L'humanitaire impuissant 
redoute le génocide

Commissaire européenne à l'aide humanitaire,
Emma Bonino n'a Pas caché son appréhension
  d'un nouveau génocide.(Photo Reuter).

Le Courrier de l'Escaut
 
 26-27/10/1996

Plus de 1,2 million de réfugiés se trouvent dans une situation extrêment précaire dans la zone e entre les villes de d'Uvira (est du Zaïre) et l'action humanitaire est actuellement pratiquement paralysée, a affirmé vendredi à Bruxelles le commissaire européen aux affaires humanitaires, Mme Emma Bonino.

L'Union européenne dispose dans cette région de stocks alimentaires de plusieurs milliers de tonnes, dont la distribution est cependant actuellement impossible, a ajouté Mme Bonino.

Dans certains camps, la situation est déjà proche de la catastrophe: on ne peut plus y distribuer que 1,3 litre d'eau par jour et par personne, alors qu'on estime le minimum vital à environ 10 litres par jour, et que les conventions internationales prévoient qu'il en faut 20.

Les douze camps de la zone d'Uvira ont été totalement évacués et leur population fuit les combats en se dirigeant vers Bukavu, ainsi qu'une partie de la population zaïrois.

Des parachutage pourraient avoir lieu avec des avions C- 130. La Commission européenne aurait notamment pris contact avec le gouvernement belge pour obtenir les autorisations nécessaires à l'utilisation d'un C-130 de la Force aérienne belge se trouvant actuellement à Nairobi. Le gouvernement belge exclut ce genre d'intervention sans autorisation zaïroise.

Non loin de Bukavu, l'UE dispose d'un stock de nourriture Permettant d'alimenter 300.000 personnes jusqu'à la fin de ce mois. Dans la zone de Goma, les réserves couvrent les besoins Pour environ trois semaines. Des stocks importants se trouvent aussi à Entebbe, en Ouganda, et ils sont disponibles.

Il faut cependant encore que les stocks quittent les entrepôts et arrivent jusque dans les camps de réfugiés, et cela pose des problèmes actuellement insolubles.

"Virtuellement toutes les routes d'accès à Bukavu et à Goma sont coupées, soit par l'armée zaïroise soit par les Banyumulengue ", selon le commissaire européen.

Mme Bonino constate que les discussions se Poursuivent depuis deux ans à propos de la crise dans la région des Grands Lacs, sans aucun résultat.

Dans l'immédiat, « la communauté internationale a le devoir de faire comprendre à quiconque a lancé cette offensive militaire que le sort d'un million de réfugiés est enjeu. La communauté internationale doit dire clairement qu' un nouveau génocide, dont on peut craindre qu'il se prépare, ne serait pas toléré », selon Mme Bonino.

@AGNews 2002