La meurtre de Ntare V par le Dictateur Micombero  conduit les Bahima à commettre  le Génocide contre les Bahutu  en 1972.

 

Les préparatifs des travaux d’exhumation et d’inhumation dans la dignité de sa majesté le roi Ntare V (Feu Charles Ndizeye) ont  commencé hier à Gitega, conduite  conjointement entre le gouvernement Nkurunziza (nom du président du Burundi)  et le Professeur belge Cassiman Jean Jacques.
Historiquement c'est la décision des membres Bahima du gouvernement Micombero en avril 1972 d'assassiner Ntare V qui occassionne le début du Génocide des Bahutu Barundi(comprenant les Batutsi et les Baganwa) accusés d' -agents impérialistes- ou de monarchistes … "Avril 1972", ce Génocide c'est 500 000 morts Bahutu dont plus de 900 000 réfugiés bahutu sur une population de 3 000 000 d'habitants à l'époque. L'ampleur est inouïe ! Voilà ce que represente ce geste d'inhumation de Feu Charles Ndizeye. Il s'agit du début symbolique d'un deuil général de tous les Bahutu Barundi victimes de la barbarie humaine commise par les Bahima burundais emmenés par le Dictateur sanguinaire Michel Micombero. Le – Génocide du Burundi – a 40 ans cette année.
 
La recherche des restes du corps du dernier roi du Burundi Ntare V (5) a débuté hier  dans la localité de Tankoma, à quelques kilomètres du chef lieu de la province Gitega. Les travaux sont en train d’être exécutés par des experts Belges de l’Université de Louvain. Deux sites ont été identifiés, l’un au sein du 3ème bataillon commando et l’autre à Tankoma sur la route Gitega-Rutana. Les experts Belges préférent commencer la recherche à Tankoma mais les travaux n’ont rien produit au cours de la première journée. La chef d’équipe de la Police Fédérale Belge indiquent que, selon les témoignages, le roi avait été enterré à environ un mètre. Il y aura une évaluation avec les autorités Burundaises pour décider de la suite des activités. La délégation des experts Belges comprend outre des professeurs d’Universités, mais aussi les membres de la police fédérale Belge qui est épaulée par des policiers Burundais sur le terrain.
Un citoyen burundais,assez agé,  retranché dans sa colline à Muramvya, explique à notre correspondant d'Agnews : "Il faut directement aller voir Simbananiye Arthémon  lui il sait exactement où se trouve ce corps…". Faisant allusion au corps de Feu "Charles Ndizeye" comme le vieux l'appelle.
L'équipe des experts belges dans la détection des restes humains est conduite par le Professeur Jean Jacques CASSIMAN (un expert belge dans la recherche des ADN).
 
Selon le ministre de la jeunesse, des sports et de la culture, M. Jean Jacques NYENIMIGABO, son ministère a été désigné pour suivre de près la recherche des restes du dernier roi du Burundi pour être enterré en toute dignité, et cela dans le cadre de la politique nationale de vérité et réconciliation. Il n’y a donc pas à s’inquiéter pour ceux qui pensent que les 40 ans passés sous terre par le roi sont nombreux, étant donné qu’on peut trouver l’ADN même après 100 ans, a-t-il précisé.
Le Burundi s'apprète, ainsi que les membres de la famille du roi Ntare V, à enterrer dignement le corps en date du 29 avril, en souvenir du -début de la catastrophe-. C'est à dire de ce Génocide incroyable qui a emporté près de 1/5 de la population burundaise en quelques mois en 1972.
Une équipe de la télévision belge et deux journaux belge sont à Gitega pour suivre tous le processus et le documentaire sera diffusé en Belgique comme au Burundi. Ce travail de recherche a été financé en partie par l’ambassade du Royaume de Belgique au Burundi dont l'Ambassadeur, très apprécié, S.E. Joseph SMETZ. Soulignons que la Belgique avait été le premier état à parler et à dénoncer le Génocide en 1972 par son premier ministre Eyskens.
L’Ombudsman burundais Sheikh Mohamed RUKARA, heureux, a reçu en audience la délégation de ces experts belges venus chercher les restes du Roi NTARE V ( Feu Charles NDIZEYE)  afin de l’inhumer avec honneur. Ce projet d’inhumer dignement le Roi Ntare V tué le 29 avril 1972 a été initié par le CNDD-FDD, parti du Président  S.E. Nkurunziza Pierre, porté par Sheikh RUKARA et la famille royale burundaise.
 
