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Le tribalisme érigé en politique

Le Monde / 27.5.1972


Un enseignant français,réçemment rentré de Bujumbura, nous écrit notamment :

 S'il s'agit de distinguer des choix Politiques dans les relations avec l'étranger, dans la politique à l'éducation... dans l'attitude à l'égard de l'affairisme de l'Association des commerçants barundis ou à l'égard des capitaux étrangers, etc, il me semble qu'il y a là des options idéologiques et dans ce contexte le "tribalisme"  est un outil au service d'un groupe dominant des élites urbaines ( certains parleront de "bourgeoisie nationale). Le tribalisme, ce n'est pas une fatalité raciale comme on le croit facilement: c'est une politique.


Un lecteur qui se trouve actuellement à Bujumbura nous adresse les précisions suivantes :

Pour comprendre ces événements, il ne suffit pas de signaler que l'ethnie tutsi au pouvoir est déchirée : des clivages sont apparus. Les Abanyabururi, groupés autour du colonel Micombero, sont seuls au Pouvoir. 
De cette lutte au sein de l'ethnie dominante, un Procès et le renvoi du gouvernement sont les étapes les plus récentes. Le président MICOMBERO est seul. Mais la dernière Insurrection est le fait des Hutus. Tout le prouve, y compris les contradictions qui caractérisent les événements récents: la majorité hutu est inorganique, politiquement, et militairement. 
Il n'est pas impossible qu'elle ait mis ses espoirs dans Ntaré V, Tutsi, du Point de vue ethnique ; il faut savoir que le roi, au Burundi a toujours joui d'une popularité indépendante de ces clivages. Il n'est donc pas impensable que les Hutus aient cherché à libérer l'ancien mwami. Il est également remarquable que l'InsurrectJon ait été principalement dirigée contre le fief du président, Bururi : la province est  en effet un symbole; c'est là, et là seulement que le Pouvoir s'est efforcé de réaliser quelque chose.

 

 

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