposition, publication de périodiques;
Contact avec les membres de lassociation,,recrutement de nouveaux
membres;
Contact avec les réfugiés, réalisation de projets concrets d'aide aux
réfugiés;
Recherche de fonds et de matériel pouvant apporter une amélioration de la
situation des réfugiés Barundi;
Application et contrôle de ces projets.
Les camarades désireux de se joindre à nous peuvent nous contacter à
l'adresse suivante:
COMITE SOLIDARITÉ BURUNDI
Té1:02/734.13.52
Rue des Platanes,23
ccp:OOO-O175 101-16
1040 Bruxelles
BELGIQUE
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MISE EN GARDE
Aussi tenons nous à mettre en garde le public belge et européen sur
l'existence en Belgique de l'association des «Amitiés Belgo-Burundaises»
créée à l'initiative du procureur général de la République du Burundi et
avec la collaboration des Belges installés au Burundi.
Il est évident que cette association est une sinistre farce destinée à
promouvoir uniquement des intérêts financiers et commerciaux belges et
européens ayant soutenu par-là le régime raciste et dictatorial du Burundi
actuel.
RUSHISHIKARA GERARD
Mars 1976
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Notes:
(1) Ministres SHIBURA, Intérieur et Justice ;
SIMBANANIYE, Affaires Étrangères et Coopération;
YANDA,Information et Secrétaire Général du
Parti unique UPRONA
(2) Naufrage au Burundi:Ligue Belge pour la Défense des
Droits de l'Homme -septembre 1972
(3) UPRONA, Parti unique:Unité pour le Progrès National.
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S 0 M M A I R E
Introduction
p.4
Génocide des Hutu p.6
Installation des Réfugiés p.11
Morale internationale
p.16
Solidarité Burundi p.19
Mise en garde p.21
No 1 D 3 76
AGNEWS
2006