Pour terminer, AGnews vous remémore les intrigues qui ont mené à la décision du gouvernement du Dictateur Micombero à assassiner le jeune roi : 
  • Le 8 juillet 1966, le prince Charles Ndizeye, poussé par le capitaine Michel  Micombero (Hima) et Artémon Simbananiye (clan Abasapfu = clan à l'origine Hima devenu Tutsi au cours de l'Histoire Rundi) déposa  son père et prit le pouvoir. Il passa à la radio le bilan de quatre années d'indépendance et désigna Michel Micombero comme son premier ministre…
  • Le 17 septembre 1966, le remaniement ministériel provoqua un désaccord entre le roi et le premier ministre. Les membres de l'équipe gouvernementale furent imposés au souverain par la J.N.R. et l'armée; pour diminuer les pouvoirs du gouvernement, Ntare V avait voulu créer des secrétariats d'Etat dépendant du roi directement mais Michel Micombero s'y opposa. Le souverain  utilisa la radio pour révoquer le ministre des Affaires Etrangères, Dr Pie Masumbuko.
  • Le 7 novembre 1966, le roi entra dans le studio du journal parlé et voulut faire une déclaration dont le but était de démettre le gouvernement de Michel Micombero mais les parachutistes surgirent et lui en empêchèrent. Deux semaines plus tard, Ntare V partit en visite officielle au Zaire, sans aucune illusion de retour. Quatre jours après son départ, le premier ministre, Capitaine Michel Micombero, accompagné de quelques officiers, se présenta à la Radio. L'enregistrement défectueux retarda la diffusion de son message à la nation qui ne passa sur les antennes que le lendemain.
  • Le 28 novembre 1966, le règne du mwami Ntare V se termina. Le capitaine Michel Micombero proclama la république du Burundi et devint président. Ntare V alla en exil (il se réfugia en Allemagne), on le voyait à Munich, en Belgique et au Maroc, il se rendait souvent en Suisse en visite au mwami Mwambutsa IV, dans la pure tradition rundi.
  • Le 8 décembre 1966, le Mwami Mwambutsa IV déclare à Genève:"la révolution de Micombero est antipopulaire et antihutu"" La destitution de Ntare V ne m'étonne guère", a dit Mwambutsa dans cette déclaration distribuée par son cabinet.  "Cette destitution est l'aboutissement logique du programme d'instauration d'un régime républicain …"
  • Au mois de mars 1972, Artémon Simbananiye, ministre des Affaires Etrangères  était à Bruxelles. Par hasard, il logea pendant quinze jours dans le même hôtel que Ntare V. Ils se rencontrèrent à plusieurs reprises. On en conclua qu'il y avait une négociation secrète du retour de Ntare V au Burundi. 
  • Le 21 mars 1972, Ntare V quitta l'Allemagne et partit pour l'Uganda où il fut l'hôte du président Idi Amin.  
  • Le 30 mars 1972, Ntare V gagna Bujumbura, accompagné du fils de Léopold Biha ainsi que des officiers ugandais. Dès que l'avion du général Idi Amin repartit, Ntare V fut placé dans un hélicoptère et conduit à Gitega. A l'arrivée au camp militaire, Ntare V avait des menottes aux poignets. Lorsque le gouvernement Ougandais apprit que Ntare V avait été arrêté dès son arrivée au pays, le ministre des Affaires Etrangères Ougandais fit une déclaration et affirma que le président Michel Micombero avait assuré au gouvernement ugandais que si Ntare V rentrait en simple citoyen, toute sa sécurité sera assurée. On sait aujourd'hui de source sûre et par des témoignages recoupés, que l'ex-roi Ntare V n'a jamais eu l'intention de se rendre au Burundi, même a titre de simple citoyen, après avoir reçu des assurances écrites du président 'Micombero. Fin mars, Ntare V se trouvait en "voyage d'affaires" dans la capitale ugandaise, Kampala. Là, le Général Amin lui tendit un piège en lui demandant de bien vouloir se rendre au siège de la présidence. Les opérations se déroulèrent alors rapidement. Un DC3, avion personnel du Président ugandais, l'emmena pour le livrer 'à Bujumbura. Il resta sursitaire de la mort quelques semaines en résidence surveillée.
