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Sous la pression de leur gouvernement

 

Les étudiants hutus du Burundi sont
obligés de quitter l'École royale militaire

4 OCTOBRE  1972

LA CITE


La persécution des Hutus, leur écartement de la vie sociale et de la vie tout court, se poursuivent au Burundi en défit des déclarations périodiques de la " Voix de la révolution "; qui annonce le retour au calme, la réconciliation, le pardon.

Au moment où la radio de Bujumbura déclarait que le Procureur général de la République, M. Philippe Minani, avait pris des mesures visant à restaurer l'unité nationale telles que des restitutions de biens aux familles des personnes condamnées, on apprenait que les élèves-officiers hutus de l'Ecole militaire belge devaient quitter cette école de par la volonté expresse du gouvernement du Burundi qui voulait aussi leur extradition. (Voir " La Cité" du 2 octobre).

Un grand émoi s'était même manifesté parmi les professeurs et étudiants belges qui craignaient que leurs camarades hutus ne soient ramenés en avion de force et, ainsi, envoyés à la mort.

Renseignements  pris à bonne source, il n'est pas question du tout d'extrader ces jeunes gens qui ont la possibilité, comme un certain nombre de Hutus l'ont déjà fait, de demander, avec certitude de l'obtenir, le statut de réfugié politique. Cependant, il est, hélas ! vrai qu'ils devront quitter l'Ecole militaire. Celle-ci, nous a-t-on dit, ne peut continuer à former ces jeunes gens contre la volonté du gouvernement du Burundi.

C'est fin juin déjà que l'état major général du Burundi avait demandé le retour au pays de tous ses ressortissants faisant des études militaires à l'étranger. 

En ce qui concerne la Belgique, cette demande n'eut pas de suite bien qu'elle ait été réitérée fin juillet.

Actuellement, le Burundi ne rappelle plus tous ses élèves. Il se contente de viser les Hutus.

En demandant l'extradition de ses élèves, militaires hutus nommément, il reconnait par le fait même le problème ethnique qu'il nie constamment dans ses déclarations vis-à-vis de l'opinion étrangère.

Si la Belgique refuse d'extrader les Hutus, il faut se demander si ceux-ci garderont, en tant que réfugiés politiques, une bourse leur permettant de poursuivre leurs études.

Ainsi que nous l'écrivions lundi, nous estimons que si la Belgique croit devoir obliger les élèves-officiers hutus à choisir une autre orientation, elle doit le faire aussi pour les Tutsis, quoi qu'en estime le gouvernement du Burundi. Nous ne pouvons apporter d'aide d'aucune sorte à une armée qui perpétra le génocide en commençant par exterminer tous les soldats appartenant à une ethnie.

(Ce qui nous amène à répéter, une fois de plus, que les militaires belges qui sont encore au Burundi devraient être rappelés).

 

 

AGNews 2002