  • Le 26 avril, une assemblé du parti Uprona prend des mesures de répression contre ceux qui n'ont pas encore adhéré à la J.R.R. (Jeunesses révolutionnaires Rwagasore) [milice style jeunesse hitlérienne] et demande au Président de la République de décréter une loi instituant la suprématie du parti (Voir "Burundi la part des responsabilités", Cahiers du Libre Examen).
  • Le 28 avril 1972, il y eut conseil des ministres, le président Michel Micombero avait mis à l'ordre du jour, quel est le sort à réserver à Ntare V. Les ministres ne sont pas parvenu à se mettre d'accord. Il semble que l'unanimité ne s'est pas faite quant au sort à réserver à Ntare V.  Michel Micombero et son groupe  le plus proche issu de son clan -les Bahima-  sont pris de panique… La confiance parmi les membres du gouvernement n'est plus. Il s'en suivit que le gouvernement fut révoqué. La nouvelle devint officielle le jour suivant, à 12 heures.
  • Le 29 avril 1972, le Gouvernement est donc révoqué. Les règlements de compte à l'intérieur du gouvernement commencent … Les Bahutu du gouvernement dont les Baganwa et les Batutsi(= non Bahima) sont pourchassés et exécutés. Au Sud du Burundi, deux ministres bahima  organisèrent un meeting à Nyanza-Lac, non loin du bord du lac Tanganyika. Au cours de ce meeting, des tracts sont distribués par des jeunes de la JRR; ils ont pour objet d'appeler la population à l'extermination des royalistes ( c'est à dire les familles des dignitaires bahutu dont les Baganwa et les Batutsi). Dès la fin de ce meeting, il y eut -une chasse à l'Homme- dans cette région  assaisonnée par des messages de peur disant que des gens (traîtres) veulent faire un Coup d'Etat …   Dès lors, le génocide des Bahutu Barundi commence …
  • Le 30 avril 1972, on fit des communiqués interminables à la radio :"le Burundi est envahi par des rebelles, ils ont fait des combats acharnés à Rumonge et Nyanza-Lac. A Gitega, au centre, des monarchistes ont tenté de délivrer Ntare V mais celui-ci a été tué pendant les combats ". Selon la Radio Nationale, le régime du Dictateur Micombero venait de déjouer un coup d'Etat des agents impérialistes dont des partisans de Ntare V qui avaient lancé des attaques pour le délivrer et que les monarchistes ( c'est à dire les Bahutu ) voulaient renverser le régime. L'ex-roi serait alors mort dans les combats !
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Documents intéressants :
 
NAUFRAGE AU BURUNDI, Ligue Belge pour la Défense des Droite de l'Homme.Section de Louvain , Septembre 1972,  Ed. resp. G. Beauthier B. Dejemeppe , 
 
HISTOIRE DU MWAMI NTARE V CHARLES NDIZEYE ET LES MASSACRES DE 1972, https://www.burundi-agnews.org/agnews_geno6_1972.htm
 
Mwami, Mwambutsa IV déclare à Genève:"la révolution de Micombero est antipopulaire et antihutu"; "La Cité" 08- 12-1966.; https://www.burundi-agnews.org/agnews_geno7_1965.htm
 
Le Génocide des Bahutu du Burundi, https://burundi-agnews.org/genocide.htm
 
DAM, NY, AGnews, le 4 avril 2012.
 
News Reporter

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